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L’enfance est en danger, prévient l’Unicef

[Mozambique] Boy. IRIN
Millions of orphans represent a burgeoning crisis
La pandémie du VIH/SIDA a déjà fait des millions d’orphelins en Afrique australe mais le pire est à venir, a prévenu Per Engebak, le directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Afrique de l’Est et australe. A l’occasion de la publication du rapport de l’Unicef 'La situation des enfants dans le monde 2005 : l’enfance en péril', Engebak a indiqué à IRIN que l’Afrique australe comptait déjà près de 15 millions d’orphelins et enfants vulnérables, mais que ce chiffre pourrait passer à 25 millions d’ici l’an 2010. Le rapport note que le VIH/SIDA constitue aujourd’hui l’une "des plus graves menaces pour l’enfance dans le monde", l’Afrique subsaharienne étant l’épicentre de la pandémie et la seule région où le nombre d’orphelins continue d’augmenter. "En Afrique subsaharienne, la plupart des enfants dont un parent ou les deux sont morts, ont été pris en charge au sein de la famille élargie, réseau complexe et solide qui a jusqu’à présent répondu rapidement et continue de prendre en charge environ 90 pour cent des orphelins de la région," note le rapport. "Mais le nombre de victimes de la pandémie du VIH/SIDA est tel que ce filet de protection a été poussé à ses limites en particulier dans les pays les plus touchés tels que le Botswana, le Lesotho, le Swaziland et le Zimbabwe. Les ménages qui ont pris avec eux des orphelins – auxquels ils sont ou ne sont pas apparentés – ont toutes les chances de s’appauvrir, le revenu de leur ménage devant servir à subvenir aux besoins d’un plus grand nombre de personnes à charge." Entre 1990 et 2003, l’espérance de vie a été réduite de plus de 15 ans au Lesotho, au Swaziland, au Zimbabwe et en Zambie, et de six à 15 ans en Afrique du sud, Namibie et Malawi. Cette chute est en grande partie due à la pandémie de VIH/SIDA. La perte des parents fait souvent des enfants les responsables du ménage et le rôle de premier dispensateur de soins est généralement assuré par une personne apparentée. "Dans son rapport 2004 sur les femmes, les jeunes filles et le VIH/SIDA en Afrique australe, le groupe de travail du secrétariat général des Nations Unies souligne le fardeau énorme que supportent les vieilles femmes dans leur rôle de dispensateurs de soins. Le rapport recommande aux gouvernements et partenaires au développement que des allocations sociales et des aides financières soient versées à ces femmes dès que possible," indique l’UNICEF. "A cet effet, le Swaziland a suggéré au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qu’un pécule soit versé aux femmes qui s’occupent d’orphelins et d’enfants vulnérables. En outre, il est important que les femmes et les jeunes filles aient des biens et que le droit à la propriété leur soit garanti pour qu’elles puissent faire face aux difficultés économiques liées au VIH/SIDA." L’Unicef exhorte les gouvernements et partenaires au développement à “renforcer l’environnement protecteur de l’enfant, au niveau de la famille mais aussi à travers des lois nationales et internationales ; à prévoir des financements pour appuyer des programmes en faveur des orphelins et des enfants vulnérables puisque ces programmes ne bénéficient actuellement que d’une faible partie des fonds mondiaux destinés à la lutte contre le VIH/SIDA ; à initier des projets pour les orphelins et les enfants vulnérables ; à faciliter l’accès aux médicaments antirétroviraux pour prolonger la vie des adultes et à mener des campagnes de sensibilisation au VIH/SIDA ; à prévenir de nouvelles infections chez les enfants en appliquant et en adaptant des techniques et des interventions déjà éprouvées ; à supprimer les frais de scolarité et tous les autres obstacles à l’éducation et à combattre la pauvreté et les conflits qui, avec la pandémie VIH/SIDA, amplifient l’impact négatif sur les enfants." HIV/AIDS : la plus grande menace Selon Engebak les "problèmes liés aux VIH/SIDA constituent la plus grave menace pour les enfants d’Afrique australe, tant d’un point de vue du droit à la vie et à la protection que d’un point de vue des besoins de développement." "La situation est particulièrement grave en Afrique australe où, pour l’instant, au moins quatre pays ont une population d’orphelins qui est supérieure ou égale à 20 pour cent de la population enfantine,» a indiqué Engebak. "Mais le pire est à venir et c’est bien ce qui est affligeant – d’après nos estimations, l’Afrique pourrait abriter près de 25 millions d’orphelins d’ici 2010 et, en prenant les hypothèses les plus optimistes, aucune baisse de la tendance n’est envisagée avant 2015 et 2020. Selon l’Unicef, un tiers de la population enfantine sera orpheline au Swaziland, Botswana, au Zimbabwe et au Lesotho. De toute évidence, c’est une situation très préoccupante," a t-il ajouté. Après un séjour de deux jours au Swaziland, Engebak juge la situation des orphelins et enfants vulnérables très traumatisante. "Bon nombre de ces enfants ne sont plus scolarisés parce que leur famille et/ou la communauté ne peut plus payer les frais de scolarité. Ces enfants peuvent être victimes d’abus sexuels ou d’autres formes de violence, ils sont très traumatisés et le système de prise en charge de ces enfants est tout simplement insuffisant," a indiqué Engebak. "On observe la même situation dans la plupart des pays d’Afrique australe – c’est pour cette raison que nous insistons sur la nécessité [pour les gouvernements d’avoir] des plans d’action nationaux en faveur des orphelins. Ces plans sont mis en place actuellement dans tous les pays d’Afrique australe, à l’exception du Botswana qui devrait en avoir un d’ici mi-2005." En collaboration avec l’Unicef et les partenaires au développement, quinze pays d’Afrique subsaharienne ont réalisé une rapide évaluation de la situation des enfants afin de développer leurs plans d’action nationaux. "Ces plans sont un pas dans la bonne direction mais, nous avons besoin d’une réponse immédiate et adaptée pour assurer la survie, la protection, la prise en charge et le soutien de ces enfants," a ajouté Engebak. Pour de nombreux orphelins et enfants vulnérables, la pauvreté est un facteur aggravant. "La plupart de ces enfants est issue de familles démunies. Cette situation est aggravée par le fait qu’un ou les parents sont malades ou vont mourir du sida. Les plus traumatisés sont ces enfants qui deviennent alors deux fois orphelins du fait qu’ils ont perdu leur deux parents," a précisé Engebak. "Nous constatons une forte demande en faveur d’une structure d’appui. De nombreux pays mettent en place des systèmes de prise en charge de voisinage fondés sur une la collaboration des autorités nationales, de la société civile et des organisations religieuses pour assurer des services de soutien et favoriser l’accès à la nourriture et l’aide psychologique – le réconfort moral étant particulièrement important pour ces enfants." Selon Engebak, prolonger la vie des parents qui vivent avec le VIH est un autre aspect important du plan d’action et a un impact direct sur la vulnérabilité des enfants. "Le programme de distribution de médicaments antirétroviraux et de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant sont particulièrement importants. Ces services de prévention doivent obligatoirement inclure le dépistage du VIH grâce auquel les mères peuvent connaître leur sérologie. De même, ils permettent de s’assurer que les groupes à haut risque sont dépistés correctement et, s’ils s’avéraient positifs, que les mesures appropriées sont prises pour minimiser le risque de transmission de la mère à l’enfant. De telles mesures sont intégrées aux plans d’action nationaux, mais le défi actuellement est de pouvoir financer ces plans pour permettre leur mise en œuvre," a précisé Engebak. Au Swaziland, le système de prise en charge de voisinage touche au moins 30 pour cent des 120 000 orphelins du pays. "La suppression des frais de scolarité sera aussi un élément très important du dispositif de protection des enfants, bien qu’aucun accord n’ait encore été conclu à ce sujet. J’ai rencontré le ministre de l’éducation [mercredi] et il s’est engagé à trouver une solution pour supprimer les frais de scolarité des orphelins du Swaziland," a ajouté Engebak. L’Unicef a identifié trois zones d’intérêt stratégique dans la région. "D’abord la nécessité pour les orphelins d’avoir un filet de protection sociale qui du reste, a déjà été mis en place dans plusieurs pays. En Afrique du sud par exemple, 2,2 millions d’enfants bénéficient d’allocations sociales. Le pays offre une protection sociale à la plupart des orphelins – même si tous ne l’utilisent pas, elles bénéficient à de nombreux orphelins. L’Afrique du sud dispose aussi d’un très bon système social qui accorde une place prépondérante aux familles d’accueil. Des pays comme le Botswana et la Namibie se sont aussi dotés d’un tel système mais sa couverture reste limitée," a indiqué Engebak. "Certains pays ont privilégié les cantines scolaires grâce auxquelles des orphelins reçoivent aussi des rations alimentaires pour les autres frères restés à la maison – un système qui s’est avéré assez efficace et bien ciblé. La Zambie, par exemple, a envisagé un système de bourse scolaire accordée aux élèves des cours secondaires. D’autres pays ont choisi de supprimer les frais de scolarité, une solution qui s’est avérée elle aussi efficace. Il existe donc de nombreux programmes de protection et nous espérons que ces pays continueront de développer des plans d’action bien ciblés," a t-il ajouté. Ensuite, de nombreux pays étudient désormais la possibilité de mette en œuvre des programmes de protection, de prise en charge et de soutien tels que les programmes de prise en charge de voisinage. "Ceux-ci se sont avérés assez efficaces, mais ils mettent du temps à toucher la majorité des orphelins, ce qui pour nous reste un grand défi," a fait remarquer Engebak. "Enfin, un nombre important d’adolescents de 14 à 18 ans ont besoin d’une formation pour leur permettre de gagner leur vie. Dans ce domaine, il faut tenir compte du fait que dans la plupart des pays d’Afrique australe, les pratiques agricoles se passent traditionnellement de père en fils, et les techniques de plantation, de génération en génération. "Mais la plupart de ces adolescents n’ont pas les compétences requises. Avec Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), nous mettons en place un programme agricole en faveur des jeunes orphelins et leur donnons une formation pour leur permettre de gagner leur vie. Il est important aussi de cibler les jeunes filles et les jeunes gens des zones urbaines afin de leur donner une formation professionnelle pour qu’ils puissent s’insérer progressivement dans le marché du travail," a expliqué Engebak. Un grand besoin de financements Concernant ces plans, "les engagements existent, mais les financements font largement défaut", a indiqué Engebak. "La plupart des éléments stratégiques ont été identifiés et sont éprouvés. Ce qui nous manque, ce sont les financements pour les mettre en œuvre. Nous croyons fermement que le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté définis par les pays en collaboration avec la Banque mondiale devrait cibler les segments les plus vulnérables de la population. Les programmes sectoriels [du gouvernement] doivent également cibler les orphelins, et une partie des financements internationaux collectés – par le biais du Fonds mondial ou d’autres organismes – devra être utilisée pour répondre aux besoins des orphelins," a préconisé Engebak. Selon lui, tous les progrès réalisés dans la région dans le domaine de la mortalité infantile et chez les moins de cinq ans sont aujourd’hui perdus. "Tous les avantages des progrès réalisés au cours des années 80 et 90 sont en train d’être perdus, en particulier lorsqu’il s’agit des taux de mortalité infantile chez les moins de cinq ans. C’est le cas des pays comme le Zimbabwe ou le Botswana qui avaient réalisé d’énormes progrès. Une action immédiate doit être entreprise, car le pire est à venir," a prévenu Engebak. Le rapport de l'Unicef

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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