Le gouvernement de transition a besoin de 18,3 millions de dollars pour démanteler une armée nationale totalement désorganisée depuis le début de la guerre civile en décembre 1989 et suite à la défection de ses officiers supérieurs qui ont rejoint les factions rebelles.
Evaluant les effectifs des Forces armées du Liberia (AFL) à quelque 15 000 hommes, Chea a indiqué que ces fonds serviraient «à payer les anciens soldats qui seront admis à faire valoir leurs droits à la retraite et les indemnités de licenciement à ceux qui ne seront pas intégrés dans la nouvelle armée».
Le désarmement et la démobilisation des miliciens et des factions armées ayant pris part aux 14 années de guerre civile ont été achevés en octobre dernier. L’AFL et les deux factions armées qui se sont affrontés pendant la guerre civile ont été désarmés par les forces de maintien de la paix de l’ONU et tous les mouvements rebelles, y compris la milice de Taylor, ont été démantelés.
Le recrutement et la formation d’une nouvelle armée nationale commenceront en mars ou avril, mais la restructuration a été reportée car le gouvernement libérien manque d’argent, a indiqué Chea.
«Selon nos prévisions, si le gouvernement avait eu les fonds nécessaires, le premier bataillon de la nouvelle armée nationale devrait être opérationnel en décembre», a ajouté Chea. «Mais cela est peu probable».
Lors d’une déclaration faite à la presse samedi dernier à Monrovia, le médiateur du processus de paix au Liberia, l’ex-chef d’Etat nigérien et général Abdulsalami Abubakar, a indiqué que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) était très préoccupée par ce retard.
La CEDEAO a été le médiateur de l’accord de paix global d'août 2003 qui a mis fin au conflit libérien.
«La nouvelle AFL sera formée par des instructeurs américains, mais ils ne viendront que lorsque le gouvernement aura démantelé l’armée actuelle. Nous recherchons un financement auprès des bailleurs internationaux pour y parvenir», a affirmé Abubakar.
Le gouvernement américain a promis de verser 35 millions de dollars pour financer la formation d’une nouvelle armée à condition que les autorités libériennes paient les salaires des soldats.
En février, Andy Michels, un porte-parole du département d’Etat américain, a révélé à IRIN que la DynCorp International, une société privée de Reston, en Virginie, procèderait à la restructuration de la nouvelle armée forte de 4 000 hommes.
Rachetée récemment par Veritas, un groupe financier de capital-risque, la DynCorp est une société spécialisée dans la sécurité et les services de maintenance des avions. Les autorités américaines ont déjà fait appel à la DynCorp pour assurer la formation des nouvelles forces de l’ordre en Afghanistan et en Irak.
Pendant la guerre civile, plusieurs tentatives de restructuration de l’armée ont été menées, mais aucune n’a été concluante.
Selon les termes des accords de paix d’Abuja qui ont permis la cessation des hostilités en 1996 et l’organisation d’élections générales en 1997, les forces de maintien de la paix de l’Afrique de l’ouest (ECOMOG) devaient reconstituer une nouvelle armée nationale basée sur une représentation plus juste des différentes ethnies et régions géographiques du Liberia.
Charles Taylor a remporté les élections de 1997 et relégué la restructuration de l’armée au second plan, arguant qu’elle relevait uniquement des compétences du gouvernement élu. Un an plus tard, son gouvernement a créé une commission recommandant une armée de 6 000 hommes, mais cette proposition n’a jamais été suivie d’effet.
Puis en 1999, la reprise du conflit armé a compromis la réforme de l’armée dans laquelle Taylor voulait favoriser l’intégration des ex-combattants de sa milice qui a combattu les insurgés jusqu’en 2003, avant la signature de l’accord de paix et le départ en exil de Taylor.
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