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La guerre civile entrave les efforts pour ameliorer l'acces au traitement contre le sida

La Côte d’Ivoire ne parviendra pas à soigner 63 000 personnes d’ici fin 2005 comme elle s’y était engagée, après la destuction des infrastructures sanitaires au cours des combats dans l’ouest et du départ du personnel médical dans les zones nord, sous contrôle rebelle, a dit Mamoudou Diallo, conseiller de l’Onusida pour la Côte d’Ivoire. «Il y a trop de choses à faire dans ce pays et le délai me semble bien trop court pour atteindre nos objectifs. Nous n’y parviendrons pas,» a dit Diallo à PlusNews tandis qu’il participait à une rencontre de l’Onusida dans la capitale sénégalaise. Selon Mamoudou Diallo, seulement 2 300 personnes bénéficient d’un traitement antirétroviral (ARV) en Côte d’Ivoire, malgré la disponibilité des fonds et des médicaments subventionnés – le prix du traitement est de 5 000 francs CFA (10 dollars US) par trimestre et est gratuit pour les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes. Il a ajouté que les conditions de vie de 12 000 personnes, en besoin urgent de traitement, pourraient être considérablement améliorées par les ARV si elles pouvaient y avoir accès. L’objectif que s’est assignée la Côte d’Ivoire relève de l’Initiative «Trois fois cinq» coordonnée par l’Onusida à travers le monde, qui vise à mettre trois millions de personnes sous traitement d’ici 2005. Cependant, la destruction des infrastructures médicales et hospitalières après deux années d’une guerre civile meutrière nuit à la prise en charge des personnes infectées, a dit Diallo. Le conflit, qui a éclaté en septembre 2002, a multiplié les comportements à risque et a aggravé l’usage des drogues dures, notamment dans les zones sous contrôle rebelle, ce qui fait craindre une aggravation de l’épidémie de VIH/SIDA dans le pays. Les agences humanitaires présentes en Côte d’Ivoire ont dit à PlusNews sous couvert d’anonymat que le gouvernement du président Laurent Gbagbo rendait difficile la mise en place de centres de traitement et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans les zones sous contrôle rebelle – où un quart des 16 millions d’habitants du pays vit. Diallo n’a pas souhaité commenter ces informations. Lors de la réunion de Dakar à laquelle il participait, les responsables de l’Onusida pour l’Afrique ont confirmé leur décision de quitter Abidjan pour Dakar, en raison de l’instabilité qui prévaut en Côte d’Ivoire depuis le déclenchement de la guerre. Les mouvements de population entre les différentes zones de commandement ont rendu extrêmement difficile la localisation et l’identification des personnes vivant avec le VIH/SIDA, qui ont un besoin immédiat de soins et de traitement, a expliqué Diallo. «Il n’y a plus vraiment de problèmes de financement en Côte d’Ivoire : la grosse difficulté est désormais de localiser les personnes qui ont besoin d’aide et de les convaincre de se faire tester,» a dit Diallo. Il a ajouté que la majorité des infrastructures sanitaires dans l’ouest du pays, que ce soit côté gouvernemental ou rebelle, avait souffert lors des combats meutriers qui ont secoué cette région lors de la première année de conflit. Cette zone, frontalière avec le Liberia, est toujours instable, en proie à des violences entre communautés et bandes armées. Bien que le nord du pays soit beaucoup plus calme, la situation sanitaire reste difficile après le départ d’une grande partie du corps médical vers le sud, a constaté Diallo. Les centres de santé n’ont pas été approvisionnés en médicaments depuis deux ans et n’ont même plus les équipements de base pour soigner les patients. Diallo a exorté les fonctionnaires de la santé et le personnel médical de retourner sur leurs lieux de travail. «Le système public ne fonctionne pas dans l’ouest, il n’y a plus de personnel médical et les infrastructures ont été détruites. Nous avons un énorme besoin de personnel pour s’occuper de ces gens,» a dit Diallo. Depuis la fin officielle des combats, en mai 2003, les troupes françaises et les casques bleus contrôlent une zone tampon qui sépare l’armée nationale et la rébellion. Mais la situation reste tendue, les rebelles refusant de désarmer tant que le président Gbagbo n’aura pas engagé les profondes réformes politiques qu’il a promises à l’issue du sommet d’Accra en juillet. «La violence est devenue courante et les viols plus que probables. La guerre a changé le comportement (sexuel) des gens, surtout des jeunes, ce qui les exposent à des risques très sérieux,» a dit Diallo. «Les personnes infectées par le virus et celles qui subissent les conséquences de la pandémie sont livrées à elles-mêmes et attendent de l’aide,» a t-il ajouté. «Mais nous ne pouvons pas travailler si les infrastructures ne sont pas remises en état et si le personnel n’est pas de retour pour prescrire les médicaments, conseiller et soigner les patients». Au cours d’une visite d’une mission humanitaire des Nations Unies mi-août dans le nord et l’ouest du pays, Diallo a constaté que les populations manquaient des services de base tels que les soins médicaux, l’approvisionnement en eau et en éducation. Les médicaments et les équipements ont été pillés dans les hôpitaux et les centres de santé et le système de surveillance épidémiologique a été paralysé. La Côte d’Ivoire a le taux de prévalence du VIH le plus élevé d’Afrique de l’Ouest, le ministère de la Santé estimant que 9,5 pour cent de la population sont séropositifs. Mais selon la mission de l’Onu, certaines régions du nord du pays pouvaient subir un niveau d’infection deux fois supérieur à la moyenne nationale. «La situation est très préoccupante dans le nord et constitue une menace très sérieuse,» a confirmé Diallo. «Les commandants des Forces Nouvelles nous ont confié qu’ils avaient des problèmes de drogue, d’alcool et de prostitution," a indiqué Diallo. «Ils sont très préoccupés par la corrélation entre la consommation excessive de stupéfiants, notamment l’alcool et les drogues dures, et les risques d’infection du VIH». Pour Mamoudou Diallo, l’urgence est d’augmenter le nombre de centres de santé à travers le pays afin d’accueillir les patients, fournir des ARV et constituer un stock de médicaments. «Lorsque nous disposerons de ces centres, nous pourrons assurer les dépistages et déterminer le nombre de personnes à prendre en charge,» a indiqué M. Diallo. Pour l’instant, neuf centres de santé sont autorisés à accueillir les patients atteints du VIH/SIDA, deux de ces centres se trouvant à proximité des territoires contrôlés par les rebelles dans la ville de Daloa, à l’ouest, et à Yamoussoukro, la capitale. A Abidjan, le centre économique où la plupart des 500 000 déplacés ont trouvé refuge, la majorité des personnes soignées dans le centre de santé sont des femmes et des enfants venus de l’intérieur du pays. «En une semaine, le centre agrée d’Abidjan consomme un mois de réactifs (un produit chimique qui, mélangé au sang, permet le dépistage du VIH),» a dit Diallo. Parce que ces populations sont majoritairement pauvres et sans travail, Diallo craint une augmentation de la prostitution. «Il y a beaucoup de jeunes filles dans les rues d’Abidjan, qui ne peuvent plus aller à l’école et qui sont complètement démunies,» a t-il dit. Diallo a également souligné le risque de propagation du virus aux pays voisins moins infectés tels que le Ghana, le Mali et le Burkina Faso. Des milliers de migrants, installés en Côte d’Ivoire depuis des années voire des générations ont fui le pays, chassés et persécutés par les partisans du président Gbagbo.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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