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Mobilisation contre le blocage du processus électoral

[Benin] President Mathieu Kerekou of Benin, July 2005. Sylvia d'Almeida
President Mathieu Kerekou in July 2005
Les partis politiques et les différentes associations de la société civile lancent une grande mobilisation en vue de décider le président du Bénin, Mathieu Kérékou, à respecter son engagement de ternir les élections à bonne date.

Le président Kérékou, qui termine son deuxième mandat en avril 2006, a promis de respecter la constitution en refusant de la modifier pour briguer un troisième mandat. Mais le manque d’argent évoqué par le gouvernement pour justifier son incapacité à financer les élections a fait courir le bruit que le président envisage de reporter le scrutin en 2008.

Cette éventualité suscite bien des interrogations sur l’avenir d’un pays dont la Constitution ne prévoit le report des élections que dans le cas du décès ou du renversement du chef d’Etat.

« La non tenue de ces élections conduirait le Bénin dans le vide juridique qui pourrait créer d’énormes difficultés à notre pays », a déclaré Issa Badarou, coordonnateur de l’ONG Dialogue et Action.

Mais tous ceux qui tiennent au respect des échéances électorales n’ont pas la même approche. Certains ont opté pour une négociation directe avec le chef de l’Etat, c’est le cas de la communauté internationale, avec à sa tête la représentante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et de quelques partis de l’opposition, alors d’autres, notamment des leaders syndicaux et des responsables d’associations féminines, envisagent une confrontation à travers des manifestations populaires.

Les partis de l’opposition, les ONG, les syndicats et les chefs religieux se concertent et exigent du gouvernement qu’il débloque, avant la fin de la semaine, les fonds nécessaires à l’organisation des élections, afin d’éviter les conséquences d’une vacance du pouvoir.

A plusieurs reprises, M. Kérékou avait indiqué que les élections auraient lieu à bonne date et ces propos lui avaient valu les éloges du président français Jacques Chirac en novembre dernier, alors que ses pairs gabonais et burkinabè briguaient leur énième mandat à la présidence.

Evoquant les difficultés financières du pays, M. Kérékou a expliqué que certaines étapes du processus électoral seront supprimées pour réduire les dépenses.

« J’organise bel et bien l’élection de 2006, mais sans le recensement national approfondi et pas plus de 2,8 milliards de francs CFA (5 millions de dollars américains) pour les primes et les indemnités », a déclaré jeudi dernier le président aux chefs de partis politiques qui sont venus le rencontrer.

Ces primes et indemnités doivent être versées aux fonctionnaires des ministères et des organes de l’Etat chargés de l’organisation des élections, aux membres de la Cour suprême et de la Commission électorale nationale.

Certaines personnalités concernées par cette mesure sont prêtes à organiser les élections sans percevoir leur indemnité si, d’après elles, cela permet de maintenir la réputation du pays comme modèle de démocratie en Afrique de l’ouest.

« Nous sommes prêts à organiser les élections avec zéro franc d’indemnité et de prime », a expliqué Sylvain Nouwatin, le président de la CENA qui a également réduit de moitié son budget prévisionnel. « L’essentiel, c’est qu’on mette l’argent à notre disposition ».

Et les partisans de la tenue des élections en mars ne semblaient pas non plus gênés par l’adoption par le parlement d’une motion de suppression du RENA, une opération qui aurait permis de mettre à jour le fichier électoral et d’éviter les fraudes.

« Il n’y a jamais eu d’élection sans fraudes. Allez dans n’importe quel pays, même aux Etats-Unis, il y a des fraudes pendant les élections », a déclaré Abraham Zinzindohoue du parti de l’opposition, la Renaissance du Bénin, lors d’une émission télévisée, avant le vote de la motion.

« La fraude est consubstantielle à l’élection », a-t-il précisé, ajoutant que son parti combattrait la fraude en plaçant des observateurs sur le terrain.

Vingtième pays le plus pauvre de la planète, selon l’ONU, le Bénin a été durement touché par la chute des cours du coton et la hausse du prix du pétrole. En outre, la présence sur son territoire de quelque 20 000 réfugiés togolais ayant fui les violences politiques qui ont secoué le Togo cette année, pèse sur l’économie de l’Etat.

C’est dans ce contexte que le ministre des Finances, M. Sehlin, avait expliqué le mois dernier qu’il était impossible de réunir les 60 millions de dollars nécessaires à l’organisation des élections.

Mais au cours d’une assemblée générale organisée ce mois-ci, les fonctionnaires du ministère des Finances ont désavoué leur ministre de tutelle et affirmé que l’Etat disposait des ressources nécessaires pour organiser à bonne date les élections qui, selon lui, constituent « une dépense souveraine et prioritaire ».

Et à la consternation de la majorité des Béninois, l’Etat a annoncé la semaine dernière l’achat de 237 véhicules haut de gamme pour renouveler partiellement son parc automobile. L’acquisition de ces véhicules aura coûté 2,89 milliards de francs CFA (5,3 millions de dollars américains) à l’Etat, soit deux pour cent seulement de la somme requise pour financer l’organisation des élections, mais de nombreux Béninois avouent ne pas comprendre exactement le mobile du gouvernement et de son chef.

« Ce dernier multiplie les déclarations de bonnes volontés, pendant que ses actes jettent le doute au sein de l’opinion publique », s’est plaint Innocent Dossa, professeur de collège.
« Les ressources sont régulièrement gaspillées alors qu’on manque du nécessaire pour financer l’organisation de la présidentielle ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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