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Le nouveau système de couverture médicale présente encore des lacunes

[Ghana] Korle Bu Hospital in Accra. The main hospital in Ghana. IRIN
Le travail d'Elizabeth Nunoo à l'hôpital de Korle Bu, à Accra, est éreintant, mais aussi dangereux
Assise, sur un banc de bois, dans le plus grand hôpital du Ghana, Gifty Torto, 28 ans, allaite son minuscule garçon de six semaines, étreignant le nouveau-né qu’elle ne peut ramener chez elle.

Le bébé est détenu en attendant qu’elle paye la facture d’hôpital. Alors, depuis qu’elle est sortie, il y a trois semaines de cela, Mme Torto se rend deux fois par jour à l’unité de soins intensifs de la maternité du centre hospitalier universitaire Korle Bu d’Accra pour s’occuper de son fils.

Dans le couloir spacieux dans lequel s’assoient la mère et l’enfant résonnent les pleurs des autres nouveaux nés. Mme Torto est l’une des 27 femmes dont l’enfant est détenu dans l’unité de soins intensifs, faute de pouvoir payer le coût élevé de l’accouchement par césarienne.

Elle doit 3 000 000 cedis (environ 340 dollars américains) à l’hôpital, une somme que plus d’un tiers des 74 femmes présentes dans l’unité de soins intensifs de la maternité ne peuvent payer.

Arborant un ruban rose dans ses cheveux emmêlés, Mme Torto, se présente donc tous les matins et tous les après midis pour allaiter, baigner et changer son enfant.

« Ca me rend mal à l’aise”, a t-elle dit à IRIN. « Ca me rend triste de devoir laisser mon bébé ici et de dormir ailleurs. Mon mari a voyagé mais lorsqu’il rentrera, il payera pour que je puisse partir ».

Vendeuse de rue et mariée à un menuisier, Mme Torto a été transférée vers le plus grand hôpital du Ghana lorsqu’elle a eu des complications pendant la naissance à son enfant.

Garder les bébés jusqu’à ce que les parents payent leur facture n’est pas une nouvelle méthode pour récupérer l’argent dû dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Et c’est pour résoudre ce problème et bien d’autres qui bloquent l’accès aux soins hospitaliers de qualité à beaucoup de Ghanéens que le gouvernement a lancé en 2004 le système national d’assurance maladie (NHIS).

Un nouveau système d’assurance maladie pour remplacer l’ancien « cash-and carry»

Selon ce nouveau système, lancé par le président John Kufor, les adultes devaient payer une somme mensuelle de 6 000 cedis (0,66 cents américains). En échange, le gouvernement a promis des soins médicaux aux personnes âgées, aux pauvres et aux enfants dont les deux parents auront adhéré à ce programme de couverture médicale.

L’idée était de remplacer l’ancien système de paiement des frais hospitaliers en vigueur depuis 1985 et connu sous le nom de « cash and carry», sous lequel les patients devaient payer à l’avance les soins médicaux dans les cliniques et hôpitaux du gouvernement.

Le nouveau système de couverture médical, qui consiste à fournir des soins à tous, y compris aux pauvres et aux plus vulnérables des 19 millions de ghanéens, a été décrit cette semaine par un éditorialiste comme étant « peut être le plus gros projet de développement social entrepris par un gouvernement depuis (Kwame) Nkrumah après l’indépendance du Ghana ».

Le NHIS, qui n’est pas encore opérationnel dans l’ensemble du pays et qui nécessite quelques réglages, devrait rendre les soins de santé accessibles au ghanéen moyen.

Mais l’une des lacunes de ce système est qu’il ne couvre pas les accouchements difficiles et très onéreux, nécessitant une césarienne, pratiqués à l’hôpital Korle Bu.

« Parfois, on se demande si on doit laisser l’enfant partir ou si on doit le maintenir à l’hôpital », a raconté Grace Barnes, l’infirmière en chef, avant d’ajouter que la détention des enfants créait des problèmes supplémentaires à l’hôpital.

« A longueur de journée on entend dire je ne peux pas payer, je ne peux pas payer ; ce qui veut dire qu’il y aura toujours des bébés qui, du fait du nombre très important de nourrissons maintenus à l’hôpital, ne pourront bénéficier de nos services», a-t-elle expliqué.

Affalé sur une chaise pivotante, travaillant sur son ordinateur, le chef du secrétariat du NHIS, Sam Akor, partage cet avis, mais indique que le nouveau système d’assurance maladie du Ghana devrait être viable.

« La politique d’exemption du gouvernement rembourse les accouchements, mais lorsqu’ils sont réalisés dans les hôpitaux de district », a-t-il dit à IRIN.

« Si l’on autorise tout le monde à venir se faire soigner à Korle Bu, où les frais médicaux sont trois fois supérieurs à ceux des hôpitaux situés en dehors du centre de la ville, nous épuiserions nos fonds d’ici six mois ».

Un meilleur remboursement dans les hôpitaux du district

Ainsi, si une mère veut que le système d’assurance rembourse son accouchement, elle doit accoucher dans un hôpital de district, a-t-il expliqué.

Le NHIS couvre 95 pour cent des pathologies courantes chez les ghanéens. Mais selon les agents de la santé de Korle Bu, les 5 pour cent des pathologies qui ne sont pas prises en charge par le système d’assurance sont celles qui sont traitées dans les hôpitaux.

Dans un hôpital de district Janet Asare chante une berceuse à son bébé de 4 mois, qu’elle berce dans ses bras.

Elle habite dans une maison de couleur bleu-vert proche d’une route en latérite, dans la commune d’Ayorkor Woo de la Grande région d’Accra. La commune dépend du programme de la mutuelle d’assurance de santé du district de Kpeshi.

A l’extérieur de sa maison, des cordes à linge sont disposées négligemment et quelques chèvres et poulets se déplacement librement dans la cour. Janet, qui est au chômage, et dont le mari vend des bandes de plastique dans les rues d’Accra, a aussi eu des complications lors de l’accouchement, mais a eu son bébé dans l’hôpital du district.

Comme Gifty Torto, dans le grand hôpital, ses frais d’hospitalisation s’élevaient à 3 000 000 cedis.

Mais heureusement pour elle, elle avait payé sa cotisation minimale de 72 000 cedis au programme de santé du district. Sa facture fut donc couverte par le NHIS.

« Je ne sais pas comment j’aurai payé la césarienne si elle n’était pas couverte par l’assurance », affirme t-elle.
Les fonctionnaires du secrétariat du NHIS affirment qu’à la fin de l’année, lorsque le programme sera totalement opérationnel dans l’ensemble des 123 districts du Ghana, beaucoup de personnes se retrouveront dans la même situation que Janet.

En attendant, les bulletins du secrétariat indiquent que seuls 50 districts ont jusqu’à présent réussi l’implantation du système de couverture médicale.

Mais, même lorsqu’il sera fonctionnel dans tout le pays, le système ne couvrira toujours pas les frais de maternité à Korle Bu. L’hôpital a donc mis en place un fonds spécial pour les mères dans le besoin.

A en croire le personnel de l’unité des soins intensifs, il convient d’éduquer les parents et de leur faire comprendre que les soins de santé ultra modernes ont un prix.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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