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Les tribunaux Gacaca commencent leurs travaux

Sur l'ensemble du pays, des milliers de citoyens rwandais se sont réunis
pour participer aux audiences des tribunaux Gacaca, inaugurés officiellement
le 18 juin.

Les Gacaca sont une forme de justice populaire participative au niveau des
villages qui permettent aux Rwandais de traduire en justice ceux qui sont
accusés de participation au génocide de 1994.

Plus de 250 000 juges, élus par leur propre communauté sur la base de leur
« intégrité », instruiront le dossier de 115 000 détenus accusés de crimes
relatifs au génocide. Chaque prévenu sera ramené sur la scène du crime
présumé, et les habitants qui furent témoins de ces événements seront
invités à déposer leurs accusations ou à défendre le prévenu, en vue de
révéler la « vérité » sur ce qui s'est passé.

En préfecture de Kibuye, à l'ouest du Rwanda, plus d'un millier de personnes
se sont réunies mercredi sur une colline de la cellule de Cyambogo dans le district de Nyange, où siègera une assemblée Gacaca composée de 19 juges, a informé Internews. La première étape du processus consiste à dresser une
liste des victimes massacrées pendant le génocide. Pendant la deuxième
étape, on écoutera les confessions des personnes qui ont commis des crimes,
mais qui n'ont pas été incarcérées, a indiqué un juge local. Le procès des
prisonniers aura lieu lorsque la liste des victimes sera achevée, a-t-elle
précisé.

En début de séance, une femme a accusé l'un des juges Gacaca d'avoir commis
des viols pendant le génocide, laissant la foule abasourdie, selon
Internews. Ce témoin a accusé le juge d'avoir chassé sa propre femme et
contraint une adolescente de 17 ans qui avait trouvé refuge chez lui de l'
épouser. « Il a violé cette jeune fille puis est resté avec elle par force pendant la guerre, » a-t-elle expliqué.

« Chaque fois que nous nous trouvons dans un bar, mes amis vous demandent
toujours ce qui était arrivé aux vêtements remplis de sang que vous alliez laver au puits, » a-t-elle ajouté. Selon la déclaration d'une autre femme, la victime du viol aurait dit que le juge l'avait blessée à la cuisse avec une machette lorsqu'elle avait refusé d'avoir des relations sexuelles avec lui. Le juge en question a déclaré à Internews à l'issue de la séance du tribunal : « je suis optimiste quant aux
Gacaca car les gens disent la vérité. Ce qu'ils ont dit sur moi est vrai,
mais elle a accepté de vivre avec moi. Et le tribunal devrait essayer de la
retrouver pour qu'elle puisse témoigner. »

Le président de l'assemblée Gacaca de Cyambogo, en préfecture de Kibuye, a
expliqué à Internews qu'en vertu de la loi des Gacaca, lorsqu'un juge est
tenu responsable d'un massacre, les autres juges de la même assemblée se
réunissent pour étudier son dossier isolément en vue de trouver une
solution.

Une autre femme de Kibuye a accusé un homme nommé Masekurume - actuellement
en prison - d'être responsable de la disparition de son mari. « Il a emmené
mon mari, je ne l'ai jamais revu, » a-t-elle dit au public. La femme de l'
accusé était l'un des juges de cette assemblée Gacaca, a rapporté Internews.

Dans un communiqué publié le 19 juin, l'association de défense des droits de
l'homme Amnesty International rapporte que les dirigeants du gouvernement
rwandais et la communauté internationale - qui financent le système - reconnaissent que les Gacaca sont entachés d'irrégularités, mais estiment qu'il n'y a pas d'autre solution. Amnesty a, néanmoins, exprimé ses préoccupations sur le « caractère équitable » des procès, précisant que la législation des Gacaca ignore les normes internationales garantissant un
procès équitable, et que grand nombre de juges Gacaca n'ont pas plus d'
expérience dans le domaine juridique que dans celui des droits de l'homme.
« La formation accélérée qu'ils ont reçue est largement inadaptée à leur
tâche, compte-tenu de la complexité des crimes et leurs circonstances,
estime Amnesty, « les séances qui ont précédé les travaux des Gacaca,
auxquelles ont participé des émissaires d'Amnesty International en 2001, ont été marquées par des actes d'intimidation de la part des responsables qui n'hésitaient pas à sermonner les prévenus, les témoins de la défense et les populations locales. »


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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