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L’accord de paix de Ziguinchor laisse augurer des jours meilleurs pour la Casamance en 2005

Country Map - Senegal (Casamance) IRIN
Senegal's troubled Casamance province
Le gouvernement sénégalais et le mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) ont signé jeudi dernier un accord de paix, mettant fin à 22 ans de conflit dans cette région sud luxuriante mais ruinée qui fut jadis le grenier du Sénégal et une destination touristique très prisée.

Le président Abdoulaye Wade, des membres de son gouvernement et une forte délégation d'ambassadeurs étrangers et d'officiels sénégalais étaient présents jeudi à Ziguinchor capitale de la région sud située à 450 km de Dakar, entre la Gambie et la Guinée Bissau.

«Cet accord n’est pas un de plus», a lancé le président Wade à une foule en liesse, faisant ainsi référence aux accords de cessez-le-feu de 1991 et 2001 qui n’ont jamais été respectés et aux interminables négociations entreprises pendant deux décennies pour mettre un terme au conflit qui a ruiné l’économie de la région.

L’accord de paix de Ziguinchor du 30 décembre mettant fin au conflit en Casamance a été signé par le ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et le chef historique du MFDC, l’abbé Diamacoune Senghor, âgé aujourd’hui de 77 ans.

Plusieurs membres de factions dissidentes du mouvement rebelle ont refusé de parapher l’accord de paix et il est difficile de déterminer avec certitude leur réel poids politique ou les conséquences à longs termes de leur refus.

La presse sénégalaise et les populations de Casamance ont exprimé le vœu de voir l’accord de Ziguinchor ramener cette fois-ci une paix durable dans la région. Des affiches célébrant la paix étaient placardées dans les rues de la ville, des radios et la télévision nationale retransmettaient en direct la cérémonie de signature de l’accord de paix, et les quotidiens affichaient vendredi à la Une le texte de l’accord de paix.

Les communautés musulmane et catholique de Casamance ont également célébré l’événement en organisant des séances de prière en hommage à la paix retrouvée.

Dans un communiqué publié depuis son siège à Addis Abeba, l’Unité africaine a déclaré «qu’elle appuie l'accord de paix et espère qu’il ouvrira une nouvelle ère de réconciliation et de reconstruction dans la région sud du Sénégal».

Depuis le début du conflit en 1982, près de 50 000 personnes ont été déplacées, des centaines d’autres blessées par des mines anti-personnelles et l’économie jadis florissante de la région, a été complètement ruinée.

Une bonne partie des terres fertiles de la Casamance (région essentiellement agricole où l’on cultive du riz, des noix de cajou et des mangues) a été laissée à l’abandon et le taux de fréquentation des complexes hôteliers construits pour touristes fortunés a considérablement baissé.

De l’argent au service de la paix

La Casamance ayant désespérément besoin de redynamiser son économie, l’accord de paix permettra à la région de bénéficier des 62 milliards de francs CFA (129 millions de dollars américains) fournis par 19 bailleurs internationaux pour financer des projets de reconstruction ; pour sa part, le gouvernement sénégalais prévoit d’injecter de nouveaux fonds pour la relance de l’activité économique dans la région.

Jusqu’ici, les autorités sénégalaises avaient bloqué le démarrage du programme de reconstruction économique de la Casamance, attendant que des progrès significatifs soient enregistrés dans le processus de paix. Les fonds disponibles seront investis dans la reconstruction des routes et des villages, dans le développement du tourisme, de l’industrie du bois et de la pêche.

Une amélioration progressive de la situation économique de la région permettra de s’attaquer aux principales causes de la rébellion des Diolas, un groupe ethnique de la Casamance, qui se plaignaient d’être marginalisés par les Wolofs, le groupe ethnique majoritaire au Sénégal. Par ailleurs, le projet de sécession des rebelles a été rendu d’autant plus facile que la région de la Casamance soit isolée du reste du Sénégal par la Gambie, pays anglophone.

Selon les termes de l’accord qui tient en cinq points, le MFDC «décide solennellement une fois pour toute de ne plus recourir à la lutte armée et à la violence».

Le gouvernement pour sa part s’est engagé à amnistier les ex-combattants et à garantir la réinsertion des maquisards qui le désirent.

L’accord prévoit aussi le déminage de la région et une assistance aux rapatriés, ainsi que la reconstruction de la Casamance.

Un comité de contrôle constitué de toutes les parties a été mis sur pied pour superviser le cessez-le-feu et un autre groupe se chargera de veiller à la démobilisation des ex-combattants et à la restitution de leurs armes sous le contrôle du Comité International de la Croix Rouge (CICR) et de l’organisation non-gouvernementale Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO).
Le président Wade

En mars 2000, l’élection du président Wade a donné un nouvel élan aux négociations engagées avec le mouvement séparatiste pour mettre fin au long conflit de la Casamance. Privilégiant le dialogue direct avec les séparatistes, le président Wade a rencontré en mai 2003 le chef historique du MFDC, l’abbé Diamacoune Senghor.

Sous le régime de l’ancien président Abdou Diouf, le Sénégal s’était trouvé un allié inespéré en la personne de Koumba Yala, l’ancien président de la Guinée Bissau qui a longtemps servi de base arrière aux séparatistes.

Elu en 2000 a la tête de l’état Bissau guinéen, le président Kumba Yala a mis fin aux faveurs que ses prédécesseurs accordaient aux séparatistes casamançais. Il envoya son armée détruire les bases des rebelles installées de long de la frontière avec le Sénégal, des actions qui ont largement contribué à affaiblir les capacités militaires des forces rebelles.

Des milliers de personnes déplacées par le conflit ont attendu le retour de la paix en Casamance pour revenir chez elles. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), près de 7000 personnes se sont réfugiées en Guinée Bissau et quelque 500 réfugiés casamançais ont été enregistrés en Gambie.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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