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La pénurie de préservatifs dans le nord menace les efforts de prévention

[Uganda] Night Stayers, Gulu Kitgum, northern Uganda. Credit: Valerie Julliand - Head of OCHA Regional Support Office for Central and East Africa. Valerie Julliand
Les préservatifs se font rares dans les camps de déplacés de Gulu, dans le nord du pays
Sur l’étagère de l’officine du camp de déplacés internes d’Unyama, près de la ville de Gulu, dans le nord de l’Ouganda, deux boîtes de préservatifs ‘Lifeguard’ et de ‘Protector’ reposent, vides, à côté de médicaments contre le paludisme et le rhume. «Nos stocks sont souvent épuisés», reconnaît Kevin Kipwola, qui gère l’officine. «Nous achetons une boîte de ‘Lifeguard’ et de ‘Protector’ chaque semaine en ville, soit au total 40 préservatifs.» Aucun préservatif ‘Engabo’, distribué gratuitement par le gouvernement, n’est disponible dans le camp depuis mi-2005, selon le docteur Peter Kusulo, directeur des services sanitaires du district de Lira. Des responsables sanitaires ont dit qu'une grave pénurie de préservatifs touche le nord de l’Ouganda, compromettant ainsi les efforts déployés pour freiner la propagation du VIH/SIDA. Selon une étude nationale de séroprévalence menée en 2004-2005, le taux national de séroprévalence s’élèverait à 6,4 pour cent. Cependant, dans le nord de l’Ouganda, une région ravagée par la guerre, où la population n’a pas accès aux services de prévention, de soins et de conseils, il dépasserait les neuf pour cent. Pour un grand nombre d’Ougandais, l’approvisionnement erratique en préservatifs gratuits dans les districts du nord du pays prouve que le gouvernement délaisse la promotion de l’utilisation du préservatif en faveur de l’abstinence et de la fidélité. Vesta Kibirige, qui coordonne la distribution des préservatifs au niveau du gouvernement, a reconnu l’existence de la crise et a affirmé à PlusNews que les régions du nord du pays allaient être approvisionnées en préservatifs au mois de juin. «Quelques 2,5 millions de préservatifs se trouvent dans les magasins médicaux nationaux et attendent d’être expédiés vers le nord, les stocks devraient durer jusqu’à deux mois», a-t-elle expliqué. Le conflit qui oppose depuis une vingtaine d’années les forces gouvernementales aux rebelles de l'armée de résistance du seigneur (LRA) a provoqué plus de 1,7 millions de personnes déplacées, qui vivent entassées dans des camps insalubres, dans une extrême pauvreté. Certains ont sombré dans la prostitution et l’alcoolisme, les comportements sexuels à risque et les violences sexuelles sont courants. Les efforts déployés afin de sensibiliser les populations sur les dangers des rapports sexuels non protégés et sur les risques de transmission du virus ont permis d’augmenter la demande en préservatifs. Mais, selon le docteur Paul Onek, directeur des services sanitaires du district de Gulu, les centres de santé ne peuvent satisfaire la demande. «Le nombre de préservatifs gratuits envoyés par le ministère de la Santé a baissé : avant, nous recevions 50 000 préservatifs tous les trois mois mais maintenant cela fait deux mois que nos stocks sont épuisés», a déclaré le docteur Paul Onek. Les responsables sanitaires locaux ont cessé de distribuer des ‘Engabo’ dans les pharmacies, les bars et les hôtels. Ils ont également dû revoir leur message de prévention. «Les personnes déplacées internes nous demandent où sont les préservatifs», a expliqué le docteur Peter Kusulo. «Alors nous avons dû réduire nos efforts de sensibilisation.» La pénurie de préservatifs menace les efforts de prévention Selon le docteur Onek, le pénurie de préservatifs est liée aux problèmes rencontrés l’année dernière avec la livraison de préservatifs ‘Engabo’, confectionnés en Chine. En effet, il y a un an, les consommateurs se sont plaints de la mauvaise odeur des préservatifs. Des tests ont ensuite révélé des défauts de fabrication, obligeant le ministère de la Santé à retirer de la circulation des dizaines de millions de capotes. Selon le ministère de la Santé, les premiers lots étaient prêts à être distribués dans les cinq districts du nord du pays : Apac, Gulu, Kitgum, Lira et Pader. Un autocollant jaune a été placé sur l’emballage des nouveaux préservatifs afin de changer l’allure de la marque et de rassurer le public sur la qualité du produit. Le président Yoweri Museveni fut l’un des premiers hommes politiques à mettre en place, dès le début des années 1990, une stratégie de prévention innovante, axée sur trois points et baptisée «ABC». Cette stratégie qui promeut l’abstinence jusqu’au mariage, la fidélité à un partenaire et l’utilisation du préservatif a permis à l’Ouganda de faire chuter son taux de prévalence de plus de 20 pour cent à son niveau actuel. Pourtant, le gouvernement est sous le feu de la critique, soupçonné d’avoir changé de politique au détriment de l’utilisation du préservatif. «Le gouvernement a changé de politique en faveur de l’abstinence», a affirmé le docteur Peter Kusulo. «Les gens ne parlent plus des préservatifs à cause de l’attitude adoptée par les hauts responsables politiques. Ceux qui encourageaient l’utilisation du préservatif commencent à hésiter», a insisté le docteur Onek. Dans un entretien récent accordé à PlusNews, l’ancien ministre de la Santé Jim Muhwezi a garanti que l’Ouganda continuait à appliquer la stratégie ABC. «Nous devons continuer de faire passer le message et dire aux Ougandais que le VIH ne se guérit pas», a-t-il déclaré. «Nous utilisons toujours la même méthode : si tu es jeune, tu pratiques l’abstinence, si tu as un partenaire, tu es fidèle ou tu utilises un préservatif.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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