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Gbagbo exige le désarmement des rebelles, par la force si nécessaire

[Cote d'Ivoire] President Laurent Gbagbo in his study at the presidential residence in Abidjan. November 2004. IRIN
President Laurent Gbagbo of Cote d'Ivoire
Lors d’un entretien accordé à IRIN, le président Laurent Gbagbo a écarté mercredi toute idée de renégociation des accords de paix mais a exhorté la communauté internationale à désarmer les rebelles qui occupent le nord du pays depuis plus de deux ans.

Un nouveau cycle de violence a éclaté en Côte d’Ivoire au début du mois lorsque les forces armées ivoiriennes ont bombardé le fief des rebelles, rompant ainsi un cessez-le-feu de 18 mois. Neuf soldats français ont été tués au cours d’une de ces attaques, entraînant la destruction, sur ordre de Paris, de la quasi-totalité des moyens militaires aériens de la Côte d’Ivoire.

«Les Français nous ont déjà désarmé en détruisant notre flotte aérienne. Alors, quand c'est nous, c'est par la force alors que l’on dit aux rebelles que ce doit être volontaire,» a dit Gbagbo à IRIN, du fond d’un confortable fauteuil en cuir blanc dans son bureau d’Abidjan.

«On nous a désarmé par la force, il faut maintenant désarmer les rebelles par la force,» a t-il ajouté.

La mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), qui a déployé 6 000 casques bleus dans la zone tampon qui sépare les deux belligérants, a indiqué à plusieurs reprises que ses attributions n’étaient pas de désarmer les rebelles mais d’aider le gouvernement de transition à rétablir la paix et à préparer les élections de 2005.

Les forces rebelles avaient tenté de renverser le président Gbagbo en septembre 2002. L’échec de cette tentative avait plongé le pays dans une guerre civile de quatre mois qui a divisé le pays en deux. Les accords de paix d’Accra III prévoyaient que les rebelles commencent à désarmer le 15 octobre.

Mais la rébellion a refusé de rendre les armes, arguant que les réformes politiques que le président Gbagbo s’était engagé à adopter sous la pression de la communauté internationale n’étaient toujours inscrites dans la constitution.

Bien que certains chefs d’Etat africains, inquiets pour la stabilité de la région, redoublent d’efforts pour remettre le processus de paix sur les rails, le Président ivoirien a écarté l’idée de participer à de nouvelles discussions.

«Mais qu’est-ce que l’on va renégocier? Il y un accord de paix qui existe et qui s'appelle l'accord de Marcoussis,» a t-il déclaré.

«On a déjà négocié. Un texte existe. Il faut l'appliquer... Je l'applique. Mais ceux qui sont en face de moi ne l'appliquent pas.»

Selon Gbagbo, les rebelles n’ont pas respecté les termes de l’accord de paix puisqu’ils n’ont pas désarmé. Pour les rebelles, en n’appliquant pas les réformes imposées par les accords de Linas-Marcoussis et d’Accra III, signés respectivement en janvier 2003 et juillet 2004, Gbagbo n’a pas respecté ses promesses.

Ces réformes visaient à accorder plus de droits aux millions de migrants ouest-africains vivant en Côte d’Ivoire, ainsi qu’à leurs descendants, pour leur permettre de posséder des terres, d’obtenir la nationalité ivoirienne et de se présenter aux élections présidentielles.

L’article 35 : la pomme de discorde

Le débat autour de la candidature à la présidence de la République est un problème épineux. Selon l’article 35 de la constitution, les candidats doivent prouver qu’ils sont Ivoiriens par le sang.

L’ancien premier ministre Alassane Ouattara, très populaire dans le nord du pays tenu par les rebelles, n’a pas été autorisé à se présenter aux élections présidentielles d’octobre 2000 au motif que l’un de ses parents était Burkinabé.

Les rebelles souhaitent amender l’article 35 pour élargir le champ des présidentiables dans la perspective des élections prévues au mois d’octobre prochain.

Mais le chef de l’état ivoirien a réitéré que cette clause très controversée ne pourrait être modifiée que par référendum.

«Ca fait partie des élections puisqu’il faudra aller au référendum,» a indiqué Gagbo, très détendu. «On peut faire l'article 35 d'abord et après il y aura les élections.»

A la question de savoir ce qu’il attendait des efforts de médiation entrepris actuellement par le président sud-africain Thabo Mbéki, mandaté par l’Union africaine, Gbagbo a été catégorique :

«J'attends une seule chose, en trois phases : le désarmement des
rebelles, la réunification du pays, l'organisation des élections,» a t-il tranché.

Le président Gbagbo a décrit l’attaque aérienne sur le fief des rebelles comme une offensive qu’il a été contraint de lancer faute de désarmement.

«Non seulement ils refusaient de désarmer mais ils faisaient appel à
tous leurs amis du Liberia et de Sierra Leone pour reprendre la guerre,» a indiqué Gbagbo.

«C'est parce que ceux-là étaient en train de se rassembler que nous avons fait des frappes pour détruire l'arsenal militaire des rebelles,» a t-il conclu.

«Je ne crains pas une reprise de la guerre de notre côté... S’ils renoncent et sont prêts à respecter l'embargo, donc à ne plus recevoir des armes du Burkina Faso, la guerre sera finie.»

Les Nations Unies ont imposé un embargo de 13 mois sur la vente d’armes à la Côte d’Ivoire en début de semaine. Un gel des avoirs et une interdiction de voyager pourraient suivre d’ici le 15 décembre et frapper certains individus suspects de bloquer le processus de normalisation politique.

La récente flambée de violence qui a éclaté en Côte d’Ivoire a provoqué le départ de près de 9 000 étrangers. Après la destruction des avions et des hélicoptères de combat ivoiriens, les partisans de Gbagbo ont organisé dans les rues d’Abidjan d’importantes manifestations contre les Français.

A en croire certains témoins, des maisons d’expatriés ont été pillées, des établissements et des commerces ont été incendiés, des femmes violées et des hommes agressés à la machette.

Gbagbo espère néanmoins que les hommes d’affaires étrangers reviendront qu'il considère indispensables.

«Des écoles françaises ont été brûlées, donc je comprends les gens qui sont partis avec leurs enfants. Les autres, je pense qu'ils vont revenir. Un homme qui a son entreprise ici, que voulez vous qu'il aille faire en France ?»


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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