« Les bailleurs doivent aider la Guinée-Bissau maintenant, et sans conditions », a déclaré lundi à la presse Cheikh Tidiane Gadio, le ministre sénégalais des Affaires étrangères.
Au sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui s’est déroulé vendredi à Abuja, la capitale nigériane, les 15 Etats membres de l’organisation on lancé un « appel à la communauté internationale pour qu’elle respecte son engagement d’apporter une aide financière, technique et matérielle à la Guinée-Bissau ».
Mais aucun des 17 chefs d’Etat invités à la cérémonie de prestation de serment de M. Vieira n’a fait le déplacement. Alors que des soldats lourdement armés patrouillaient dans les rues, nombre de dirigeants politiques du pays sont également restés chez eux, renforçant la peur d’un retour aux années d’instabilité.
M. Vieira, ancien chef d’Etat militaire qui s’est illustré pendant la lutte de libération contre le pouvoir colonial portugais, a remporté 52 pour cent des suffrages lors de l’élection présidentielle du 24 juillet. Dans son discours d’investiture, il a aussi plaidé en faveur d’une aide dans la lutte contre l’épidémie de choléra qui ravage actuellement le pays, et qui a touché plus d’un pour cent de ses 1,3 millions d’habitants en moins de quatre mois.
Le nouveau président, vêtu d’un costume noir et d’une cravate rouge, s’est engagé à consolider l’unité et la sécurité nationale tout en promettant de moderniser le pays, de défendre la liberté d’expression et de réformer l’armée.
Classé parmi les six pays les plus pauvres au monde, selon l’Index de développement humain des Nations unies, la Guinée-Bissau s’est retrouvée dans l’incapacité de payer ses fonctionnaires ces trois derniers mois et ses systèmes d’éducation et de santé sont entièrement désorganisés.
Mais la plus grande crainte du pays reste très probablement le problème de l’instabilité politique que ces élections étaient censées résoudre. Le pays a connu une guerre civile en 1998-1999, suivie par une période d’instabilité politique et d’une désorganisation complète de l’administration.
Malam Bacam Sanha, le principal adversaire politique de Vieira et membre du parti au pouvoir, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap vert (PAIGC), est arrivé en seconde position avec 48 pour cent des voix. Lui non plus n’a pas assisté à la prestation de serment de M. Vieira.
Certains membres du PAIGC reconnaissent la victoire de M. Vieira, tandis que les chefs du mouvement la contestent.
Le Premier ministre Carlos Gomes Junior, qui a rejeté l’élection de M. Vieira, a déclaré être prêt à partager le pouvoir, mais le nouveau chef de l’Etat n’a fait aucune mention de M. Gomes Junior dans son discours d’investiture. Dans les rues de Bissau peu de personnes croient en la collaboration entre le président et le chef du gouvernement.
Le PAIGC détient la plupart des sièges au parlement et dirige également le gouvernement transitionnel, qui doit être remplacé d’ici quelques semaines.
M. Vieira a pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1980 et a remporté les premières élections multipartites du pays en 1994 avant d’être renversé à son tour en 1999.
Mais cette fois-ci, il semble bénéficier du soutien de l’armée, avec le chef d’état-major général des Forces armées Tagme Na Wai, et le chef d’état-major de la marine Bubo Na Tchuto et Aniceto Na Flak, qui sont tous à ses côtés.
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