Le régime du Président Déby a survécu à la récente attaque des rebelles – parmi lesquelles figurent de nombreux déserteurs de l’armée tchadienne - sur la ville de N’djamena.
« Nous ne nous faisons pas d’illusion quant à la volonté de Déby de dialoguer ou pas. Mais ce qui est sûr, le dialogue s’impose et il finira par l’accepter. Pour l’heure, notre objectif c’est d’empêcher par notre lobby la tenue de l’élection du 3 mai », a déclaré Dobian Assignar, le vice-président du bureau tchadien de la Fédération internationale des droits de l’homme, proche de l’opposition.
Arrivé au pouvoir en 1990 à la faveur d’un coup d’Etat, M. Déby a ouvert la voie au multipartisme et remporté deux élections présidentielles successives. En 2005, M. Déby il a fait amender la constitution tchadienne pour briguer un troisième mandat et depuis, il a réduit au silence les partis d’opposition et la presse indépendante, ont indiqué les associations de défense des droits de l’homme.
L’opposition tchadienne, dont certains membres soutiennent publiquement les groupes rebelles, a décidé de tout mettre en œuvre pour que M. Déby ne puisse pas briguer un troisième mandat et de boycotter le scrutin du 3 mai.
En visite au Tchad pour régler le contentieux opposant le Tchad à la Banque Mondiale, le sous-secrétaire d’Etat américain Donald Yamamoto a, comme l’opposition, souhaité un report des élections.
« Il n’est pas trop tard pour suspendre l’organisation de ces élections. Nous travaillons avec les acteurs pour qu’ils entament un dialogue constructif », a déclaré mardi M. Yamamoto, au sortir d’un entretien privé avec le Président Déby.
Selon des sources diplomatiques, une délégation de l’Union européenne devrait également rencontrer cette semaine le Président pour lui demander de reporter le scrutin.
Déterminé à aller aux élections présidentielles à la date prévue, M. Déby était mercredi en campagne électorale dans les villes de Mongo, au centre, et Am Timan, dans l’est du pays.
C’est la première tournée du Président en dehors de la capitale depuis l’offensive de rebelles qui, il y a deux semaines, se sont brièvement emparés de plusieurs localités dont celles de Mongo et Am Timan, avant de lancer une attaque sur N’djamena où les combats ont fait des centaines de victimes.
M. Deby, qui s’en est alors pris au Soudan en l’accusant de soutenir une rébellion décidée à en finir avec son régime, a refusé de reconnaître l’existence de mouvements rebelles sur le territoire tchadien. En représailles, il a rompu ses relations diplomatiques avec Khartoum et fait fermer la frontière à d’Adré, une localité de l’est du Tchad.
A N’djaména, où les récents combats entre l’armée et les groupes rebelles sont encore présents dans les esprits, de nombreuses affiches « Non à l’élection du 3 mai » sont placardées sur les murs et dans les rue.
« Le jeu auquel joue Idriss Déby en voulant coûte que coûte organiser sa présidentielle le 3 mai prochain est dangereux. On ne peut pas prétendre aimer son pays et organiser une élection pendant que beaucoup de gens sont mécontents. En tout cas moi, je n'irai pas voter le 3 mai", a déclaré Djimingar Rebaye, un enseignant de 30 ans.
Et ce sentiment est également partagé par l’homme de la rue.
« C’est Déby contre Déby, pourquoi se fatiguer », a confié à IRIN un passant, pour marquer son opposition à la tenue des élections le 3 mai.
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