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Ellen Johnson-Sirleaf s'engage à reconstruire son pays

[Liberia] Ellen Johnson-Sirleaf is about to go down in the history books as Africa's first elected femal president. [Date picture taken: 11/12/2005] Claire Soares/IRIN
The government of President Ellen Johnson-Sirleaf is preparing a new bidding process for logging concessions now that UN sanctions on the industry have been lifted.

Alors que la Commission électorale examine le recours déposé par le camp du candidat Weah pour les prétendues fraudes constatées pendant le scrutin présidentiel, Ellen Johnson-Sirleaf attend sa nomination officielle au poste de présidente du Libéria en se gardant de tout triomphalisme.

Mais cette économiste de 67 ans, diplômée de Harvard qui deviendra la première femme africaine à accéder à la fonction de présidente de la république, ne compte pas croiser les bras et rejoindre simplement le club masculin des chefs d’Etat africains. « Je suis une femme…entendez-moi rugir », avait-elle coutume de lancer pendant toute sa campagne électorale.

« J’aurais pu faire descendre des milliers et des milliers de militants dans la rue. Ils n’attendent que ça. Mais nous sommes des politiciens responsables », a-t-elle confié à IRIN au cours d’une interview.

« Lorsque nous inviterons nos militants à fêter notre victoire, vous verrez de nombreuses manifestations de joie dans les rues", a-t-elle lancé depuis sa villa de bord de mer, située à Monrovia, la capitale libérienne, où elle séjourne depuis la semaine dernière.

« L’élection a été un événement heureux pour le Liberia et elle ne doit pas être ternie par ces prétendues accusations de fraudes électorales ».

Les résultats provisoires du deuxième tour du scrutin donnaient 59,4 pour cent des suffrages à Mme. Sirleaf, ancien ministre des Finances et politicienne chevronnée, et une avance de plus de 18 points sur George Weah, l’ancienne star du football et novice en politique.

Bien que les observateurs internationaux aient déclaré que les élections étaient libres et transparentes, M. Weah, l’ancien attaquant du Milan AC et de Chelsea, a affirmé que le scrutin avait été entaché d’irrégularités. Une plainte a été déposée auprès de la Commission électorale qui a ouvert une enquête sur les présumées fraudes électorales.

Mais Mme Sirleaf reste confiante. En attendant d’être proclamé vainqueur de ce scrutin, elle élabore déjà des projets qui feront du Liberia, pays déchiré par 14 années de guerre civile, une des nations les plus prospères d’Afrique de l’ouest.

« Nous voulons avant tout que la machine de l’Etat se remette à fonctionner. Cela implique une restructuration du service public », a-t-elle indiqué.

Sympathisants de Mme Sirleaf lors d'un meeting

Lutter contre la corruption

Selon elle, il est également important d’encourager l’investissement étranger. Pour cela, il faudra non seulement éponger l’énorme dette de 3 milliards de dollars américains, mais aussi s’attaquer à la corruption qui mine le Liberia depuis des décennies.

Mme Sirleaf appuie le GEMAP, un programme anti-corruption sur trois ans, élaboré par les bailleurs de fonds internationaux et qui prévoit installer des experts étrangers à la tête d’institutions clés et génératrices de revenus. Elle reconnaît toutefois qu’il ne peut s’agir que d’une mesure provisoire.

« Le GEMAP nous sera utile au début … mais notre gouvernement sera composé d’une équipe compétente et honnête qui, au fil du temps, sera capable de bien gérer nos ressources ».

« Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin d’aide. Nous accueillons favorablement tout partenariat, mais nous entendons garder notre pouvoir de décision ».

A propos de la corruption, Mme Sirleaf a déjà appliqué les principes qu’elle défend aujourd’hui. Elle a démissionné de son poste de ministre des Finances après s’être élevée contre les dépenses excessives de l’Etat, et a refusé un siège de sénateur, en dénonçant des fraudes électorales.

Et cette femme, appelée « Dame de fer »" pour ses positions politiques très tranchées, espère que la bonne gouvernance convaincra le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) de lever les embargos sur l’exportation du diamant et du bois.

« Nous allons travailler avec l’ONU pour voir si toutes les sanctions peuvent être levées, à l’exception de celles qui s’appliquent aux armes, car nous ne voulons pas d’armes ici », a-t-elle indiqué.

Et les problèmes de développement auxquels la nouvelle présidente devra faire face sont aussi impressionnants que l’état délabrement dans lequel se trouve l’économie du pays.

Rétablir l’eau et l’électricité

Dans la capitale Monrovia, il n’y a ni électricité ni eau potable. Des jeunes au chômage transportent chaque jour des jerrycans d’eau pour ravitailler en eau certains habitants de la ville.

Pour les moins nantis qui ne peuvent s’acheter un groupe électrogène, ils ne disposent que de lampes à pétrole et de bougies pour s’éclairer. Et même dans l’église de Mme Sirleaf, le groupe électrogène fonctionne par intermittence.

La présidente élue a promis de rétablir l’électricité dans les six mois qui suivront sa prise de fonction, en janvier. Elle compte aussi installer dans les deux ans des puits ou des bornes fontaines dans tous les villages du pays.

Elle entend ensuite garantir une éducation gratuite pour tous et restaurer le système de santé, deux autres priorités que la quasi-totalité des Libériens attendent impatiemment de voir concrétiser.

« Je sais que les attentes sont nombreuses et que le temps ne joue pas en notre faveur. Je sais aussi qu’il faudra aller vite », a déclaré M. Sirleaf.

Mais avant de franchir ces obstacles, il importe de créer les conditions d’une politique de réconciliation et d’unité nationale.

« Je veux m’assurer que plus personne ne se sente à nouveau mal, au point de recourir à la violence pour s’exprimer », a expliqué M. Sirleaf.

La future présidente a personnellement souffert de l’instabilité politique que le pays a connue au cours des vingt cinq dernières années.

Elle a été emprisonnée pour trahison après la tentative de coup d’Etat contre l’ex-président Samuel Doe et ses camarades de cellule ont tous été exécutés.

Consciente des divisions du passé, M. Sirleaf veut former un gouvernement élargi qui transcende les partis, les barrières ethniques et religieuses, avec une forte représentation de jeunes et des femmes.

Sirleaf à l'église

Une nouvelle politique

Y aura-t-il une place pour Weah dans son équipe gouvernementale ? Le poste de ministre des Sports pourrait lui convenir, affirme-t-elle, ajoutant qu’elle le consultera pour avoir son avis.

Et quand il s’agit de travailler, Mme Sirleaf sait se montrer intransigeante.

« Je ne supporte pas du tout l’incompétence. Et je sais me montrer très dure avec mes collaborateurs lorsque je pense qu’ils ne remplissent pas leurs obligations professionnelles », a-t-elle prévenu.

Mère de quatre enfants, elle devra consacrer du temps pour aller à la rencontre de ces Libériens qui accusent l’élite politique et intellectuelle d’être responsable des malheurs du passé.

Mme Sirleaf, qui maîtrise aussi bien l’anglais américain que libérien n’a aucun complexe. Elle affirme qu’elle est restée très proche du peuple et qu’elle le prouvera en se débarrassant de tout le protocole qui entoure la fonction présidentielle.

Elle a également promis qu’elle ne remplira qu’un seul mandat de six ans.

« La splendeur et le faste ne m’intéressent pas. Je veux rester ce que je suis et être proche du peuple », a-t-elle expliqué. « Je veux pouvoir marcher dans les rues et rencontrer les gens. Aller au marché, rencontrer les vendeuses et acheter des fruits et des légumes sur les trottoirs ».

Mais elle ne peut écarter le fait qu’elle est en passe d’entrer dans l’histoire en devenant la première femme africaine élue chef d’Etat. Qu’est-ce que cela lui inspire ?

« Je reste très humble face à l’ampleur de la tâche qui m’attend, mais je crois que mon élection représente une victoire pour les femmes », a-t-elle indiqué. « Une femme a finalement franchi les obstacles et accède à ce club très masculin des chefs d’Etat. Je pense que cela réconfortera les femmes libériennes et africaines ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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