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Le ministre de l'Intérieur recommande une suspension du processus électoral

[Togo] Opposition rally in Lome a week before 24 April presidential election. IRIN
Opposition supporters with yellow bandanas, tee-shirts and flags call for change
Le scrutin présidentiel de dimanche prochain pourrait être remis en question après la surprenante intervention du ministre de l’Intérieur au cours de laquelle il a demandé au Président de la République par intérim du Togo de suspendre le processus électoral pour éviter tout risque de dérapage sanglant.

Lors d’une conférence de presse tenue dans la nuit de jeudi à vendredi, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Francois Esso Boko, a indiqué que le maintien de la date du scrutin présidentielle serait “suicidaire” car la campagne électorale a été émaillée de violences jamais rencontrées dans l’histoire électorale du Togo.

Devant la presse, les ambassadeurs de France et d’Allemagne et les représentant de l’Union européenne, Esso Boko a déclaré que le scrutin présidentiel du 24 avril prochain devrait être suspendu.

Par ailleurs, il a suggéré que le président par intérim nomme un leader de l’opposition comme Premier ministre d’un gouvernement de transition qui sera chargé de diriger le pays pendant un ou deux ans, en attendant qu’une nouvelle constitution soit rédigée.

"Il est impérieux que le Président de la République prenne l’enjeu des risques réels qui se profilent à l’horizon en mettant fin à ce processus électoral suicidaire", a déclaré Boko.

"De sources concordantes, les risques de dérapages sanglants de ce scrutin à l’issue incertaine sont réels et même actuels".

Quelques heures après la surprenante conférence de presse d’Esso Boko, le ministre de l’Information, Pitang Tchalla, lisait un communiqué du président par intérim Abass Bonfoh qui confirmait que, malgré les déclarations d’Esso Boko, les élections présidentielles auraient bien lieu le 24 prochain, comme prévu.

"Les forces de l’ordre et de sécurité ont pris les mesures nécessaires pour que l’élection présidentielle se déroule dans le calme et la sérénité. L’ordre public sera maintenu sans réserve", a déclaré Tchalla.

Le ministre de l’Intérieur, qui était chargé de la préparation des élections, a indiqué à la BBC qu’il avait décidé de demander publiquement la suspension du processus électoral parce qu’il partage les mêmes inquiétudes que certains membres du gouvernement, de l’opposition et les responsables religieux du pays.

En définitive, l’élection présidentielle devrait se résumer en une confrontation entre Faure Gnassingbe, fils du président défunt Gnassingbe Eyadema, et Emmanuel Bob Akitani, le candidat de la coalition des six partis de l’opposition.

Après 38 ans de régime totalitaire sous Eyadema, les partis d’opposition sont déterminés à éviter que sa famille ne perpétue sa mainmise sur le pouvoir.

Le ministre de l’Intérieur a indiqué à la BBC qu’il y avait un réel risque de voir l’armée organiser un coup d’état et confier à nouveau le pouvoir à Gnassingbe, si ce dernier perdait les élections.

Il a également mis en garde l’opposition contre toute tentative de coup de force visant prendre du pouvoir en faisant descendre ses partisans dans la rue, si Bob Akitani ne remportait pas les élections.

Exilé en France, Gilchrist Olympio, le chef de file de l’opposition, a indiqué à la BBC à Accra, capitale du Ghana voisin, que les responsables de l’opposition demandent depuis plusieurs semaines le report des élections. Actuellement, ils se consultent pour savoir comment réagir aux propos d'Esso Boko, a t-il ajouté.

“Nous nous consultons, mais nous savons que le gouvernement subit une forte pression aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur”, indique Olympio.

Selon lui, les jeunes partisans de l’opposition sont impatients de voir des changements intervenir au Togo et ils sont irrités par les fraudes massives organisées par le gouvernement pour faire élire Gnassingbe. A la mort de son père, le 5 février dernier, Faure Gnassingbe s’est vu confier le pouvoir par l’armée, mais il a dû démissionner quelques semaines après sous la pression de la communauté internationale.

“Toutes les conditions sont réunies pour que la situation dégénère sérieusement dans le pays”, a ajouté Olympio.

Olympio est exilé en France depuis des années et n’a pas été autorisé à se présenter aux élections présidentielles. A sa place, c’est Bob-Akitani, le secrétaire général adjoint de son parti l’Union des forces du changements (UFC), qui a été choisi comme candidat unique de tous les partis de l’opposition togolaise.

A la question de savoir s’il ne craignait pas que le conflit latent ne dégénère en guerre civile au Togo, Olympio a déclaré : “Oui, il y a une forte probabilité”.

Fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant, Gilchrist Olympio a indiqué qu’il avait reçu des indications non encore confirmées selon lesquelles la majorité des 10 000 policiers et soldats ayant voté jeudi dernier auraient choisi le candidat Bob-Akitani.

Cette éventualité explique peut être l’intervention impromptue du ministre de l’Intérieur, a-t-il ajouté.

La plupart des responsables des forces de sécurité sont Kabiyés, le groupe ethnique du nord du Togo auquel appartient la famille d’Eyadema. De nombreuses personnes pensent encore que la police et l’armée soutiennent le gouvernement actuel qui a servi sous Eyadema et qu’elles sont favorables à l’élection de Gnassingbe.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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