« Nos messages doivent mettre l’accent sur des éléments essentiels afin de communiquer de manière efficace. Nous avons en effet réalisé que le niveau de connaissances sur des faits basiques concernant le VIH/SIDA était relativement limité », a dit Saul Onyango, éducateur en matière de santé auprès de l’UAC.
Le terme « comportement à risque élevé » - qui avait d’abord été défini comme un rapport sexuel avec un partenaire irrégulier – va être redéfini comme un rapport sexuel avec un partenaire dont le statut VIH n’est pas connu. Ainsi, les « populations les plus à risque » ne feront plus seulement référence aux groupes spécifiques tels que les travailleurs du sexe, les communautés de pêcheurs et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (MSM en anglais), mais à toutes les personnes qui ont des relations sexuelles à risque.
Les campagnes destinées à décourager les rapports sexuels intergénérationnels seront abandonnées au profit d’avertissements génériques concernant les relations sexuelles à risque, par crainte que les jeunes ne pensent que les rapports sexuels entre personnes du même âge sont sans risque. Des responsables ont également souligné que des problèmes tels que l’abus d’alcool, qui prédispose les individus à adopter des comportements à risque, devaient être intégrés à la prévention du VIH/SIDA.
La Commission a formé une équipe d’experts du domaine médical et de la communication afin de concevoir de nouveaux messages. Celle-ci travaillera en collaboration avec des médias qui diffusent en anglais et dans la langue locale.
« Nous devons changer le destin de notre pays, même si cela suppose le retour aux roulements de tambour utilisés dans les années 1980 pour faire peur aux gens », a dit le directeur général de l’UAC, David Kihumuro Apuuli.
À la fin des années 1980, lorsque l’Ouganda a commencé à s’attaquer au sida, l’un des principaux éléments de la campagne de prévention du VIH/SIDA était un spot radio dans lequel on entendait un roulement de tambour menaçant suivi d’une voix retentissante qui disait : « le sida tue ». Plusieurs responsables haut placés – parmi lesquels Jesse Kagimba, conseiller présidentiel sur le VIH/SIDA – ont préconisé un retour aux campagnes fondées sur l’exploitation de la peur, estimant qu’elles avaient fortement contribué au succès initial de l’Ouganda à réduire son taux de prévalence.
Toutefois, les détracteurs de cette méthode affirment qu’en matière de prévention, la clé du succès n’est pas la peur, mais l’éducation. Certaines études démontrent que les tactiques fondées uniquement sur la peur n’entraînent pas de modification des comportements, mais encouragent plutôt le déni et le fatalisme. Des experts affirment également que ces campagnes favorisent la stigmatisation et la discrimination, et qu’elles peuvent se révéler inefficaces à une époque où les antirétroviraux sont de plus en plus largement disponibles.
L’Ouganda a réussi à ramener son taux de prévalence de plus de 20 pour cent dans les années 1980 à environ six pour cent en 2000. La prévalence a ensuite stagné avant de connaître une légère hausse au cours des dernières années.
« Nous devons changer les mentalités et les comportements des hommes. Ils ont plusieurs partenaires – qu’on appelle les plats d’accompagnement –, ce qui crée une sorte de réseau » |
Les nouveaux messages chercheront à adapter la réponse VIH aux facteurs de l’épidémie. Selon une étude récente, 37 pour cent des nouvelles infections au VIH en Ouganda sont dues à des partenaires multiples, 35 pour cent surviennent au sein de des couples monogames sérodiscordants (dont l’un des membres est séronégatif et l’autre positif), 18 pour cent sont dues à la transmission mère-enfant et neuf pour cent surviennent via les réseaux du travail du sexe.
« Nous devons changer les mentalités et les comportements des hommes. Ils ont plusieurs partenaires – qu’on appelle les plats d’accompagnement –, ce qui crée une sorte de réseau », a dit M. Kihumuro. « Avant même qu’on s’en rende compte, l’ensemble de Kampala [la capitale] sera empêtrée dans un énorme réseau ».
Selon l’UAC, chaque année, 110 000 personnes contractent le VIH et 63 000 personnes décèdent d’infections liées au VIH/SIDA.
L’étude a révélé que bien que l’Ouganda ait fait des progrès dans la fourniture de services clés de prévention du VIH, les campagnes n’avaient pas atteint toutes les couches de la population.
« Plus des trois quarts des adultes, parmi lesquels de nombreuses personnes séropositives, ignorent leur statut VIH. Moins de la moitié des femmes enceintes peuvent actuellement bénéficier des services de PTME [prévention de la transmission mère-enfant] », peut-on lire dans l’étude. « Bien que l’usage du préservatif soit plus répandu, il n’a pas atteint le niveau décisif nécessaire pour influer sur la transmission du VIH à l’échelle de la population ».
M. Kihumuro a estimé que le gouvernement devait sans attendre allouer plus de ressources à la lutte contre le VIH/SIDA. À l’heure actuelle, le gouvernement finance environ six pour cent de la réponse nationale à l’épidémie de VIH.
« Une grande partie de l’argent provient de donateurs. Nous ne pouvons pas continuer comme ça », a-t-il ajouté.
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