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Gnassingbe accepte d'organiser des élections présidentielles, mais se maintient au pouvoir

[Togo] Opposition march to protest against Gnassingbe's seizure of his power and his refusal to stand down while elections are organised. 19 February 2005.

IRIN
Thousands of people hit the streets to march against Gnassingbe's rule on Saturday
Porté au pouvoir par l’armée togolaise après la mort de son père, Faure Gnassingbe se plie aux injonctions de la communauté internationale qui exige l’organisation rapide d’élections présidentielles, mais confirme son maintien au pouvoir jusqu’à la tenue de celles-ci.

“J'ai décidé, dans l'intérêt supérieur de la nation, de poursuivre le processus de transition conformément à la constitution de 1992, amendée en décembre 2002, et d'organiser l'élection présidentielle dans les délais constitutionnels de 60 jours,” a déclaré vendredi dernier Gnassingbe dans un discours télévisé.

“J’assurerai la continuité du pouvoir en attendant qu’un nouveau président soit élu,” a précisé Gnassingbe.

Les rues de la capitale Lomé ont été le théâtre de violentes manifestations depuis que l’armée a installé Faure Gnassingbe au pouvoir pour succéder à son père Gnassingbe Eyadema qui, jusqu’à sa mort le 5 février, a dirigé pendant 38 ans et d’une main de fer ce petit pays d’Afrique de l’ouest.

Le gouvernement a reconnu qu’au moins quatre manifestants avaient été tués par les forces de sécurité aux cours des affrontements de la semaine dernière.

Une nouvelle marche de protestation a eu lieu samedi dernier à Lomé pour condamner le transfert du pouvoir de père en fils, mais aucun débordement n’a été déploré.

Des milliers de jeunes manifestants ont sillonné les rues du quartier Bé, le fief de l’opposition et exprimé bruyamment leur colère à l’encontre du nouveau pouvoir. De nombreux manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Le Togo n’est pas une monarchie.”

Les autorités togolaises ayant levé vendredi l’interdiction d’organiser des manifestations publiques, les forces de sécurité se sont montrées discrètes et ne sont pas intervenues pour empêcher le bon déroulement de la marche.

Mais dans le même temps, des milliers de partisans de Gnassingbe s’étaient regroupés pacifiquement dans les rues de la ville, en dehors de Lomé 2, la résidence présidentielle, pour organiser une contre manifestation.

A l’annonce du décès d’Eyadema, l’armée avait suspendu la constitution et confié le pouvoir à son fils. Les députés de l’assemblée nationale avaient ensuite été convoqués en séance extraordinaire pour amender la constitution et le code électoral pour légitimer l’accession au pouvoir de Gnassingbe et le report des élections présidentielles en 2008.

Mais, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA), la France, l’ancienne puissance coloniale, et les Nations unies ont vivement critiqué la passation de pouvoir opérée au Togo et exigé le retour à l’ordre constitutionnel aux termes duquel le président de l’assemblée nationale, Fambare Ouattara Natchaba, aurait dû assurer l’intérim du président défunt et organiser des élections en avril 2005.

L’alliance des six partis d’opposition du Togo a aussitôt condamné et rejeté la décision de Gnassingbe de se maintenir au pouvoir et décidé d’organiser une nouvelle marche de protestation.

Une opposition en colère

“Ce discours n’est que la continuité du coup d’état. Il sera responsable de la destruction du Togo,” a déclaré vendredi soir à IRIN Léopold Gnininvi, le leader de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), quelques temps après qu’Gnassingbe ait exprimé son intention de se maintenir au pouvoir.

“Je supplie la communauté internationale de nous aider rapidement à prévenir le danger pendant qu’il est encore temps,” a ajouté Gnininvi. “Nous risquons d’avoir ici la même situation qu’au Liberia, qu’en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire.”

Les autorités togolaises ont rejeté les accusations de l’opposition selon lesquelles la décision de Gnassingbe de se maintenir au pouvoir ne signifiait pas un retour réel à l’ordre constitutionnel.

Faure Gnassingbe se maintient au pouvoir
Pour l’opposition, les députés ont précipitamment destitué le président de l’assemblée nationale, Natchaba, et nommé en remplacement Gnassingbe pour permettre au fils du président défunt d’assumer officiellement la succession de son père.

“La révision de la constitution est complètement indépendante de la procédure qui a permis la nomination de Faure Gnassingbe au poste de président de l’assemblée nationale,” a déclaré à la télévision le ministre de la Communication, Pitang Tchalla, après la déclaration du président.

Selon lui, les prérogatives de l’assemblée nationale lui permettent de modifier le code électoral dès qu’elle le juge nécessaire et cette modification a été faite pour que des ministres puissent être nommés députés et potentiellement chefs de groupes parlementaires. Et puisque Gnassingbe était ministre de Travaux publics, des mines et des télécommunications lorsque son père est décédé, il pouvait donc être élu président de l’assemblée nationale.

A en croire Tchalla, l’armée a rapidement confié les rênes du pays à Gnassingbé parce que le président de l’assemblée nationale Natchaba était absent du territoire national et qu’elle craignait une vacance du pouvoir.

Mais le ministre de la Communication a omis de préciser que l’armée avait décrété la fermeture de l’espace aérien togolais pour empêcher que ne se pose à Lomé l’avion qui ramenait d’Europe Natchaba.

L’ancien président de l’assemblée nationale a été contraint d’atterrir à Cotonou, la capitale du Bénin voisin où il vit depuis la prise de pouvoir de Gnassingbe.

Un groupe de 50 avocats revêtus de leurs robes noires s’est réuni vendredi sur les marches des tribunaux de la capitale pour protester contre la manière dont Gnassingbe s’est joué de la constitution du pays. Entre temps, des professeurs d’université entamaient leur deuxième jour de grève pour fustiger les conditions du transfert du pouvoir au Togo.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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