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La France nie essayer de destituer le Président, les efforts diplomatiques continuent

[Cote d'Ivoire] Ivorian President Laurent Gbagbo and French President Jacques Chirac. Ministere des Affaires Etrangeres de France
Les présidents Jacques Chirac et Laurent Gbagbo
Les autorités françaises ont tenu à rassurer lundi des milliers de manifestants ivoiriens en colère en leur expliquant que leur objectif n’est pas de renverser le président Laurent Gbagbo, après les violentes manifestations du week-end dernier qui ont contraint plus de 2000 étrangers à fuir leur domicile.

Pendant que les troupes françaises tentaient de rétablir le calme dans les rues d’Abidjan, les diplomates français s’empressaient d’introduire une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour imposer des sanctions à la Côte d’Ivoire et Thabo Mbeki, le président de l’Afrique du Sud préparait son voyage sur Abidjan pour relancer le processus de paix.

Des partisans du président Laurent Gbagbo ont incendié et pillé des écoles, des commerces et des maisons de ressortissants français et étrangers, après que les forces françaises aient détruit tous les moyens militaires aériens ivoiriens en représailles au bombardement aérien par l’armée ivoirienne d’une base militaire française dans le Nord. Ce bombardement a fait neuf morts parmi les militaires français et un civil américain à Bouaké.

Au moins 2050 résidents étrangers se sont réfugiés lundi dans les bases militaires des forces françaises et onusiennes à Abidjan et plusieurs de ces résidents ont été évacués de leur maison par hélicoptère pour échapper aux attaques des manifestants en colère, dont certains étaient armés de bâtons, de pierres et de machettes.

Selon le Comité international de la Croix Rouge, plus de 400 blessés étaient soignés dimanche dans les hôpitaux, certains pour des blessures par balle. Mais le CICR a fait savoir qu’il a pu poursuivre ses activités sans entrave.

Dimanche, Gbagbo est apparu pour la première fois à la télévision nationale depuis le début de la crise. Il a appelé les manifestants à rentrer chez eux et à ne pas répondre aux provocations. Mais ils étaient plus de 5000, lundi, à faire face aux blindés français positionnés à l’extérieur du prestigieux hôtel Ivoire, dans le quartier chic de Cocody.

Criant des slogans anti-français et brandissant des banderoles contre les militaires français, qualifiés d’assassins, les manifestants se sont rassemblés à l’hôtel, en réponse à l’appel lancé par la radio nationale les invitant à constituer un bouclier humain pour protéger le président Gbagbo dont la résidence se trouve à proximité de l’hôtel.

A en croire un diplomate présent dans l’hôtel, les troupes françaises ont tiré des coups de feu en l’air pour disperser la foule des manifestants. La télévision ivoirienne a diffusé des images montrant des blessés évacués vers l’hôpital et des corps de manifestants qui, selon le diplomate, ont été tués par les militaires français. Toutefois, le nombre de morts n’a pas été précisé.

«La situation est inquiétante et elle peut exploser d’un moment à l’autre,» a confié à IRIN un autre diplomate occidental. «Aucune négociation sur la politique ivoirienne n’est possible actuellement. Il faut avant tout atténuer les tensions et trouver les moyens de calmer la crise.»

Des patrouilles mixtes

Des représentants de l’ONU et des forces armées françaises ainsi que le chef d’état major de l’armée ivoirienne, le général Mathias Doué, et des autorités du gouvernement se sont réunis à l’hôtel Ivoire et sont convenus d’organiser des patrouilles mixtes, composées de militaires français et ivoiriens, pour rétablir le calme dans Abidjan, une ville considéré autrefois comme un modèle de développement économique en Afrique de l’ouest.

Dans une conférence de presse télévisée, tous les participants à la réunion ont tenu à réfuter les rumeurs qui soulèvent tant de passion à Abidjan et selon lesquelles Paris cherchait à renverser le président Gbagbo.

Pour le Général Henri Poncet, le chef des forces françaises en Côte d’Ivoire, «le président Gbagbo représente un gouvernement légal, élu au suffrage universel et la présence de la force Licorne aujourd’hui dans Abidjan a uniquement pour but de rassurer et de sécuriser la communauté expatriée… Nous sommes ici (…) pour que la capitale ivoirienne ne soit pas livrée aux pillages et aux exactions.»

Mamadou Koulibaly, le président de l’assemblée nationale et un des partisans de la ligne dure dans le parti de Gbagbo, a fait lundi une déclaration dans le même esprit, bien que, le jour précédent, il avait appelé la population à descendre dans la rue.

S’adressant aux manifestants réunis devant l’hôtel Ivoire, il a déclaré : «Il n’est pas dans l’intention des troupes françaises de faire un coup d’état, ni de déstabiliser la Côte d’Ivoire.» «Les rumeurs les plus folles sont celles qui font chuter les républiques le plus rapidement,» a t-il précisé, exhortant les manifestant à se calmer et reprendre une vie normale.

Depuis le nord de la France, le président Chirac a aussi tenté de rassurer la population ivoirienne, mais ce discours n’a pas convaincu tous les partisans de Gbagbo, et en particulier Charles Blé Goudé, le chef du mouvement des Jeunes patriotes, qui a prouvé par le passé sa capacité à mobiliser ses troupes.

«Je ne fais pas confiance à l’armée française. Ils doivent retourner dans leurs casernes, quitter les ponts et nous restituer notre aéroport,» a t-il déclaré sur une radio française.

Chercher des solutions diplomatiques

A New York, les diplomates français ont demandé que des sanctions, y compris un embargo sur les armes, soient imposées à la Côte d’Ivoire, coupée en deux depuis septembre 2002, la région nord étant sous le contrôle des rebelles et le sud sous le contrôle du gouvernement.

Le cessez-le-feu qui régnait en Côte d’Ivoire depuis 18 mois a été rompu jeudi dernier par les forces armées ivoiriennes qui ont bombardé le fief des rebelles. Les attaques se poursuivaient encore vendredi dernier avant que les forces françaises chargées du contrôle du cessez-le-feu ne soient victimes samedi d’un raid aérien de l’armée ivoirienne qui a fait neuf morts parmi les militaires français.

«Le Conseil de sécurité a décidé que, pour une période initiale de 12 mois, tous les états prennent les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, direct ou indirect, à la Côte d’Ivoire, d’armes ou de tout autre matériel de guerre, en particulier des avions militaires,» stipule l’avant-projet de résolution dont IRIN a pu obtenir une copie.

L’avant-projet de résolution, que les diplomates français à l’ONU souhaitent voire adopter, impose aussi des interdictions de voyage et le gel des avoirs de certains responsables politiques qui bloquent l’application des accords de paix de Linas-Marcoussis.

Avant l’offensive militaire lancée la semaine dernière par les autorités ivoiriennes, la Côte d’Ivoire se trouvait depuis des mois dans une impasse politique.

Le gouvernement était censé faire voter une série de réformes politiques, notamment l’amendement très controversé à apporter à la constitution pour élargir le choix des présidentiables, et les forces rebelles devaient désarmer le 15 octobre. Mais chaque parti est resté campé sur ses positions, s’accusant mutuellement d’être responsable de l’échec du programme de désarmement.

C’est cette impasse, aggravée désormais par le climat de violence populaire et d’exaspération général qui prévaut en Côte d’Ivoire, que le président sud-africainThabo Mbeki doit tenter de dépasser.

«Le président Thabo Mbéki arrivera demain,» a indiqué à IRIN Bheki Khumalo, le porte-parole de la présidence. «Il séjournera un seul jour à Abidjan et son premier entretien sera avec le président Gbagbo.»

Mbeki, qui a réussi à faire conclure des accords de paix en république populaire du Congo et au Burundi, a été mandaté par l’Union africaine.

Selon certains diplomates, il est souhaitable de laisser les responsables africains tenter une médiation pour trouver les moyens de parvenir à une solution pacifique et empêcher ainsi les anciennes puissances coloniales d’intervenir dans les affaires africaines.

D’autres diplomates considèrent que les recommandations faites par les responsables africains à la réunion d’Accra 3, en juillet, n’ont pas été respectées et ils sont nombreux à douter que des avancées politiques sont encore possibles au regard de la situation explosive.

«Nous faisons face à deux crises : une oppose le gouvernement et les rebelles, l’autre le gouvernement et la France,» a indiqué à IRIN un haut diplomate ouest-africain. «Je doute que Mbeki soit en mesure de résoudre la crise politique.»



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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