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Les affrontements interconfessionnels font plusieurs morts

[Nigeria] Mosque in the southern city of Onitsha burned during Christian-on-Muslim violence - reprisal attacks for anti-Christian violence in the north over the caricatures of Prophet Muhammad. [Date picture taken: February 2006] Isidore Achor/IRIN
Mosquée incendiée au cours des violences interconfessionnelles dans le sud d'Onitsha
Au moins 123 personnes ont été tuées au cours des récents affrontements ethno-religieux survenus au Nigeria à la suite des violentes manifestations organisées par de jeunes Musulmans qui protestaient contre les caricatures du Prophète Mahomet.

C’est à Onitsha, une ville du sud-est majoritairement chrétienne qu’on compte le plus grand nombre de victimes. En représailles aux attaques perpétrées le week-end dernier contre les Chrétiens dans le nord, des groupes de jeunes en colère s’en sont pris aux Musulmans de la ville.

Au moins 80 personnes ont trouvé la mort au cours des deux journées d’émeutes à Onitsha, a indiqué jeudi la Civil Liberties Organisation (CLO), une association nigériane de défense des droits de l’homme.
« Nous avons dénombré au moins 60 morts mardi et une vingtaine mercredi », a confié à IRIN Emeka Umeh, le délégué de la CLO dans l’Etat d’Anambra.

Les émeutes ont éclaté mardi lorsqu’il a été état de l’arrivée à Onitsha des dépouilles de chrétiens Igbos tués dans le nord. Des jeunes en colère sont alors descendus dans les rues de la ville pour en découdre avec les Musulmans Haoussas, originaires du nord.

Mais le nombre de victimes serait bien plus important, si l’on tient compte des attaques perpétrées contre les Musulmans dans les villes voisines d'Awka et de Nnewi. Mercredi, Chris Ngige, gouverneur de l’Etat d’Anambra a décrété le couvre-feu dans les deux villes, alors qu’il était déjà en vigueur à Onitsha.

De nombreuses autres victimes musulmanes ont également été signalées mercredi à Enugu, la capitale de l’Etat d’Enugu, à environ 100 kilomètres au nord d’Onitsha.

Les manifestations organisées dans le nord-est du Nigeria contre les caricatures du Prophète Mahomet avaient dégénéré en émeutes le week-end dernier, faisant 18 morts dans la ville de Maiduguri. Lundi et mardi, au moins 25 personnes ont été tuées au cours d’attaques perpétrées contre des chrétiens dans la ville septentrionale de Bauchi.

Avec une population de près de 126 millions d’habitants, le Nigeria est peuplé au nord par des ethnies majoritairement musulmanes et au sud, par des ethnies essentiellement chrétiennes. Pour certains analystes, la controverse autour de la caricature a simplement servi d’élément déclencheur dans les récents affrontements interconfessionnels.

« Il y a trop d’animosités contenues et, plus grave encore, il y a beaucoup de jeunes gens oisifs qui guettent la moindre occasion pour exprimer leur colère », a expliqué Okey Nwiwu, professeur de sciences politiques, qui compare le Nigeria à une poudrière prête à exploser.

Après plusieurs décennies de mauvaise gouvernance imputable à des régimes militaires et civils corrompus qui ont dilapidé la manne pétrolière fournie par la région du delta du Niger, la situation économique de la majorité de la population est déplorable et les tensions ethno-religieuses sont encore plus vivaces.

Et ces tensions se sont accrues en 2000, lorsque 12 Etats musulmans du Nord ont décidé d’appliquer la Charia, la loi coranique stricte. Cette loi interdit la vente d’alcool, prescrit l’amputation des membres aux auteurs de vols, la lapidation et la peine de mort en cas d’adultère.

Et comme dans la plupart de ces Etats, cette loi s’applique sans discernement aux non Musulmans, beaucoup de chrétiens pensent que la Charia s’inscrit dans un plan d’islamisation du Nigeria.

Peter Akinola, chef de l’Eglise anglicane du Nigeria et Président de l’Association des chrétiens nigérians (CAN), a évoqué ce problème dans une déclaration rendue publique après les attaques perpétrées contre les Chrétiens dans le nord.

« Il ne fait plus de doute qu’ils poursuivent un objectif à long terme qui est de faire du Nigeria un Etat islamique », a-t-il déclaré au nom de la CAN, une association qui regroupe tous les mouvements de confession chrétienne. M. Akinola a également souligné que les leaders chrétiens ne seraient peut être plus capables de contenir le désir de vengeance des jeunes gens.

Aucune autorité musulmane n’a pour l’instant commenté les récentes émeutes.

Avec plus de 250 ethnies et groupes de langue, le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, est fréquemment en proie à des crises politico-ethniques.

Et avec les prochaines échéances électorales, les divergences politiques régionales ne font qu’exacerber les tensions, d’autant que l’opposition et certains détracteurs du gouvernement prêtent au Président Obasanjo l’intention de modifier la constitution pour supprimer la clause de la limitation des mandats et se maintenir au pouvoir.

Quant aux leaders politiques haoussas-foulanis du Nord, région majoritairement musulmane qui a fourni la plupart des chefs d’Etat du Nigeria depuis l’indépendance du pays en 1960, ils pensent qu’ils leur revient maintenant de donner au pays un président originaire de leur région, après les deux mandats successifs d’Obasanjo, un chrétien yoruba originaire du sud-ouest.

Entre temps, les chrétiens Igbos du sud-est, qui ont vainement tenté de faire sécession pendant la guerre civile du Biafra, à la fin des années 1960, se plaignent d’être persécutés plus de 35 ans après la fin du conflit.
Les ethnies Igbos, Haoussas-Foulanis et Yorubas comptent chacune plus de 40 millions de personnes. Ce sont les trois plus importantes composantes ethniques du pays et elles représentent plus de 60 pour cent de la population nigériane.

Le reste de la population se compose de minorités ethniques, dont la plus importante est celle des Ijaws, majoritaires dans la région du delta du Niger qui fournit une grande partie des revenus pétroliers du Nigeria.

Des miliciens ijaws ont récemment perpétré des attaques contre des installations pétrolières et des prises d’otages afin d'appuyer leurs revendications pour un meilleur partage des revenus pétroliers avec les populations pauvres de la région.

« La survie politique d’Obasanjo passe par une gestion intelligente de tous ces intérêts et tendances politiques divergents », a indiqué Ike Onyekwere, analyste politique et journaliste nigérian.

« Et cela ne semble pas être une tâche facile ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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