AI a également sollicité une enquête au sujet des allégations de torture des accusés, ajoutant qu'elle détenait des preuves que les tortures ont continué pendant le procès. Les sentences sont injustes, lourdes et prononcées sur la seule base de confessions arrachées sous la torture durant une détention au secret, stipule le communiqué d'AI.
Un tribunal dans la capitale Malabo a prononcé les sentences dimanche, au terme du procès de 144 accusés ouvert le 23 mai pour leur participation supposée à un complot visant à renverser le président Teodoro Obiang Nguema. Soixante-seize accusés ont été remis en liberté.
Parmi ceux qui ont été condamnés à 14 et 20 ans de prison figurent Felipe Ondó Obiang et Guillermo Nguema Elá, de la Fuerza Democratica Republicana, d'opposition. Placido Miko, secrétaire général du principal parti opposant, Convergencia para la Democracia Social, a écopé de 14 ans.
"Ces sentences ont été prononcées à l'issue d'un procès inéquitable où aucune preuve n'a été présentée contre les accusés, parmi lesquels beaucoup ont été torturés pour leur arracher des confessions", a indiqué Amnesty.
Certains accusés, a ajouté AI, avaient les poignets cassés après avoir été torturés pendant leur deux mois de détention au secret. La torture, a-t-elle précisé, incluait la suspension des détenus sur une barre de fer avec les mains et les pieds liés ensemble.
« Les accusés qui avaient rétracté leurs confessions devant le tribunal ont été torturés en prison par la suite, apparemment en guise de représailles. Les conditions dans la prison durant le procès s'apparentaient à de de la torture puisque les accusés étaient nus dans des cellules surpeuplées et petites. Aucun n'avait le droit à un traitement médical et certains ont été privés de la nourriture apportée par leurs familles », a remarqué Amnesty.
Lundi, l'Union européenne a exprimé son inquiétude concernant « les irrégularités de procédure durant le procès, les allégations de torture et de sévices corporels à l'encontre des accusés, et la faiblesse des éléments de preuve, qui contraste avec la sévérité des sentences ».
Une autre ONG de protection des droits de l'homme, la Fondation internationale Olof Palme, a indiqué que le procès « visait à éliminer l'opposition avant les élections de février 2003 ». L'organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières, a déclaré que la presse indépendante n'a pas été autorisée à couvrir le procès librement et en toute sécurité.
En mars, la Guinée équatoriale s'en est prise à l'opposition, accusant ses membres d'atteinte à la sécurité nationale et d'insultes contre le chef de l'Etat.
L'ex-représentant spécial des Nations Unies pour la Guinée équatoriale, Guastavo Gallon Giraldo a affirmé en avril que des détentions massives d'opposants politiques avaient eu lieu et que la situation en matière des droits de l'homme dans le pays était sérieuse et qu'elle méritait une surveillance étroite.
La Commission de l'ONU pour les droits de l'homme a néanmoins mis fin au mandat du M. Giraldo le 19 avril, et a décidé « d'encourager le gouvernement [de Malabo] à mettre en oeuvre un plan national d'action sur les droits de l'homme ». Un officiel du gouvernement a déclaré devant la commission que « pendant les dernières années, il n'y a pas eu de disparitions ou d'arrestations pour motifs politiques, de détentions arbitraires, d'enlèvements politiques, de violence ethnique ou de discrimination à l'égard des groupes ethniques ».
La Guinée équatoriale, pays producteur de pétrole peuplé de 500 000 habitants, est composée de deux îles principales, Bioko et Annobon, et d'une langue de terre appelée Rio Muni. Elle est bordée par le Cameroun, le Gabon et le Golfe de Guinée.
[Le rapport d'Amnesty est disponible sur http://web.amnesty.org/ai.nsf/recent/AFR240092002!Open ]
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