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Relents de xénophobie à l’approche de la Coupe du monde

Zimbabwe economic migrants crawl under the border fence into South Africa from Zimbabwe Guy Oliver/IRIN
L’Afrique du Sud va accueillir la première Coupe du monde de football organisée sur le continent africain, mais l’excitation croissante ne parvient pas à faire oublier la campagne de diffamation malveillante demandant l’expulsion des Sud-Africains d’origine étrangère à seulement quelques jours du lever de rideau du plus grand événement footballistique.

Les médias locaux sont inondés d’anecdotes de conspirations se préparant dans les stations de taxi, dans les bars clandestins ou sur les marchés et visant les citoyens d’origine étrangère. Ces derniers sont accusés de prendre le travail des populations locales et de monopoliser les services gouvernementaux. Les ONG qui s’intéressent au sort des réfugiés et des migrants sont de plus en plus inquiètes à l’approche du 12 juillet, le lendemain de la finale.

Dans un article publié le 27 mai, Jacob Dlamini, journaliste pour Business Day, un journal local, a relaté un accident survenu à Katlehong, le township de Johannesbourg où il a grandi. « J’ai entendu trois femmes du township provoquer un homme d’origine mozambicaine : “ Prépare tes affaires et soit prêt à partir avant le 12 juillet”, ont-elles dit. " Mais vous savez que si je suis expulsé, quelques-unes de vos sœurs vont mourir de faim”, a-t-il répondu. “ On s’en fiche ”, ont répondu les femmes ».

La xénophobie, toujours présente depuis la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, a culminé en mai 2008 après qu’un incident survenu dans le township d’Alexandra à Johannesbourg a causé une flambée de violence contre les étrangers à travers le pays. Celle-ci a fait de nombreux morts et entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes.

Par la suite, des systèmes d’alerte précoce ont été mis en place afin de garantir une réponse rapide en cas de violences xénophobes, mais Jacques Kamanda, le secrétaire général du Coordinating Body of Refugee Communities, a dit à IRIN que ces systèmes ne fonctionnaient pas.

Depuis 2008, « personne n’a été condamné pour ces attaques », a-t-il dit, et un conseiller municipal qui appartient au parti au pouvoir, le Congrès national africain, et qui est actuellement jugé dans la ville portuaire de Durban pour avoir mené une foule qui a poussé deux hommes – un Zimbabwéen et un Tanzanien – à sauter d’un immeuble d’habitation, entraînant ainsi leur mort, « est toujours en liberté ». Un troisième a survécu à la chute.

M. Kamanda, originaire de République démocratique du Congo, un pays ravagé par la guerre, a dit que le gouvernement devrait prendre position contre la xénophobie. « Nous avons besoin que le gouvernement sud-africain prenne position, dise qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici, mais il ne fait rien ».

« Ces menaces émanent de différentes personnes : voisins, collègues, chauffeurs de taxi, passants, mais aussi d’infirmières, de travailleurs sociaux et de policiers »
De nombreux « rapports faits par des Sud-Africains d’origine étrangère partout dans le pays font état des menaces de violence qui pèsent sur eux pour l’après Coupe du monde », a indiqué le Consortium pour les migrants et les réfugiés en Afrique du Sud (CORMSA) dans une déclaration du 11 mai commémorant le deuxième anniversaire des attaques à caractère xénophobe de 2008.

« Ces menaces émanent de différentes personnes : voisins, collègues, chauffeurs de taxi, passants, mais aussi d’infirmières, de travailleurs sociaux et de policiers. Ce qui nous inquiète également, c’est que certaines des personnes qui profèrent ces menaces pensent qu’elles ont le soutien de hauts dirigeants politiques », selon cette déclaration.

Vague de xénophobie

Duncan Breen, chargé de plaidoyer pour CORMSA, a dit à IRIN que, d’une part, les spéculations sur une flambée de xénophobie risquaient de devenir une prophétie autoréalisatrice, et que de l’autre, il serait « irresponsable de ne pas alerter les gens des risques, afin que les gens ne puissent pas dire qu’ils ne l’avaient pas vu venir ».

Toutefois, M. Breen a indiqué qu’il y avait des antécédents de conspiration qui n’avaient pas débouché sur une action en Afrique du Sud, comme celle qui prévoyait que « les Blancs tomberaient comme des mouches » lorsque l’ancien président Nelson Mandela avait quitté son poste.

Une étude récemment menée par le Gauteng City Region Observatory (GCRO), un groupe de réflexion du gouvernement provincial, en partenariat avec deux universités de la ville de Johannesbourg, a recueilli les opinions de 6 636 personnes. Cette étude, qui portait sur la qualité de la vie dans le Gauteng, la province la plus riche du pays, a conclu que le courant de xénophobie qui traversait toute la société sud-africaine ne concernait pas seulement les populations pauvres et marginalisées.

Le professeur David Everatt, directeur exécutif du GCRO, a dit aux médias locaux que 73 pour cent des participants titulaires d’un diplôme d’études supérieures pensaient que « les étrangers profitaient des avantages destinés aux Sud-Africains », tandis que trois quart des participants n’ayant pas de diplôme supérieur pensaient que ce point de vue était juste. M. Everatt a dit : « Si ces attitudes xénophobes perdurent… nous avons un problème ».

go/he/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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