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L'aide alimentaire aux réfugiés ivoiriens pourrait être suspendue en décembre

[Guinea] Kouankan II refugee camp, where refugees from Cote d'Ivoire are building their homes out of mud bricks. [Date picture taken: 02/24/2006] Sarah Simpson/IRIN
Nouvelles briques exposées au soleil dans le camp de Kouankan II

L’avenir s’annonce difficile pour les quelque 3 000 réfugiés ivoiriens qui, n’ayant pas encore fini de s’installer dans le camp de Kouankan II, érigé en novembre 2005 dans la région forestière du sud-est de la Guinée, ont récemment appris que les bailleurs de fonds envisagent de suspendre l’aide alimentaire d’ici la fin de l’année.

« Même si les gens restent sur le site, l’aide alimentaire sera suspendue. Les fonds sont épuisés », a déclaré David Baduel, le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) à Nzérékoré, la capitale de la région forestière qui partage trois frontières avec la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone, les pays les plus instables de l’Afrique de l’ouest.

Près 53 000 réfugiés des conflits qui secouent la sous-région vivent actuellement dans des camps en Guinée et reçoivent des allocations mensuelles du PAM. Mais comme la plupart des réfugiés viennent du Liberia, où la nouvelle Président a pris ses fonctions en janvier après que des troupes de l’ONU aient rétabli la sécurité dans le pays, les donateurs envisagent tout simplement de suspendre leurs contributions financières aux programmes d’aide aux réfugiés d’ici décembre prochain, et exhortent ces derniers à rentrer chez eux.

« J’admets que la situation est très différente pour les ivoiriens », a ajouté M. Baduel, faisant référence au conflit qui divise le pays. « Mais nous ne pouvons rien faire si nous n’avons plus d’argent ».


Bio Konneh, avec sa petite fille, entourée de ses enfants

Des forces rebelles ont pris le contrôle de la moitié nord de la Côte d’Ivoire en 2002, et selon de récents rapports de l’ONU, des combattants armés continuent de voler et de terroriser la population civile installée de part et d’autre de la zone de confiance placée sous la supervision de quelque 11 000 soldats des forces onusiennes et françaises de maintien de la paix.

« J’ai entendu dire qu’ils vont interrompre la distribution de nourriture », a déclaré Bio Konneh, une grand-mère de 39 ans, responsable d’une famille de sept personnes.

« La guerre nous a forcé à venir ici, et la guerre nous force à y rester, rations de nourriture ou pas », a-t-elle ajouté. « Les courageux s’en sortiront, et les autres auront des problèmes ».

Konneh a fui Abidjan, capitale administrative de la Côte d’Ivoire, en mai 2004 à la suite de la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition par les forces de sécurité de l’Etat et ses milices alliées.

« La nuit, ils venaient et cognaient à la porte, l’arme au poing. Ils prenaient de l’argent, violaient les femmes et battaient les maris afin d’abuser de leurs femmes…. Les militaires venaient nous harceler de la même manière. Nous devions nous en remettre aux militaires français et espérer qu’ils entendent nos cris », a raconté Konneh qui, vivant seule avec ses enfants, était particulièrement vulnérable.

Selon un rapport de l’ONU publié cette même année, 120 personnes sont mortes en mars 2004, tuées par les forces de sécurité du gouvernement et ses milices alliées, après que les parties de l’opposition aient essayé d’organiser une manifestation que le gouvernement avait interdite. La plupart des attaques ont eu lieu « au domicile de prétendus manifestants ou même de civils innocents ciblés par les forces de sécurité », a indiqué le rapport.

Toute le monde, même les enfants, participent à la construction des nouvelles maisons

Pour Konneh, dont la famille était originaire du nord du pays et vivait à Koumassi, une banlieue pauvre d’Abidjan, la seule solution pour assurer sa sécurité et celle de ses quatre filles était de quitter le pays. En bus, lorsque cela a été possible, et à pied, le cas échéant, elle a finalement réussi à mener tout son petit monde jusqu’en Guinée.

Comme la plupart des 3 136 Ivoiriens du camp de Kouankan II, elle vivait précédemment sous une tente dans le camp de transit de Nonah qui ne disposait que d’installations de base.

Aujourd’hui, le camp est toujours en construction, et les réfugiés qu’il accueille cherchent désespérément un moyen de gagner de l’argent en cultivant des lopins de terre ou des potagers, en faisant du commerce, ou en utilisant leurs compétences.

Moriba Sanogo, 35 ans, est père de trois enfants et attend un quatrième enfant. Tailleur dans son village situé au nord de Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire sous contrôle gouvernemental, il a pu louer une machine à coudre qui lui permet maintenant de gagner un peu d’argent en raccommodant et en retouchant des vêtements.

Mais bien que ce pécule supplémentaire lui soit utile, il ne lui permettra jamais d’assurer la ration de 2 100 calories, faite de boulghour, d’huile et de sucre, que le PAM donne quotidiennement à chacun des membres de sa famille.

« Les Ivoiriens n’ont besoin que de 50 000 tonnes de nourriture par mois. Ce n’est pas beaucoup. Il est peut être possible de faire quelque chose, mais officiellement, les fonds sont épuisés », a déclaré Baduel.


Moriba Sanogo devant sa machine à coudre

Penché au-dessus d’une blouse de femmes qu’il raccommode pour 100 francs guinéens (soit environ deux cents), Sanogo ne perd pas espoir.

« Cette nourriture est très importante. Sans elle, je ne sais pas ce que nous ferions », a-t-il déclaré, du fond de son atelier de fortune. « Actuellement, nous ne pouvons pas retourner en Côte d’Ivoire. C’est ma patrie, mais là-bas, la vie est trop difficile pour nous les Dioula ».

« Ici, l’ONU est notre mère et notre père. Il ne serait pas acceptable qu’une mère et un père abandonnent leur enfant maintenant, n’est ce pas » ?


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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