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Les populations civiles veulent bouter les ex-rebelles hors des plantations d'hévéa

Ne se sentant plus en sécurité, les citoyens qui résident autour de la deuxième plus grande plantation d’hévéa du Liberia exhortent le gouvernement à déloger les centaines d’ex-rebelles qui occupent le site depuis 2003.

Les riverains de la plantation de Guthrie, au nord-ouest de la capitale Monrovia, se plaignent des exactions des ex-rebelles qui exploitent illégalement l’hévéa, nuisent à l’environnement, extorquent de l’argent aux marchands et routiers, et dépouillent les citoyens.

« La stabilité nationale du Liberia est menacée tant qu’une partie du territoire est contrôlée illégalement par un groupe de citoyens, des ex-rebelles de surcroît, qui menace gravement la sécurité de population civile vulnérable », ont récemment affirmé un groupe de résidents des comtés de Bomi et Grand Cape Mount, dans une lettre adressée à la présidente Ellen Johnson Sirleaf.

Il y a un an, de nombreux citoyens habitant à proximité de la zone occupée par les ex-rebelles du mouvement des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), affirmaient pourtant que leurs relations avec ces ex-combattants étaient bonnes. Mais la situation s’est sérieusement détériorée depuis, et les populations civiles craignent pour leur propre sécurité et pour l’état de la plantation.

Les ex-rebelles qui vivent sur le site avec les membres de leur famille, se plaignent de n’avoir pas reçu les indemnités promises par les Nations unies en 2003, à la fin des hostilités. Leurs doléances sont en cours d’examen par un comité mixte gouvernement/Nations unies qui inclut un représentant de la commission nationale de désarmement et de réinsertion.

Le programme de désarmement et de réinsertion des ex-combattants mis en œuvre par les Nations unies a en effet connu de nombreux problèmes, mais aucun agent onusien n’a pu confirmer si le manque de fonds était à l’origine de la situation de Guthrie.

Christopher Toe, le ministre libérien de l’Agriculture qui préside le comité, a déclaré en début de mois que le gouvernement offrirait des solutions aux ex-miliciens de Guthrie et des autres plantations.

« Nous verrons comment les reloger, leur offrir des opportunités d’emplois et faire en sorte qu’ils perçoivent la même indemnité que celle versée aux autres ex-combattants ».

Dans un rapport sur les droits de l’homme publié en janvier, la mission des Nations unies au Liberia (MINUL) a relevé que les populations résidant autour des plantations de Guthrie et Sinoe sont victimes d’abus de la part d’ex-miliciens, du fait de la quasi-absence de l’autorité de l’Etat.

« Les travailleurs des plantations de Guthrie et Sinoe sont terrorisés par les ex-miliciens du LURD et du MODEL [autre ancien mouvement rebelle], et ces derniers sont à leur tour instrumentalisés par les politiciens et autres acteurs influents. L’autorité de l’Etat est extrêmement limitée », indique le rapport.

On ne sait pas précisément combien d’ex-miliciens occupent la plantation de Guthrie. Ces derniers affirment être un millier, tandis que les Nations unies estiment qu’ils sont 529.

S’adressant récemment à une délégation des Nations unies dans la capitale Monrovia, la présidente Sirleaf a reconnu l’ampleur du problème que pose Guthrie. « Selon nos informations, il y a des activités inacceptables dans certains régions du pays, plus particulièrement dans la plantation de Guthrie, qui est l’un des endroits les plus difficiles et qui constitue un véritable casse-tête pour ce gouvernement ».

Les citoyens espèrent que le gouvernement résoudra le problème auquel ils sont confrontés tous les jours et qui fait peser une menace sur leur existence.

Les larmes aux yeux, Boima Sambolah, 45 ans, planteur de manioc à Klay, raconte de quelle manière des ex-combattants l’ont dépouillé de 5 000 dollars libériens (102 dollars américains), la totalité de ses économies.

« Ils sont venus me voir en disant qu’ils voulaient acheter du manioc », a–t-il dit. Comme il n’en avait pas suffisamment avec lui, il les a conduits à son domicile où se trouvait son stock. « Une fois arrivés à la maison, ils m’ont suivi dans ma chambre, m’ont mis le couteau sur ma gorge et exigé que je leur remette tout mon argent ».

Le malheureux paysan venait de rentrer à Klay après avoir passé plusieurs années dans un des camps de déplacés du Liberia.

Meima Coleman, vendeuse d’huile de palme dans les villages situés autour de la plantation de Guthrie, affirme pour sa part que les ex-rebelles extorquent de l’argent aux commerçants de la zone. « Chaque fois que nous passons près de la plantation à la recherche d’huile de palme, les ex-rebelles à Guthrie nous obligent à payer 200 dollars libériens pour le droit de passage ».

Les chauffeurs routiers qui empruntent la voie longeant la plantation, près de la frontière entre le Liberia et la Sierra Leone, se plaignent eux aussi du comportement des ex-rebelles. « La guerre est finie, il y a un nouveau gouvernement en place, mais les ex-combattants nous harcèlent toujours, nous civils innocents », a déclaré Abraham Keita, un routier. « Ils font désormais leur propre loi et exigent de l’argent des chauffeurs qui longent la plantation ».

Les résidents veulent des actes. « Nous les citoyens des comtés de Bomi et Grand Cape Mount, appelons le gouvernement d’Ellen Johnson Sirleaf et la communauté internationale à expulser tous les ex-rebelles occupant la plantation d’hévéa de Guthrie, et demandons aussi que la MINUL et les forces de sécurité nationale mettent immédiatement fin au mouvement et à la vente de tous les produits provenant de la plantation d’hévéa », indique la lettre adressée à Mme Sirleaf.

Les anciens combattants « au mépris total des pratiques en vigueur dans l’industrie du caoutchouc et des procédures environnementales, continuent de massacrer, abattre et détruire la plantation », ajoute celle-ci.

Mais beaucoup d’ex-combattants ne quitteront la plantation de Guthrie qu’en échange des solutions promises par les autorités. Comme l’indique Samuel Morgan, un ex-milicien du LURD, « nous ne quitterons cette plantation, que si le gouvernement nous propose des solutions de réinsertion telles qu’une inscription dans un établissement scolaire ou des cours de formation professionnelle ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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