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Les services de santé victimes de la chute du prix de la canne à sucre

Twana Dlamini, a person living with HIV/AIDS, lies helpless in bed. The nearest government hospital where she can access treatment is 70 km away, 4 July 2006, Swaziland. About a third of all adults in Swaziland are infected with HIV. Thousands of children Kristy Siegfried/IRIN
Les prochaines réformes européennes sur le sucre entraînent dans la tourmente la province de Lubombo et plus précisément les personnes séropositives de cette région du Swaziland, dont l’économie dépend de la culture de la canne à sucre. Le Swaziland compte parmi les 18 Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique à avoir bénéficié pendant 30 ans d’un accord international, lui permettant d’exporter vers l’Union européenne (UE) à un prix subventionné, trois fois et demi supérieur au prix normalement pratiqué. Cependant, l’Organisation mondiale du commerce a jugé que ces accords préférentiels étaient injustes et a exhorté l’UE à réduire de 36 pour cent le prix du sucre d’ici les trois prochaines années. Une première réduction de cinq pour cent devrait être appliquée dès le mois de juillet.. Comme le reste du pays, la province de Lubombo doit ses infrastructures -de son réseau routier à ses logements en passant par ses écoles et ses hôpitaux- à l’industrie du sucre. Mais cette industrie est sur le déclin et les sociétés commencent déjà à réduire leurs services. Par exemple, Royal Swaziland Sugar Corporation (RSSC), le plus grand producteur sucrier du pays, a fermé une de ses quatre cliniques et en a fait fusionner deux autres ; la compagnie Ubombo Sugar Limited prévoit, elle aussi, d’adopter des mesures restrictives. Le docteur Tim Nunn, responsable médical auprès de Ubombo Sugar Limited, a indiqué à PlusNews que le seul hôpital du district, qui avait été fondé par la compagnie sucrière, menaçait de devenir une simple clinique d’ici la fin de l’année. «A cause des réformes européennes, on nous a dit que les soins de santé n’étaient plus la priorité», a-t-il expliqué. «Pourtant, le VIH/SIDA a jusqu’alors été au centre de nos préoccupations.» Selon le docteur Tim Nunn, la réduction du personnel et la fermeture de certains services hospitaliers risquent de compromettre leurs capacités à soigner et à surveiller les patients séropositifs, souffrant de graves infections opportunistes et de complications médicamenteuses. «Ces personnes n’ont pas d’autre choix que de se rendre dans un centre de santé public, situé à 70 km d’ici, où le personnel et les équipements font défaut. Les soins qui y sont prodigués sont loin d’être de la qualité des services que nous offrons ici», a-t-il ajouté. Les services médicaux proposés par les sociétés sucrières s’adressent aux employés et à leur famille, ainsi qu’aux membres de la communauté qui peuvent s’acquitter des frais médicaux. Mais compte tenu de la chute du prix du sucre et de l’augmentation du coût de production, de plus en plus de petits producteurs n’ont plus les moyens de travailler leurs lopins de terre, de nourrir leur famille et encore moins de payer leurs frais médicaux. La canne à sucre payait les ARV Les profits tirés de l’exploitation de la canne à sucre dans la région agricole de Vuvulane ont permis à Twana Dlamini de payer son traitement antirétroviral (ARV), d’un montant mensuel de 600 lilangenis (80 dollars). Les médicaments ARV sont désormais distribués gratuitement à l’hôpital public de Siteki, mais Twana Dlamini, une jeune femme de 33 ans et mère de deux enfants, a arrêté son traitement au mois d’avril, car elle n’avait pas les moyens de se rendre tous les mois à l’hôpital. Bien qu’elle ait dû rester alitée pendant plusieurs jours, après avoir été victime d’une attaque, cela fait un an que Twana Dlamini n’est pas allée consulter un médecin. Sa mère, une femme âgée, se bat pour faire vivre la famille. «Nous n’avons pas d’argent pour acheter de quoi manger, surtout en ce moment avec le problème du prix de la canne à sucre», a confié Twana Dlamini. Les résultats d’une campagne de dépistage du VIH/SIDA menée par RSSC, parmi les employés, en 2002, ont révélé que le taux de prévalence dans la région était égal à la moyenne nationale estimée à 38,8 pour cent – le taux de prévalence le plus élevé au monde. Comme le sida a emporté des ouvriers et que les familles doivent dépenser plus d’argent afin de s’occuper des malades et des orphelins, les économies faites lorsque le secteur de la canne à sucre se portait bien sont déjà épuisées, a expliqué le docteur A. Phillip, responsable médical à l’hôpital Good Shepherd à Siteki, le seul hôpital public de Lubombo. Chaque jour, entre 150 et 200 personnes fréquentent les services VIH/SIDA du Good Shepherd. Mais on estime à un plus grand nombre les gens qui ne viennent pas suivre un traitement car ils n’ont pas les moyens de payer les frais minimes demandés par l’hôpital. Les malades qui débutent une thérapie se trouvent face à un défi : ils doivent réussir à supporter le traitement le ventre vide. Les pertes d’emploi dans l’industrie sucrière ont accentué les ravages de la pauvreté et du VIH/SIDA. Faith Motsa, chargée du développement et des services communautaires auprès de RSSC, a souligné que les restrictions budgétaires avaient des répercussions graves sur les communautés, puisque le salaire d’une personne fait vivre dix personnes, voire plus. «Si un salaire disparaît, cela touche tous les membres de la famille élargie, dont les ressources ont souvent déjà diminué à cause du VIH/SIDA», a-t-elle expliqué. Des restriction budgétaires aux conséquences multiples Les mesures de délocalisation prises par RSSC, en vue de réduire les coûts de production, ont également des conséquences désastreuses, notamment pour les personnes vivant avec le VIH. Selon Faith Motsa, les ouvriers «qui ont eu la chance» d’être embauchés par les nouvelles sociétés ne touchent que 50 pour cent de leur ancien salaire et ne bénéficient pas des services médicaux gratuits proposés par les cliniques des entreprises. Certains employés ont accepté d’être licenciés pour des raisons de santé et en échange leur famille reçoit des indemnités d’assurance vie. «Nous avons probablement réduit l’espérance de vie de ces individus, qui autrefois auraient pu se rendre à la clinique et recevoir un traitement», a-t-elle reconnu. Ces restrictions budgétaires ont de multiples conséquences. «Nous n’avons touché à aucun de nos centres de conseils et de dépistage volontaire (CDV). Cependant, les restrictions financières détournent l’attention des gens, et ces derniers sont de moins à moins nombreux à venir dans les centres de CDV. Ils se font du souci pour leur avenir», a déclaré Faith Motsa. La baisse des recettes générées par les exportations sucrières risque d’avoir des répercussions sur la capacité du gouvernement à augmenter le budget alloué à la santé et aux services qui étaient autrefois subventionnés par les producteurs de sucre. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme finance les ARV au Swaziland. Cependant, selon Tatjana Peterson, gestionnaire de portefeuille du Fonds pour le Swaziland, l’absence de système de gestion des patients et des médicaments ainsi que la pénurie de personnel médical entravent le programme national de distribution d’ARV et menacent la qualité du traitement. L’hôpital du Good Shepherd manque lui aussi de personnel. En effet, seuls un docteur et deux infirmières travaillent dans le service VIH/SIDA et doivent s’occuper des quelque 200 000 patients, venus de l’ensemble de la région. Au mois d’avril, six cliniques régionales ont commencé à distribuer des ARV, soulageant ainsi la charge de travail du personnel du Good Shepherd et redonnant espoir à Twana Dlamini et aux autres patients. «Nous nous battons pour arriver à tout prendre en charge», a conclu le docteur A. Phillip.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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