Le gouvernement burundais et le principal mouvement rebelle, le Conseil national pour la défense de la démocratie/ Force pour la défense de la démocratie (CNDD/FDD), avaient en effet signé, le 17 novembre dernier, un accord de partage de pouvoir qui "octroie à chacune des parties une mesure d'immunité provisoire les protégeant contre toutes poursuites pour crimes de
guerre, » a rappelé Human Rights Watch.
Or, selon Alison Des Forges, conseiller principal de la Division Afrique pour cette organisation: "Les accords de paix qui se basent sur une mesure d'immunité fonctionnent rarement" en donnant l'exemple de l'accord de Lomé de 1999 relatif à la guerre en Sierra Leone. L'ONG a, par la suite, souligné la nécessité de poursuivre les auteurs des exactions perpétrées contre les civils.
Human Rights Watch décrit dans son nouveau rapport intitulé, "Victimes au
quotidien: les civils dans la guerre au Burundi", les violations, qualifiées de crimes de guerre par l'ONG, commises par l'ensemble des belligérants à l'encontre des civils entre le mois d'avril et de novembre.
Aussi bien l'armée burundaise que les forces rebelles sont responsables de
graves crimes de guerre, incluant des tueries de civils et des viols, a
rapporté Human Rights Watch dans son rapport. Le viol "des femmes et des
filles, [est] un crime qui a pris des proportions inquiétantes à Bujumbura
et dans d'autres régions du pays. Les groupes rebelles ont aussi enlevé des
enfants pour en faire des combattants," a précisé l'ONG.
"Avec cet accord, les soldats du gouvernement et les combattants des FDD n'ont aucune raison de craindre de se voir un jour poursuivis et punis", a affirmé M. Des Forges. "Et ce sont les civils qui paient et continueront à en payer le prix."
"Les civils qui ont subi ces violations, ces « victimes au quotidien », ont le sentiment d'être complètement oubliés", a rapporté le communiqué en citant les propos de M. Des Forges. "Protéger les responsables de ces crimes revient à priver les victimes de toute justice pour les souffrances endurées
et à ce titre, à les oublier une seconde fois," avait-il encore indiqué.
Toutefois, l'ONG a rapporté que les "partisans de l'accord de paix [avaient] argumenté qu'une mesure d'immunité était nécessaire pour amener autant de parties que possible à la table des négociations.
Human Rights Watch, a encore rappelé qu'une des factions du Front national
de libération (FNL), un mouvement rebelle minoritaire dirigé par Agathon
Rwasa, refuse toujours de rejoindre la table des négociations. "Les combats se poursuivent depuis que l'armée gouvernementale, qui bénéficie parfois déjà de la collaboration de membres des FDD, a lancé une offensive contre les combattants des FNL," a expliqué l'ONG.
Les civils, a poursuivi l'organisation, ont été obligés de fuir leur habitation, alors que "les soldats de l'armée gouvernementale ont encore tué délibérément des habitants, en représailles aux embuscades et tueries de militaires isolés par les FNL," a déclaré Human Rights Watch.
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