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L’assemblée nationale rétablit l’ordre constitutionnel, mais Gnassingbe doit démissionner

[Togo] "Return to the constitution! Free the radios!" Togolese protest against Faure Gnassingbe's seizure of power. 19 February 2005.
IRIN
Protestors want a return to the constitution and Gnassingbe to step down
Les députés togolais ont rétabli lundi les articles de la constitution adoptés hâtivement par l’assemblée nationale pour permettre à Faure Gnassingbe, le nouvel homme fort du pays, de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2008 sans organiser de nouvelles élections présidentielles.

Sous la pression des chefs d’Etat africains, des Nations unies et des bailleurs occidentaux, l’assemblée nationale a restauré les anciennes dispositions de la constitution qui prévoient que, en cas de vacance du pouvoir par décès du chef de l’Etat, des élections présidentielles doivent être organisées dans un délai de 60 jours.

Mais Faure Gnassingbe, qui s’est vu confié les rênes du pouvoir par l’armée togolaise après le décès de son père, continue de défier la communauté internationale en décidant de se maintenir au pouvoir et de superviser les élections prévues début avril.

En réaction à cette décision, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a aussitôt appliqué une série de sanctions.

Le bloc des 15 états de la CEDEAO a imposé un embargo sur les ventes d’armes au Togo, interdit les voyages des autorités togolaises dans la région et les Etats membres de la CEDEAO ayant des missions diplomatiques dans la capitale Lomé ont rappelé leur ambassadeur.

"La CEDEAO juge insuffisante l’annonce des élections présidentielles", a indiqué samedi l’organisation dans un communiqué de presse.

L’armée togolaise avait confié le pouvoir à Faure Gnassingbe le 5 février, quelques heures seulement après l’annonce officielle du décès de son père Gnassingbe Eyadema qui a dirigé le Togo sans partage pendant 38 ans.

Vingt-quatre heures plus tard, l’assemblée nationale, dominée par les députés du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti du président défunt, s’empressait de modifier la constitution et le code électoral pour entériner rétroactivement la succession de Gnassingbe et lui permettre de terminer le mandat de son père sans convoquer de nouvelles élections présidentielles avant 2008.

Mais la communauté internationale a été unanime à réclamer le retour à l’ordre constitutionnel qui prévoyait la tenue d’élections présidentielles dans un délai de 60 jours et le transfert du pouvoir au président de l’assemblée nationale Fambare Ouattara Natchaba, pendant la période d’intérim.

Faure Gnassingbe, n’a répondu qu’en partie aux demandes de la communauté internationale en acceptant d’organiser des élections présidentielles tout en se maintenant au pouvoir pour assurer la continuité de la stabilité du Togo pendant la période transitoire.

A l’instar de la CEDEAO, les 53 Etats membres de l’Union africaine ont unanimement condamné cette décision de l’actuel président et ont indiqué qu’ils se réuniront jeudi prochain pour décider des sanctions à imposer au pouvoir togolais.

Gnassingbe doit partir

Certaines grandes puissances sont plus catégoriques et exigent le départ pur et simple de Gnassingbe.

"Les Etats-Unis ne donnent aucune légitimité à la nomination de Gnassingbe comme président par intérim et exigent qu’il quitte le pouvoir immédiatement," a indiqué le week-end dernier le porte-parole du Département d’Etat, Richard Boucher.

S’exprimant au nom de l’Afrique du sud, dont le président Thabo Mbeki est connu pour ses qualités de médiateur dans les missions de paix au Burundi et plus récemment en Côte d’Ivoire, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Nkosazana Dlamini Zuma a déclaré à l’agence South Africain Press Association :

"Faure Gnassingbe n’a aucune autorité constitutionnelle ou légitimité pour convoquer des élections ou organiser des élections".

L’Union européenne qui s’apprêtait à reprendre son aide financière au Togo, après un gel de 12 mois, a fait remarquer aux autorités togolaises que leur pays risquait d’être mis au ban de la communauté internationale.

Faure Gnassingbe is weathering the diplomatic storm


"La décision de Faure Gnassingbe isole le Togo sur la scène internationale," a indiqué Louis Michel, le commissaire européen en charge du développement et de l’aide humanitaire

Les durs du régime d’Eyadema ont rejeté cette critique.

Défendant la décision de Gnassingbe de se maintenir au pouvoir, le ministre togolais des Affaires étrangères, Kokou Tozoun, a tenté d’expliquer que la démission du président actuel créerait une vacance du pouvoir qui serait dangereuse pour les institutions de ce pays de cinq millions d’habitants.

"Peut-on rester sans président pendant 60 jours ?" s’est plaint Kokou Tozoun à l’agence de presse Reuters. "Nous préférons subir des sanctions et préserver la paix et la sécurité de notre pays plutôt que de sombrer dans la guerre civile."

Les partisans du régime expliquent également que Gnassingbe peut légitimement assurer l’intérim du pouvoir puisque le parlement a destitué le président de l’assemblée nationale, Natchaba, qui se trouvait à l’étranger au moment du décès d’Eyadema, et a nommé Gnassingbe en remplacement.

Compte à rebours pour les élections

Plus de deux semaines après le décès d’Eyadema lors de son évacuation sanitaire vers un pays étranger, le compte à rebours pour la tenue des élections présidentielles a commencé.

De nombreux diplomates et observateurs politiques s’accordent à dire qu’ils sera très difficile d’organiser des élections libres, justes et crédibles en l’espace de six semaines.

Pour l’opposition, il n’est pas question d’avoir confiance en Gnassingbe pour l’organisation d’élections libres et transparentes au Togo. Cela reviendrait à confier la garde d’un troupeau de brebis à un loup, a-t-elle ironisé.

Et pour marquer ce manque de confiance, trois des principaux partis d’opposition du Togo ont rejeté lundi la proposition d’envoyer des représentants à la commission électorale nationale.

Les manifestations contre le pouvoir de Gnassingbe gagnent en intensité, dans ce petit pays d’Afrique de l’ouest coincé entre le Ghana et le Bénin.

Selon certains journalistes et diplomates, la marche de protestation qui a eu lieu samedi dernier dans les rues de Lomé a été suivie par quelque 10 000 personnes et serait la plus grande manifestation publique organisée par l’opposition. Les précédentes tentatives de manifestation ont été réprimées par les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur la foule, faisant quatre morts parmi les manifestants.

Encouragés par le succès de la marche de protestation du week-end dernier et par la condamnation quasi-unanime des autorités togolaises par la communauté internationale, le responsables de l’opposition ont promis d’organiser une nouvelle marche mercredi et d’autres manifestations tous les samedi.

Rassemblés samedi dernier dans les jardins de la résidence du président, des milliers de partisans de Gnassingbe ont également fait entendre leurs voix, mais la tension reste vive.

Selon certaines sources policières proches du gouvernement, 7 500 personnes étaient présentes a ce rassemblement de soutien au président Gnassingbe.

Des jeunes membres du RPT qui circulaient en ville lundi à bord d’une douzaine de voitures ont tenté de pénétrer dans le quartier de Bé, le fief de l’opposition, mais en ont été dissuadés par la police anti-émeute.

Sur le campus universitaire où les professeurs étaient en grève la semaine dernière, certains étudiants ont rapporté que de jeunes membres du RPT à bord de deux voitures se sont introduits dans le campus et ont tiré des coups de feu en l’air, semant la panique parmi les étudiants.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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