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INTERVIEW du général Mountaga Diallo, commandant des forces de la MONUC, réalisée par IRIN

Le général Mountaga Diallo, commandant des forces de la MONUC, la mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC) achève son mandat fin décembre 2003.

Ce général de division de l'armée sénégalaise a conduit les forces de l'ONU durant quatre années. Il évoque dans cette interview, accordée à IRIN, les avancées et les obstacles au processus de paix, rencontrés par la MONUC.

Le Général Mountaga Diallo a été nommé commandant des forces de la MONUC en mars 2000. Il occupait auparavant les fonctions d'inspecteur général des forces
armées au Sénégal.

Formé à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (France),
Mountaga Diallo effectue, de 1965 à 1966 une formation à l'Ecole
d'application de l'Infanterie, complétée par un stage d'officier à l'Ecole des troupes aéroportées de Pau. Il rejoint l'Artillerie en 1971.

De 1980 à 1982, il fréquente l'Ecole Supérieure de Guerre à Paris et
décroche le Brevet. Il suit ensuite des cours sur la stratégie de sécurité
en Afrique au sein de l'Académie Nasser (Egypte).

De mai à juin 1996, quelques mois avant d'être promu Général, Mountaga
Diallo fréquente l'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IEHDN), à Paris. Il est aussi titulaire de diplômes civils, notamment d'un DEA de défense, obtenu à l'Université de la Sorbonne (Paris).

Le Général Mountaga Diallo a également servi en qualité de commandant du contingent sénégalais au Liberia et chef des officiers de liaison de l'ECOMOG, les troupes de maintien de la paix de la CEDEAO.


QUESTION: Mon général, vous terminez votre mandat après avoir commandé la
MONUC pendant quatre années. Quel bilan faites-vous de votre mandat?

REPONSE: Le bilan est positif. Le processus de paix a atteint un niveau très positif que je qualifierais de très encourageant.

Q: Le parcours a néanmoins été jalonné d'embûches. A quelles difficultés avez-vous été confronté en assumant votre fonction de commandant de la MONUC ?

R: Il y a eu des difficultés. Disons que le processus a été jalonné de
difficultés au début du déploiement des observateurs. C'était tout un
problème. Je suis arrivé en avril 2000 et ce n'est qu'à la fin de l'année qu'on a pu obtenir l'autorisation, si je puis dire, de les déployer.

Ensuite, le déploiement des troupes n'a pas été aisé même lorsqu'on est
parvenu à obtenir le feu vert pour l'application de l'accord de Kampala et le sous-plan de Harare, c'est-à-dire le fameux désengagement-redéploiement, au début de la phase III.

Il y a aussi eu des moments de difficultés beaucoup plus sérieux, comme la situation à laquelle nous avons été confrontés en Ituri [dans le nord-est de la RDC] en particulier aux mois de mai et de juin. Celle-ci a été marquée d'ailleurs par l'assassinat de nos observateurs à Mongbwalu.

Q: De quelques centaines d'observateurs militaires des Nations Unies en RDC, vous êtes passés en quatre ans à près de 10.800 hommes. Pourtant, certains Congolais et même une certaine opinion au niveau international continuent d'accuser la MONUC d'inefficacité, spécialement à l'aune de la situation en Ituri. Comment réagissez-vous à ces critiques?

R: D'abord comme vous dites, nous avions quelques centaines d'observateurs. Les unités qui les ont rejoints par la suite étaient des unités de garde et de sécurité. Elles étaient là pour sécuriser les installations, le personnel et le matériel de la MONUC.

Ensuite, il faut connaître quel était le mandat, quels étaient les moyens.
Il faut voir vraiment quelles étaient toutes les difficultés auxquelles nous
avons eu à faire face pour exécuter ce mandat-là.

Alors, inefficacité, moi je veux bien, mais le cessez-le-feu a été respecté. Inefficacité, mais le désengagement-redéploiement a eu lieu. Les gens sont restés globalement sur leurs nouvelles positions défensives sans qu'il n'y
ait eu un seul accrochage qui n'ait dégénéré en une reprise des combats très sérieuse. Il y a eu quelques petits clashes, c'est tout.

Ensuite, pour ce qui est du DDR [Démobilisation, Désarmement,
Réintégration], le retrait des troupes étrangères est intervenu et a été vérifié comme il se doit. Il y a eu quelques épisodes, en particulier à
Kisangani [dans le nord-est].

Lors de Kisangani II et III, il n'y avait que des observateurs. Ils sont
passés de deux équipes à huit équipes. Ces observateurs ont effectivement vérifié le retrait des troupes rwandaises et ougandaises. Ce qui a arrêté les combats dans cette ville. Cependant, la démilitarisation totale n'a pas été achevée parce que les forces du RCD-Goma [Rassemblement congolais pour la démocratie] sont restées en place et qu'il avait engagé des discussions avec l'ONU et même le Conseil de sécurité [des Nations Unies]. Ces forces
n'ont pas quitté Kisangani jusqu'à ce qu'on arrive à la transition, leur
présence a été dramatique au moment du massacre de Kisangani.

On nous avait dit qu'il y avait eu une mutinerie au sein du RCD et que les autorités du RCD avaient voulu la mâter. Nous nous sommes rendu compte que mutinerie ou pas, la gestion de cette affaire par le RCD a presque dérapé. Des exactions et des tueries ont été commises.

Nous sommes alors intervenus d'abord auprès du RCD. Nous avons effectué des
patrouilles et c'est nous qui sommes tombés sur des gens en train d'être
fusillés du coté de Tshiopo. Grâce à notre intervention, nous avons mis
fin à la tuerie. Pendant encore quelques jours, dans les quartiers
périphériques et bien sûr la nuit, des opérations ont été entreprises et
tout cela a fini par se tasser.

Q: Beaucoup de personnes pensent que la MONUC était incapable de confirmer
la présence des troupes rwandaises revenues en RDC après le retrait officiel de cette armée ou encore de localiser des groupes armés rwandais, ougandais et burundais qui continuent à opérer à partir du territoire congolais.

R: Pour ce qui est des accusations relatives à la présence des troupes
rwandaises, nous avons procédé à plusieurs vérifications et continuons à en faire. Mais il faut d'abord reconnaître les difficultés. Il y a eu pendant longtemps une espèce d'osmose entre le RCD et les troupes rwandaises, présentes pendant des années sur le territoire congolais. Des troupes du RCD ont bien souvent été sous contrôle opérationnel rwandais.

Il y a aussi le fait que les territoires, sous contrôle du RCD et du Rwanda sont mitoyens. En plus, les troupes du RCD avaient le même uniforme, les mêmes armes que les troupes rwandaises. Et puis, pour un observateur de la MONUC, il est pratiquement impossible de distinguer de visu un congolais d'un rwandais. Donc, il fallait une investigation, une enquête plus poussée et c'est pour cela que nous avons demandé qu'il y ait des équipes mixtes
comprenant des représentants des forces armées congolaises, issus de l'armée gouvernementale, des éléments de la MONUC, de l'Afrique du Sud, et même des représentants des forces armées rwandaises pour nous permettre de mener ces vérifications sur le terrain au niveau des unités. Je pense en effet que seuls des Congolais et de préférence même des Congolais de l'est peuvent faire cette différence, poser les questions adéquates et de s'apercevoir si
un soldat vêtu d'un uniforme semblable aux autres est Rwandais ou Congolais.

Ceci a été fait dans le cadre de ce qu'on appelait le mécanisme de
vérification de la tierce partie (le TPVM). Celui a mené pendant quelques
mois des vérifications et des investigations, mais le résultat a toujours été négatif.

Cependant, il y a deux ou trois mois, nous avons obtenu des informations du
même genre sur la présence des troupes rwandaises. Nous avons poursuivi de manière plus ciblée des missions de vérification. Cette fois-ci, ce qui nous a frappé c'est que non seulement la population dans son ensemble disait que les troupes basées à tel endroit sont des troupes rwandaises, mais aussi que même des militaires congolais nous ont spontanément affirmé qu'il s'agissait
de troupes rwandaises. Qui plus est, nous nous sommes heurté à l'obstruction de certains commandants de ces formations qui se présentaient comme étant congolaises. Ces commandants se sont opposés à l'accès de certaines bases, à certaines positions et à certains camps. Ils nous ont encore interdit de
parler aux hommes. A partir de ce moment-là, nous avons saisi les Forces
armées congolaises. Nous leur avons proposé d'aller vérifier ensemble parce que ces troupes sont désormais des troupes appartenant aux Forces armées de la RDC. Ce faisant nous avons accéléré le processus d'identification des hommes, une étape nécessaire à la formation d'une armée unifiée.

Q: Pourquoi? Parce que vous aviez finalement eu l'autorisation d'aller dans ces camps?

R: Non, parce que je crois que l'intégration au niveau de l'armée
[congolaise] est en cours et que cette identification va vraiment se faire.

La MONUC participera à cette identification si les Congolais le veulent bien. On pourra savoir à cette occasion, s'il y avait des Rwandais à un niveau individuel ou des troupes entières disséminées dans les formations congolaises.

Je pense également que la situation s'arrange parce que sur le plan
politique une volonté existe des deux côtés de normaliser les relations entre ces deux pays. Nous ne pourrons que les encourager. Je reprends simplement la réponse du porte-parole du président congolais [Joseph Kabila] qui disait qu'ils veulent bien croire le Rwanda jusqu'à preuve du contraire.

Q: Quel bilan faites-vous du programme de démobilisation désarmement réintégration réinstallation rapatriement (DDRRR)?

R: Les choses se sont quelque peu débloquées et donnent l'impression de
vouloir avancer. Il y a d'abord l'épisode du général Rwarakabije, comme vous le savez. Nous avons espéré et continuons à espérer que ce sera le signal d'un retour plus important et plus massif pour des combattants rwandais encore présents dans les forêts de l'est. Après cela, nous avons connu un accroissement de ce que nous appelons le DDR ad hoc, des gens qui se sont présentés à nous pour être rapatriés au Rwanda et ailleurs.

Tout récemment ont été rapatriés des éléments [754 hommes] de ce que nous
avons appelé le bataillon Sierra constitué d'Ougandais et de Rwandais. Ils avaient été regroupés à Kitona [dans la province du Bas Congo, sud-ouest] avant de rentrer chez-eux.

Les signes sont donc quand-même encourageants. Nous continuons à chercher les contacts, à diffuser l'information, à tenter du mieux que nous le pouvons de convaincre ces combattants-là à accepter d'être rapatriés. Pour nous cependant, le DDR reste un processus basé sur le volontariat. L'offre est là. Des garanties ont été données par le Rwanda. La communauté internationale est en mesure à tout moment de les surveiller. Je pense que les combattants finiront par saisir l'offre et rentreront chez-eux.

Q: Combien sont rentrés chez-eux aujourd'hui? Quels obstacles empêchent
encore les autres combattants de rentrer au pays?

R: Plus de 4.000 ont été rapatriés en tout, il est vrai, avec leurs
dépendants. On s'achemine peut-être vers les 5.000.

Ce qui empêche les autres de rentrer doit être peut-être la peur de ce qui
pourrait les attendre là-bas. Nous essayons justement de les rassurer sur ce plan en leur disant qu'il y a rien à craindre. D'autres encore n'ont
peut-être pas l'intention de rentrer parce que ce sont peut-être des
génocidaires. Mais espérons qu'ils finiront par comprendre.

Q: La résolution 1493 du Conseil de sécurité a renforcé le mandat de la
MONUC. Elle l'autorise à désarmer et à cantonner les groupes armés dans
l'est de la RDC en recourant si besoin à la force. On a l'impression
toutefois que la MONUC ne remplit pas cette mission. Qu'est-ce qui l'en
empêche ?

R: Quand on parle de l'est si vous voulez bien, on voit les régions du Kivu et du Maniéma. Les groupes armés présents, à l'exception des groupes armés étrangers qui sont les ex-Forces armés rwandaises, Interahamwe [milices hutus rwandaises], FDD [Forces pour la défense de la démocratie, du Burundi] et FNL [Forces nationales de libération, du Burundi également], sont les Mayï-Mayï qui ne sont plus à considérer comme un groupe armé incontrôlé. Ils
sont membres [du gouvernement] de la transition, membres des Forces armées
de la RDC, ils sont partis prenante dans ce processus d'intégration des
Forces armées de la RDC.

Maintenant en ce qui concerne les autres groupes en Ituri. Le chapitre sept [de la charte des Nations Unies] nous autorise à user de la force pour
désarmer les groupes [armés]. A la suite de l'établissement de la commission de pacification, des institutions intérimaires en Ituri ont été mises en place. Par exemple le comité de concertation des groupes armés en Ituri se réunit régulièrement et traite surtout du désarmement et de la réinsertion.

Nous avons demandé à ces groupes armés de se regrouper, de se tenir
tranquille c'est-à-dire surtout d'éviter de semer l'insécurité en se livrant à des exactions, des pillages, des vols, des viols ou toutes autres choses en s'en prenant à la population.

Un plan existe. Je suis persuadé que dès le lendemain du nouvel an, on
pourra sans doute offrir la réinsertion aux combattants intéressés qui ne seraient peut-être pas intégrés au niveau de l'armée.

Dans l'intervalle, partout où nous sommes déployés et dans la mesure du
possible, nous essayons de nous opposer à toute sorte d'exactions et à tous les désordres. Et croyez-moi, les accrochages sont fréquents. Il faut les regretter. La situation sera bientôt claire : ou ils s'engagent dans ce programme de désengagement, réintégration et réinsertion ou, nous les combattrons. En tout cas, nous combattons et nous combattrons n'importe qui sèmera le désordre et qui s'en prendra aux populations innocentes.

Q: Vous avez joué un rôle majeur pour débloquer les négociations relatives à
la formation d'un état-major de la nouvelle armée congolaise. Comment
voyez-vous cette réunification? N'est-ce pas encore fragile?

R: Je dirai que ça démarre. C'est en bonne voie et je suis optimiste. Je
viens encore ces jours-ci dans le cadre de ma tournée d'adieu de rencontrer des officiels de l'état-major de l'armée. Nous sommes au tout début, il n'y a pas de raisons que ça ne se passe pas bien.

Q: Sur le plan politique, pensez-vous que les Congolais seront à même de
conduire leur pays vers un nouvel ordre politique issu des élections dans deux ans?

R: Oui, absolument. Moi, j'ai la simplicité pour ne pas dire le simplisme du militaire. Je me dis qu'on ne peut pas être congolais et accepter de traîner dans la misère qui prévaut actuellement. Je suis persuadé que les Congolais avec leurs responsables en tête veulent en sortir, veulent faire de leur pays ce que tout le monde attend, un grand, beau, riche et puissant pays. Ce
sont pour ces raisons que je crois que les Congolais y arriveront.

Q : Vous avez failli perdre votre vie à bord de l'hélicoptère pris pour
cible à l'occasion d'une mission dans le nord-est. Des observateurs
militaires sont morts. Des enquêtes ont à chaque fois été diligentées, mais leurs résultats n'ont jamais été rendus publics. Etes-vous en mesure
aujourd'hui de nous dévoiler ces résultats?

R: Non, pas pour le moment. Pour ce qui me concerne, je dirai simplement que ce sont les risques du métier. Je peux vous dire qu'ailleurs, j'ai risqué ma vie beaucoup plus sérieusement, notamment au Liberia. Ici [à l'occasion de l'incident], ce qui était regrettable est que je venais parler à Thomas Lubanga [leader à l'époque du groupe armé: Union des patriotes congolais,
UPC] et à son staff pour essayer de les convaincre de participer à un accord de cessez-le-feu et de prendre part ensuite au comité préparatoire de la Commission de pacification sur l'Ituri. C'était en application de l'Accord de Luanda. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont tenté de se débarrasser de moi.

Par contre, c'est vrai que j'ai perdu des hommes ici dans des accidents et à
cause de mines en particulier à Komanda, du coté de Ikela [au centre du pays]. Et puis il y a ces deux hommes qui ont été sauvagement assassinés à Mongbwalu [nord-est]. On ne comprend pas. Il s'agissait de deux observateurs non armés inoffensifs qu'on a déployés après que l'accord de cessez-le-feu du 18
mars a été signé par toutes les parties. C'est regrettable, c'est
malheureux.

Q: La réunification politique et militaire est en cours. N'avez-vous pas l'impression de partir quand il n'y a plus rien à faire?

R: Non, pas du tout. Je n'ai pas choisi de partir. C'était prévu depuis au moins 8 mois déjà. Je crois que j'ai fait un séjour qui est, compte tenu de normes, exceptionnellement long en tant que "force commander". Je le dois
peut-être à l'évolution du processus de paix. Je n'ai pas de regret de
partir. Je suis content de partir en sachant qu'on a atteint ce stade
quasi-irréversible.

Q: Que devra faire votre successeur pour accompagner le pays jusqu'aux
élections ?

R: Faire son travail. Je n'ai pas de doute qu'il réussira parce que ceux qui l'ont choisi sont les mêmes qui m'avaient choisi auparavant. Ensuite, les partenaires avec qui il aura à travailler, les Congolais en particulier, sont les mêmes avec lesquels j'ai travaillé et qui m'ont aidé à réussir. Il n'y a pas de raison pour que ça ne continue pas à marcher positivement. Il réussira.

Q : Que deviendra le général Diallo après la MONUC ?

R: Le général Diallo rentre chez lui au Sénégal. Après près de quatre années passées ici et après un peu plus de 40 ans de service, je vais tomber l'uniforme comme on dit, enlever mes bottes et essayer de me lancer dans la vie civile.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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