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IRIN-INTERVIEW avec Carol Bellamy, directrice exécutive de l'UNICEF

Carol Bellamy, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance (UNICEF) a achevé mercredi 17 décembre une visite de trois jours
en République démocratique du Congo (RDC). Elle a notamment rencontré les
victimes de violences sexuelles. De nombreuses femmes ont été, en effet,
utilisées comme esclaves sexuelles durant les cinq années de guerre dans ce pays. Selon l'UNICEF, leur nombre atteignait 5.000 en 2003, dont la plupart était concentrée dans l'est du pays.

Mme Bellamy les a rencontrées à Katshele et à Fataki dans le district de l'Ituri, au nord-est de la RDC, à Kavumu et Murhesa, dans la province du
Sud-Kivu et à Goma, dans la province du Nord-Kivu, à l'est du pays. Elle
a, par ailleurs, inauguré mercredi un centre construit par l'UNICEF qui
accueille, soigne et rééduque les femmes victimes de viols. Ce centre, géré par une ONG américaine 'Doctors on Call For Service' (DOCS) a déjà soigné près de 1.500 femmes venues de plusieurs régions de l'est.

La directrice exécutive de l'UNICEF a également visité des centres
d'orientation pour les enfants associés aux groupes armés.

Au début de sa visite en RDC, elle a encore lancé une campagne visant à
scolariser chaque année 1,5 millions d'enfants dont 750.000 filles.

Carol Bellamy a été nommée directrice exécutive de l'UNICEF en 1995 et a été
renommée pour un mandat de cinq ans en 1999. Elle dirigeait le 'Peace Corps'depuis 1993 après avoir passé 11 années à Wall Street en tant qu'avocate et banquière. Carol Bellamy a été, en 1978, la première femme à présider le conseil municipal de la ville de New York. Elle occupera cette responsabilité jusqu'en 1985.

Elle a accordé une interview à IRIN mercredi à Goma juste avant de quitter
la RDC pour Accra (Ghana) où elle participera à une rencontre régionale du Nouveau partenariat africain pour le développement (NEPAD). Elle fera
auparavant escale à Nairobi, au Kenya.

QUESTION: Vous avez effectué une visite de trois jours en RDC. Vous avez notamment été dans la partie est du pays où vous avez rencontré de
nombreuses femmes victimes de viol. Que retenez-vous de cette visite?

REPONSE: J'ai été vraiment heureuse de visiter encore une fois le Congo.
J'ai pu connaître les situations des femmes et des filles victimes de
violences.

J'ai été dans le district de l'Ituri, précisément à Bunia, à Katshele et à
Fataki, dans le nord-est; dans la province du Sud-Kivu, à Kavumu et à
Murhesa ainsi que dans la province du Nord-Kivu, à Goma où j'ai pu discuter
avec un panel de femmes qui ont survécu à des violences sexuelles.

En ce moment, on parle de reconstruction. Celle-ci ne pourra se faire sans la reconstruction humaine, sans l'investissement dans les ressources humaines. La reconstruction physique n'amènera pas la paix pérenne dans le pays sans un investissement sérieux et important dans les ressources humaines.

Il faut donc protéger la jeune fille et la femme qui ont malheureusement été victimes de ces violences durant le conflit armé dans ce pays.

Q: Que fait ou compte faire l'UNICEF pour ces victimes de violences
sexuelles?

R: L'UNICEF a augmenté sa capacité d'intervention dans l'est du pays. On
compte la maintenir et même l'augmenter encore dans les années à venir. Par ailleurs, j'étais impressionnée par les initiatives locales de prise en charge.

L'UNICEF intervient dans la récupération, dans l'éducation et la rééducation de victimes de violences sexuelles à travers les ONG locales auxquelles nous apportons notre soutien. J'ai, dans ce cadre, inauguré mercredi dernier un
pavillon construit par l'UNICEF. Ce centre, d'une grande capacité, soigne
ces femmes. L'ONG, 'Doctors on Call For Service' (DOCS) a déjà soigné près
de 1.500 femmes victimes de violences sexuelles venues de plusieurs endroits
de la région de l'est. Plus d'une centaine de ces femmes qui ont été
utilisées comme esclaves sexuelles souffrent de complications uro-génitales.

Q: Les violences sexuelles ont continué d'être perpétrées malgré
l'installation d'un gouvernement d'unité nationale de transition. Vous avez rencontré les autorités congolaises durant votre voyage, quelles assurances vous ont-t-elles donné pour mettre fin à ces pratiques
répétées?

R: L'UNICEF ne peut pas parler à la place des autorités congolaises.
J'espère que le gouvernement de ce pays établira dans les plus brefs délais une situation de sécurité et que justice sera faite.

Comme les autres organisations des Nations Unies, l'UNICEF apportera son
aide à cette entreprise, mais c'est au gouvernement qu'il revient de prendre les choses en main. L'UNICEF ne fera qu'appuyer les efforts du gouvernement.

Q: Pendant ce temps, les auteurs de ces violences sexuelles continuent de
circuler librement dans le pays. Qu'attendez-vous des autorités congolaises pour stopper cette situation d'impunité?

R: Très peu de choses sont faites pour éviter ces violences. Les dirigeants congolais doivent restaurer l'autorité de l'Etat. Nous pensons qu'il serait malheureux, dans cette période de transition, que des responsables de viols ou d'autres crimes contre l'humanité ne soient pas, sur le long terme, traduits en justice. Nous ne connaissons pas les auteurs de tels actes, mais nous connaissons à quels groupes armés ils appartenaient et qui étaient
leurs commandants.

Q: Vous avez inauguré lundi 15 décembre à Kinshasa [la capitale], une
campagne nationale destinée à favoriser la scolarisation des filles. Cette campagne s'étendra-t-elle aussi aux filles des localités les plus reculées?

R: Même si la campagne ne peut pas envoyer tout de suite 100 % des enfants congolais à l'école, nous sommes convaincus qu'elle créera un environnement favorable à l'éducation des enfants.

Par ailleurs l'aménagement de latrines et l'approvisionnemnt en eau aux écoles, encourageront les garçons et les filles à aller à l'école. Ces deux facteurs vont permettre, en même temps, d'éduquer les élèves à l'hygiène.

La contribution de l'UNICEF se traduira par la fourniture de matériel
didactique au profit d'au moins 2.000 écoles. Cette aide réduira la charge
des parents en matière de scolarisation.

Q: Vous avez aussi visité des centres de nutrition à assises communautaires
et des centres d'encadrement et de transition d'enfants associés aux groupes armés. Que comptez-vous faire dans ce domaine?

R: Comme vous le savez, un important mouvement de démobilisation de
différentes catégories de combattants à travers le pays existe maintenant
après le conflit armé. L'UNICEF apporte sa contribution dans ce cadre pour la démobilisation des enfants. Il ne s'agit pas d'une mince affaire. Il y a, par exemple, des filles qui ont été victimes de violences sexuelles, même dans leur propre village. Ces filles auront besoin d'un soutien.

Ce sera presque pareil pour les garçons. Certains d'entre-eux ont été des combattants et ont commis des atrocités très près de leur village.
D'autres étaient très éloignés de leur village. Des modalités très
différentes seront mises en place pour chaque type d'enfants.

Q: Quelle sera la nature de la contribution de l'UNICEF pour les enfants soldats?

R: La nature de notre contribution doit être déterminée en concertation avec d'autres agences [onusiennes]. Nous avons, cependant, une expérience dans d'autres pays en cette matière. Celle-ci va nous aider dans les domaines de l'éducation, la formation, la santé et la réunification des familles dont
nous avons l'expertise.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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