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Investiture controversée du fils du président défunt

Faure Gnassingbe was formally sworn in as Togo's new president on 7 February 2005, after his father's sudden death in office. But African and world leaders denounced the move as a military coup and opposition parties called a two-day general strike in pro IRIN
Après avoir été élu président de l’assemblée nationale, Faure Gnassingbe a été nommé officiellement lundi président de la République du Togo en remplacement de son père décédé subitement samedi dernier dans l’exercice de ses fonctions.

En Afrique comme dans le reste du monde, de nombreux chefs d’Etat ont dénoncé ce coup d’état militaire et certains partis de l’opposition nationale ont appelé à une grève générale de deux jours pour protester contre cette usurpation du pouvoir.

Quelques heures après l’annonce du décès samedi du doyen des chefs d’Etat africain, Gnassingbe Eyadema qui a présidé aux destinées du Togo pendant 38 ans, les responsables de l’armée nationale togolaise ont suspendu la constitution et confié le pouvoir à un des fils du défunt, Faure Gnassingbé, qui occupait auparavant les fonctions de ministre des Travaux publics, des Mines et des Télécommunications au sien du gouvernement du Premier ministre Sama.

En vertu de la constitution, l’intérim présidentiel devrait être assuré par le président de l’assemblée nationale, Fambare Ouattara Natchaba, mais les autorités militaires se sont empressées de fermer les frontières du Togo pour l’empêcher de rentrer au pays après son séjour à l’étranger.

L’Union africaine (UA) a qualifié cette initiative de "coup d’Etat militaire" et les forces françaises basées au Togo ont été mises en état d’alerte.

Pour tenter d’apaiser la communauté internationale, l’assemblée nationale togolaise, dominé par les députés de la mouvance présidentielle, a amendé la constitution dimanche dernier afin de légaliser la prise de pouvoir de facto de Faure Gnassingbe.

Voté sans aucun débat, cet amendement a également permis à Faure Gnassingbe d’achever le mandat de son père qui expire en 2008.

Mais cette initiative des parlementaires togolais ne semble pas avoir rassuré la communauté internationale.

Les diplomates des Nations unies, de l’Union européenne, des Etats-Unis et du Nigeria, la superpuissance régionale en Afrique de l’ouest, ont boycotté lundi la cérémonie d’investiture du nouveau président Faure Gnassingbe.

Lors de sa prestation de serment, Gnassingbe, qui occupait précédemment les fonctions de ministre des Travaux publics, des Mines et des Télécommunications, a déclaré : «Je tiens solennellement à respecter et à défendre la constitution que le peuple togolais s’est librement donné».

Le président nigérian et actuel président en exercice de l’Union africaine, Olusegun Obasanjo, a appelé ses homologues africains à ne pas reconnaître la légitimité de Faure Gnassingbe en tant que nouveau président du Togo.

"Aucun chef d’Etat africain ne devra accepter ce qui s’est passé dans ce pays tant qu’il n’y aura pas une transition démocratique", a déclaré à la presse Obasanjo lors de son séjour en Zambie. "Les événements qui se sont déroulés depuis la mort du président Eyadema ne nous garantissent pas qu’ils auront une suite pacifique dans ce pays."


Inquiets de voir que le Togo pourrait devenir un nouveau de pôle de déstabilisation dans une région déjà en proie à l’instabilité, la Communauté économique des 15 états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), dont le Togo est membre, a convoqué d’urgence un sommet extraordinaire mercredi prochain pour débattre de la situation au Togo.

"C’est la voie la plus dangereuse"

"Ce qui s’est passé au Togo n’honore pas l’Afrique... Nous avons conseillé à nos frères togolais de ne pas s’engager dans cette voie. C’est la voie la plus dangereuse", a indiqué à la BBC le président du Niger Mamadou Tandja, actuel président en exercice de la CEDEAO.

"Notre position est que nous devons suivre la voie démocratique dans le respect de la constitution. Organiser des élections démocratiques. Qu’il s’agisse d’Eyadema Junior ou d’un autre homme politique, le peuple togolais doit choisir le président qu’il veut," a-t-il ajouté.

Avec la révision de la constitution, Faure Gnassingbe peut se maintenir au pouvoir jusqu’en 2008, année qui aurait correspondu à la fin du mandat présidentiel de son père. Mais avant les amendements apportés à la constitution, le président de l’assemblée nationale aurait dû assurer l’intérim du président en cas de vacance du pouvoir et convoqué des élections présidentielles dans les 60 jours.

Le ministère français des Affaires étrangères s’est fait l’écho des recommandations des chefs d’Etat africains indiquant que la France «rappelle en particulier l’importance qu’elle attache à l’organisation rapide d’élections libres et démocratiques pour mettre un terme à la transition ouverte par la disparition du président Eyadema et donner leur légitimité aux institutions».

Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Anna y est allé aussi de son commentaire.

«Le secrétaire général s’est dit préoccupé par le fait que le transfert du pouvoir ne s’est pas fait dans le strict respect des dispositions de la constitution», a indiqué le bureau d’Annan dans un communiqué.

Les autorités togolaises ont rouvert lundi toutes les frontières du pays après avoir fermé l’aéroport international de Lomé dès l’annonce du décès d’Eyadema' samedi soir.

Cette décision a contraint le vol de la compagnie Air France qui transportait Natchaba, en provenance d’Europe, à se poser à Cotonou, la capitale de l’Etat voisin du Bénin. L’ancien président de l’assemblée nationale qui s’y trouvait bloqué a été destitué puis remplacé par Faure Gnassingbe qui pouvait dès lors occuper les fonctions de président, comme le prévoit la constitution en cas de vacance du pouvoir.

Malgré la réouverture lundi des axes routiers vers les pays frontaliers que sont le Ghana, le Bénin et le Burkina Faso, certains signes de tensions étaient palpables.

Des informations faisant état de l’intervention de la police sur le campus universitaire de Lomé pour disperser une manifestation d’étudiants ont semé la panique au sein de la population et fait craindre un renforcement général des mesures de sécurité par les forces de l’ordre. A en croire un correspondant d’IRIN, des mères sont venues chercher précipitamment leurs enfants dans les écoles du quartier situé à proximité de l’université et des commerçants du marché ont fermé leurs boutiques.

Deux journées de "Togo mort"

Le chef de l’opposition togolaise en exil, Gilchrist Olympio, a appelé la population à descendre dans les rues et à manifester pacifiquement pour chasser Gnassingbe du pouvoir.

"Cette situation ne sera pas acceptée dans le pays, ni à l’extérieur. Elle ne durera pas longtemps", a confié Olympio à Reuters, depuis Paris.

Le père de Gilchrist Olympio, Sylvanus Olympio, était le premier président du Togo indépendant assassiné par Eyadema lors du coup d’Etat militaire de 1963. Au fil des années, Gilchrist Olympio est devenu le symbole de la résistance au régime autoritaire d’Eyadema, mais il n’a pu se présenter contre ce dernier aux élections présidentielles de 2003.

Quelques heures après l’appel lancé par Olympio, le gouvernement togolais interdisait pendant deux mois toute marche ou manifestation publique.

Mais sans se laisser décourager, les partis d’opposition togolais ont appelé les 5 millions de personnes que compte le pays à déclencher un mouvement de grève généralisé de deux jours pour protester contre la prise du pouvoir par Gnassingbe.

"Nous lançons un appel solennel à l’ensemble de la population pour qu’elle observe deux journées de Togo mort. Tout le monde doit rester à la maison mardi et mercredi pour montrer leur opposition au d’état militaire", a indiqué l’opposition dans un communiqué de presse.

Selon certains diplomates occidentaux contactés par IRIN, la garantie de la stabilité et de la démocratie en Afrique de l’ouest passe impérativement par l’instauration d’un dialogue sérieux entre le gouvernement et les partis d’opposition. Une telle initiative, ont-ils ajouté, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles élections.

Dans le cas contraire, les pays risquent d’être isolés sur le plan international et faire l’objet de sanctions économiques, ont-ils prévenu.

Eyadema est décédé pendant que son pays négociait avec l’Union européenne (UE) la reprise de l’aide européenne au Togo suspendue depuis 1993 pour des raisons de mauvaise gouvernance, de déficit démocratique et de violation des droits de l’homme.

"Avant tous ces événements, le Togo était sur le point de normaliser ses relations avec les pays donateurs", a indiqué à IRIN un diplomate européen en poste à Lomé.

"La situation politique au Togo a changé en moins de deux jours", a indiqué le diplomate. "Je pense qu’il nous faudra du temps pour voir comment les choses vont évoluer."

Dans les rues de Lomé, certains habitants de la capitale étaient plus pessimistes.

«A ce rythme, nous sommes sur les pas de la Cote d'Ivoire et je crains le pire pour mon pays», a indiqué un jeune homme, du nom de Nicol"."

Une grève largement suivie

Bien que largement suivie, la grève n’a pas paralysé mardi les activités économiques dans la capitale Lomé. Le trafic y était plus fluide, mais la majorité des établissements scolaires étaient fermés. Les banques et le marché sont restés ouverts, mais il y avait très de clients.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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