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La redistribution de la manne pétrolière fait capoter la conférence sur la réforme constitutionnelle

[Nigeria] A typical chevron chevrontexaco oil facility near Warri in the Niger delta.
IRIN
Oil facility in Niger Delta, where citizens suffer the effects of the "resource curse" say rights groups (file photo)
La Conférence nationale sur la réforme politique a brièvement repris lundi après une interruption de trois semaines pendant laquelle le président Olusegun Obasanjo avait tenté, en vain, d’atténuer les divergences qui opposent les représentants des différents Etats.

Furieux, les délégués du Delta du Niger, l’Etat qui produit la majeure partie du pétrole nigérian, ont refusé de retourner à la table des négociations après avoir quitté, le mois dernier, une conférence qu’ils considèrent comme une prétendue tentative de redistribution équitable des revenus du pétrole produit dans leurs Etats.

Les 11 Etats nigérians producteurs de pétrole perçoivent actuellement 13 pour cent des recettes générées par leur propre production pétrolière. La majeure partie de ces recettes revient au gouvernement fédéral, qui absorbe une partie des revenus pour son propre budget et redistribue le reste aux 36 Etats sous forme de dotations budgétaires.

« Nous étions chargés, au nom de nos populations, d’exiger un contrôle total des ressources. Nous avons par la suite consenti 25 pour cent, qui nous ont été refusés », ont expliqué les représentants des Etats producteurs dans une déclaration conjointe lundi dernier. « Par conséquent, nous ne participerons plus à cette conférence ».

Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique, et le septième exportateur mondial de pétrole brut, avec près de 2,5 millions de barils exportés chaque jour. Mais ce pays d’Afrique de l’Ouest est également le plus peuplé du continent ; selon les statistiques officielles, il compte environ 126 millions d’habitants.

Mais les milliards de dollars générés chaque année par l’exportation de pétrole ne profitent guère au Nigérian moyen. Selon l’Indice de développement humain des Nations unies, 90 pour cent de la population gagnent moins de 2 dollars américains par jour et l’illettrisme concerne un Nigérian sur trois.

Le président nigérian a convoqué cette conférence constitutionnelle en février pour tenter d’asseoir une stabilité politique durable au Nigeria après son départ. Obasanjo devra en effet passer le relais en 2007, au terme de son deuxième mandat présidentiel consécutif.

Toutefois, Nikki Tobi, qui présidait la conférence, a mis fin à celle-ci, à peine deux heures après le début des négociations, lundi dernier. Il s’agit d’un véritable retour à la case départ pour Obasanjo, qui n’est toujours pas parvenu à instaurer un mécanisme permettant de gérer efficacement cette diversité ethnique et religieuse nigériane qui se traduit, de temps à autre, par des flambées de violence.

« Je ne crois pas que l’on puisse dire que cette conférence a été un succès. Je pense au contraire qu’il s’agit d’un échec retentissant », a déclaré Adams Oshiomhole, président du Nigeria Labour Congress, la centrale syndicale des travailleurs nigérians, qui a assisté à la conférence en tant que délégué.

Il ressort de cette conférence que la production pétrolière est au centre du débat politique nigérian. Les puits de pétrole des forêts marécageuses du sud-est du pays et les sites offshore du Golfe de Guinée génèrent plus de 95 pour cent des revenus de l’exportation pétrolière nigériane et 80 pour cent des recettes nationales globales.

Pendant cinq mois, cette conférence, qui a réuni 400 représentants rigoureusement sélectionnés, a également mis au jour les différends qui opposent la région nord du Nigeria, majoritairement musulmane, à la région sud, principalement chrétienne.

Le rapport adopté au cours de la dernière session de la conférence exhortait le gouvernement à mettre en place une « commission d’experts » chargée d’élaborer, pendant les six prochains mois, un système de répartition optimale des richesses pétrolières nigérianes entre les différentes régions.

Mais le pétrole n’était pas l’unique pomme de discorde.

Le désaccord portait aussi sur la durée du mandat du président et des gouverneurs régionaux. Aujourd’hui, ces derniers peuvent exercer, au maximum, deux mandats consécutifs de quatre ans. Certains délégués souhaitaient conserver le statu quo, alors que d’autres préféraient un mandat unique de six ans.

Cette question épineuse sera également confiée à l’appréciation du gouvernement, selon Tobi, un ancien juge qui présidait la conférence.

L’échec de cette tentative de réforme constitutionnelle, dont on s’était trop vite réjoui, pourrait bien jouer en faveur de l’opposition qui avait boycotté la conférence, arguant que tous les délégués avaient été nommés par le gouvernement.

Les groupes de l’opposition envisagent à présent de convoquer une conférence alternative pour proposer des réformes constitutionnelles, mais aucune date n’a encore été fixée.

Baptisé « Conférence du peuple » et organisé par la Pro-National Conference Organisation (PRONACO), ce forum parallèle rassemble des participants de tous bords.

Parmi eux : Wole Soyinka, prix Nobel de littérature, Muhammadu Buhari, ancien chef d’Etat militaire, qui fut le principal rival d’Obasanjo lors des élections présidentielles de 2003 ; Moujahid Dokubo-Asari, leader d’une milice ethnique Ijaw active dans le Delta du Niger, qui avait menacé de lancer une guérilla sanglante contre le gouvernement l’année dernière ; et des dizaines de groupes pro-démocratiques.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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