Selon le Prince Mangaliso, qui préside le Liqoqo, la puissante assemblée consultative qui conseille le Roi Mswati, la menace du VIH et du sida était « exagérée » par les firmes pharmaceutiques et les fabricants de préservatifs avides de profit, et la circoncision masculine n’était pas plus apte à prévenir l’infection par le VIH qu’un bain post-coïtal.
Ses remarques ont été reprises mardi en première page du journal The Times of Swaziland et ont été condamnées par le Conseil national de réponse d’urgence au VIH/SIDA (National Emergency Response Council on HIV/AIDS, ou NERCHA), qui coordonne les efforts de lutte contre le sida du gouvernement et d’ONG comme Swaziland Positive Living, un groupe de soutien aux personnes atteintes du VIH.
« Les commentaires [de Mangaliso] nous font revenir 15 ans en arrière. Il nie la réalité et c’est par ignorance qu’il parle ainsi. En tant que leader, il devrait montrer l’exemple », a dit un responsable du programme contre le sida d’une importante municipalité, qui a demandé à ne pas être identifié par peur de représailles pour avoir « provoqué des gens puissants ».
Cependant, certains travailleurs sanitaires considèrent que les commentaires de Mangaliso, le frère aîné du roi Mswati, donnent une idée des croyances bien ancrées qui ont poussé de nombreux Swazis à résister aux efforts déployés pour réduire le fort taux d’infection à VIH du pays par une politique de changement des comportements sexuels.
Un quart des Swazis entre 15 et 49 ans vit avec le VIH, soit 26,1 pour cent - le taux de prévalence le plus élevé du monde – d’une population d’environ un million de personnes.
« Le prince a exprimé sa colère, mais il était sincère dans ses convictions. C’est intéressant, car nous pouvons tirer des leçons de son attitude », a dit à IRIN Vusi Dlamini, responsable des relations publiques de la Family Life Association du Swaziland, qui promeut la santé reproductive.
« Nous rencontrons très régulièrement des traditionalistes ; ils ne s’expriment pas publiquement [comme l’a fait Mangaliso], mais on entend leurs craintes à demi-mot dans leur ton et leurs questions – ils disent : “Est-ce que le sida n’est pas un truc qu’ils ont inventé pour vendre des préservatifs ?” ».
Kathy Cele, responsable du conseil et dépistage volontaire, fait de l’éducation au sida dans des zones rurales profondément conservatrices ; elle aussi a apprécié l’honnêteté de Mangaliso. « Même s’il s’agit d’un manque d’information ou de préjugés, nous pouvons l’accepter », a-t-elle dit. « Nous pouvons répondre à ce genre d’inquiétude et rectifier les idées fausses ».
« Les commentaires de Mangaliso nous font revenir 15 ans en arrière. Il nie la réalité et c’est par ignorance qu’il parle ainsi » |
Tous les traditionalistes swazis ne partagent pas les convictions de Mangaliso. Le prince Masitsela, administrateur régional de la province centrale de Manzini qui a plus de 70 ans, s’est fait circoncire cette année, ce qui a fait l’objet de nombreux articles dans la presse swazie.
Les journaux locaux ont récemment repris sa déclaration : « Le VIH/SIDA est un problème très grave et les gens devraient le considérer sérieusement, faire les tests VIH et se faire circoncire ».
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