Dans un rapport publié mardi dernier, l’organisation Human Rights Watch demande le renforcement immédiat du contingent des troupes de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et prévient que si le fragile processus de paix était interrompu, "des attaques contre les populations civiles pourraient plonger le pays dans un cycle d’agressions et de violations des droits de l’homme qui sera difficile de maîtriser".
"Les effectifs des casques bleus sont insuffisants et ils sont mal équipés pour faire face aux nombreuses attaques accompagnées de mouvement des populations ou d’actes de violence inter-communautaire", a indiqué Peter Takirambudde, le directeur Afrique de l’organisation. "Le Conseil de sécurité doit approuver sans tarder le renforcement du contingent militaire de l’ONUCI".
Peu de temps après les émeutes qui ont secoué le pays en novembre dernier, le Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, avait indiqué que les forces de l’ONUCI étaient trop éparpillées et avait demandé au Conseil de sécurité que des hélicoptères d’attaque et 1 226 hommes supplémentaires soient envoyés en Côte d’Ivoire pour renforcer le dispositif des forces onusiennes de maintien de la paix déjà présentes dans ce pays .
Annan a renouvelé sa demande en mars dernier, mais selon Human Rights Watch, les Etats-Unis s’y sont opposés pour des raisons budgétaires.
Après avoir été reconduit pour un mois en avril, le mandat des 6 000 soldats des forces des Nations unies et des 4 000 militaires français de l’Opération Licorne expire le 4 mai.
Selon des sources diplomatiques, la France, l’ancienne puissance coloniale de la Côte d’Ivoire, a proposé de prolonger ce mandat jusqu’au 4 juin pour permettre à l’ONU d’étudier les modalités d’un renforcement du contingent onusien et envisager la mise en place dans le pays d’un système de contrôle des élections présidentielles qui se tiendront le 30 octobre.
Selon certains représentants de l’ONU, l’envoi de troupes supplémentaires s’avère particulièrement urgent. Elles aideront les autorités ivoiriennes à désarmer les milices armées présentes dans le sud, contrôlé par le gouvernement, et dans le nord, tenu par le mouvement rebelle des Forces nouvelles.
"Si nous devons participer au désarmement et peut-être au processus électoral, il nous faudra au moins 1 200 hommes supplémentaires, même si cela n’est pas suffisant", a confié à IRIN un observateur militaire de l’ONU, qui a requis l’anonymat.
Selon l’Agence France Presse, la France s’est déjà proposée d’envoyer 2 000 soldats supplémentaires.
Les chefs d’état-major des Forces nouvelles et des Forces armées nationales de la Côte d’Ivoire (FANCI) sont réunis depuis mardi à Yamoussoukro, la capitale administrative, pour un séminaire de quatre jours. Ils étudieront le calendrier du processus de désarmement proposé par la commission nationale de désarmement et qui doit s’étaler du 14 mai au 31 juillet.
"N’oubliez pas que tout le pays, votre pays, attend de vous une solution de sortie de crise", a indiqué Pierre Schori, le représentant spécial des Nations unies pour la Côte d’Ivoire.
Dans son rapport de 35 pages, Human Rights Watch indique que la situation en Côte d’Ivoire reste très précaire d’autant plus que l’armée et les milices armées continuent d’agir en toute impunité et que les tensions inter-communautaires sont toujours vives, notamment dans la région productrice de cacao et dans les villes de Gagnoa, Guiglo et Logoualé.
Malgré la présence des troupes de l’ONU, des populations civiles et des planteurs étrangers en particulier sont exposés à des actes de violation des droits de l’homme, indique l’organisation.
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