La plupart des déplacés qui ont vécu à Salala, le plus grand camp de déplacés du centre du Liberia ayant accueilli jusqu’à 30 000 personnes, ont quitté et démoli leur habitation temporaire avant de partir. Janneh Zizi, 40 ans et mère de trois enfants, est pressée de rassembler ses quelques effets personnels et de quitter définitivement le camp pour le comté de Lofa, d’où elle est originaire.
« Il y a un temps pour tout, et maintenant, il est temps pour nous de rentrer chez nous. Je suis heureuse que la paix soit revenue au Liberia et nous veillerons à reconstruire au mieux nos villes et maisons endommagées », a-t-elle déclaré à IRIN.
« Il est préférable de dormir à même le sol dans ma ville plutôt que de dormir dans une case en torchis d’un camp de déplacés. Je suis heureuse de rentrer chez moi et je recommencerai une nouvelle vie à partir de ce que je trouverai sur place ».
Le gouvernement et les agences humanitaires ont lancé le programme de rapatriement en novembre 2004 et depuis, la quasi-totalité des déplacés internes vivant dans les 35 camps disséminés à travers le pays a bénéficié d’une assistance pour leur transport vers leurs villages d’origine. En outre, des ustensiles de cuisine et d’autres produits de première nécessité leur ont été distribués pour leur permettre de repartir du bon pied.
La plupart des 314 095 déplacés internes recensés étaient originaires de comtés où ont eu lieu les combats les plus meurtriers. Ce sont notamment les comtés de Lofa, Gbarbolu et Bomi détruits par les rebelles venus de la Guinée au Nord, dans leur marche sur Monrovia, au sud du Liberia. Beaucoup de réfugiés étaient également originaires du comté de Bong, au centre du pays, le bastion de l’ancien Président Charles Taylor, lorsqu’il était dans la rébellion.
Après quatorze années de combats intermittents, l’accord de paix de 2003 a mis fin à la guerre et 15 000 casques bleus de l’ONU ont été déployés dans le pays pour y maintenir l’ordre et la sécurité.
Dans son Plan d’action des premiers 150 jours, un programme de développement sur cinq mois pour engager les travaux de reconstruction du pays, le nouveau gouvernement élu a promis de rapatrier l’ensemble des déplacés avant la fin du mois de juin.
Mais pour certaines personnes, les arguments sécuritaires ne suffisent pas à les convaincre de quitter le camp avant fin juin, malgré les efforts déployés par les autorités pour les encourager à retourner dans leurs villages.
« La communauté internationale ne fera toujours preuve de bonne volonté … vous devez rentrer chez vous pour aider à la reconstruction du pays », à déclaré à Salala le vice-président, Joseph Boakai.
Certains déplacés internes ont déclaré à IRIN qu’ils préfèreraient vivre au milieu des ruines du camp plutôt que de rentrer chez eux et prendre part aux travaux titanesques de reconstruction de leur village détruit par la guerre.
« Personne ne peut vivre ici éternellement, mais la guerre a totalement ruiné certains d’entre nous, et nos maisons construites après tant de sacrifices sont maintenant détruites », a déclaré David Sulo, dont la case semble bien seule au milieu des ruines des bâtiments détruits par leurs occupants avant leur rapatriement. « Si nous rentrons maintenant, où allons-nous vivre » ?
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