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George et Ellen vont à la pêche aux voix pour le second tour

[Liberia] A campaign poster for George Weah, one of 22 presidential candidates in Liberia's 11 October elections. Claire Soares/IRIN

A moins de deux semaines du second tour des élections présidentielles, George Weah, la légende du football, et Ellen Johnson-Sirleaf, l’ancienne ministre des finances, recherchent à avoir le soutien des 20 candidats éliminés lors du premier tour de scrutin et de leur partisans.

Sous l’oeil vigilant des casques bleus de l’ONU et de la police libérienne, les membres de la commission électorale ont annoncé mercredi les résultats définitifs de l’élection du 11 octobre et confirmé qu’aucun candidat n’avait obtenu la majorité absolue.

M. Weah, le premier ballon d’or africain, a recueilli 28,3 pour cent des votes. Mme Sirleaf, économiste et diplômée de Harvard, qui pourrait bien devenir la première femme chef d’Etat en Afrique, est arrivée en seconde position avec 19,8 pour cent des voix.

La campagne électorale pour le deuxième tour du 8 novembre commence officiellement jeudi, mais déjà en coulisses, la bataille politique a démarré dès la proclamation des résultats du premier tour qui confirmaient bien que le « Roi George » et la « Dame de Fer » étaient les deux favoris de cette élection présidentielle.

M. Weah, qui incarne la réussite dans ce pays déchiré par 14 années de guerre civile, a mis en avant son enfance dans les bidonvilles et la popularité dont il jouit au sein des masses populaires, pour justifier qu’il était le seul à pouvoir mobiliser ces foules de jeunes désoeuvrés qui représentent une force essentielle pour la future stabilité du pays.

Selon ses détracteurs, ses ambitions sont louables, mais le temps n’est pas à l’amateurisme politique. Le Liberia a besoin d’un chef d’Etat expérimenté, en cette période cruciale de redressement post-conflit.

Mercredi, les deux candidats ont prononcé des arguments connus pour convaincre les indécis et les alliés potentiels.

« Les résultats montrent clairement que j’ai recueilli le plus grand nombre de voix au premier tour. Cela prouve que le peuple me soutient massivement », a déclaré M. Weah à la presse réunie dans le Pavillon Centennial où sera investi en janvier le prochain président du Liberia.

« Il est temps que le peuple libérien fasse le choix de la compétence et de l’expérience », a déclaré Mme Sirleaf. « Avec mon expérience, je suis sûre que le peuple m’élira en tant que nouveau chef de l’Etat, capable de garantir l’égalité des chances à tous et de sortir le Liberia de son état de délabrement pour lui proposer un avenir meilleur».

Pour certains diplomates, il est clair que la promesse de postes ministériels dans le nouveau gouvernement peut servir d’appâts lors des négociations ; mais tout le monde ne se précipite pas pour se soutenir le camp de George ou d’Ellen.

Arrivé en troisième position avec 13,9 pour cent des voix, Charles Brumskine, avocat et ancien président du Sénat, a déclaré qu’il ne prendrait position ni pour l’un ni pour l’autre des candidats du deuxième tour.

« Je pense qu’on ne peut pas et ne doit pas aller à l’encontre la volonté de Dieu. En conséquence, je ne peux, ni ne doit apporter mon soutien à un quelconque candidat à la présidence de la république », a déclaré M. Brumskine dans un discours.

Winston Tubman, le candidat arrivé en quatrième position, après avoir fait le plein des voix dans les comtés du Maryland et de Bong et obtenu 9,2 pour cent des suffrages nationaux, est également resté neutre et n’a fait aucune déclaration.

Les prises de position

Cependant, l’autre candidat malchanceux du premier tour, Varney Sherman n’a pas montré de telles réserves et a exprimé publiquement son soutien à M. Weah.

« M. Weah est le candidat le mieux placé pour réunifier le Liberia. J’ai proposé de mettre à sa disposition toutes nos ressources financières et politiques pour assurer sa victoire », a-t-il déclaré à la presse.

Beaucoup de Libériens considèrent M. Sherman – avocat d’affaires et ami de Gyude Bryant, le président par intérim - comme le candidat disposant d’importants moyens pour financer les campagnes électorales, ce qui a été caricaturé dans les dessins politiques humoristiques distribués dans les rues.
Sherman a recueilli 7,8 pour cent des votes à l’élection présidentielle et sa parti, la Coalition pour la transformation du Liberia, est arrivé en seconde position aux élections législatives en remportant de nombreux sièges au parlement et sept des 30 sièges au Sénat.

Six autres candidats du premier tour de l’élection présidentielle ont apporté leur soutien à M. Weah, notamment Sékou Conneh, l’ex-chef du LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), le principal groupe rebelle durant la guerre civile.

Joseph Korto qui a fait le plein des voix à Nimba – le deuxième comté le plus important par le nombre d’électeurs inscrits - et Nathaniel Barnes, ministre des finances sous l’ancien président Charles Taylor, font partie des personnalités qui ont publiquement annoncé leur soutien à Mme Sirleaf.

« Ce n’est plus une question de prestige personnelle », a expliqué M. Barnes. « L’expérience, la crédibilité, l’aptitude intellectuelle sont les points forts de toute personne qui comprend les enjeux géopolitiques ».

Alors que les responsables des partis politiques ont publiquement exprimé leur positon, certains analystes pensent que ces prises de position publiques n’apporteront pas systématiquement des voix à M. Weah ou Mme Sirleaf.

« Ce n’est pas parce que votre candidat n’est plus en lice et vous demander de voter pour quelqu’un que vous le ferez automatiquement », a expliqué Ju-Tee Daipah, un anthropologue à Monrovia. « Vous vous faites votre propre opinion ».

Ce deuxième tour pourrait se jouer entre les électeurs instruits et non instruits. Et dans pays où la majorité de la population est analphabète et au chômage, le jeu pourrait tourner à l’avantage de Weah qui n’a pas fait des études poussées.

L’autre critère de vote, selon lui, pourrait être ethnique. Les Américo-libériens voteraient pour leur représentante, Mme Sirleaf, alors que les Libériens autochtones se laisseraient séduire par la success story de M. Weah.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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