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Mbeki convoque un nouveau sommet pour tenter de sauver le processus de paix

[South Africa] President Thabo Mbeki. Jacoline Prinsloo
South African President Thabo Mbeki
Alors que le processus de paix en Côte d’Ivoire rencontre quelques difficultés et que les rebelles refusent une nouvelle fois de désarmer, le médiateur international et président sud africain, Thabo Mbeki, convoque les leaders politiques ivoiriens à un nouveau sommet à Pretoria.

"Le président a proposé une rencontre les 25 et 26 juin prochains, mais ces dates ne conviennent pas à toutes les parties. Nous essayons d’en trouver une plus appropriée", a indiqué le porte-parole de Mbeki, Bheki Khumalo, selon des propos rapportés par l’Agence France Presse.

Lancée pendant que Mbeki assistait dimanche au sommet économique africain au Nigeria, l’invitation a fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse abidjanaise. En visite privée aux Etats-Unis, le Président Laurent Gbagbo ne s’est pas prononcé sur cette proposition.

Un porte-parole du mouvement des Forces nouvelles a refusé de commenter l’initiative du président Mbeki, mais a indiqué que son mouvement attendait une invitation officielle.

Mbeki avait été mandaté par l’Union africaine (UA) en novembre dernier pour mener des négociations de paix en vue de mettre un terme à la crise en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao qui, depuis près de trois, est coupée en deux ; le sud étant sous le contrôle des forces gouvernementales et le nord, aux mains des forces rebelles.

En avril dernier, Mbeki était parvenu à arracher un nouvel accord de paix entre le président ivoirien Laurent Gbagbo, l’opposition et les forces rebelles. Cet accord, signé à Pretoria, a fait renaître l’ espoir que les élections présidentielles pourraient se tenir en octobre 2005, comme prévu.

Mais pour pouvoir organiser ces élections, il convient d’engager le processus de désarmement. A cet effet, la date fixée initialement après les pourparlers de Pretoria était le 14 mai, mais à l’échéance prévue, et jusqu’à présent, aucune arme n’a été restituée.

Le démarrage du processus de désarmement a alors été reporté au 27 juin, mais tout porte à croire que cette nouvelle échéance ne sera pas respectée, compte tenu des affrontements intercommunautaires qui se sont produits dans la région très instable du Grand ouest, et du discours de Gbagbo, ce week-end, qui a été très mal accueilli par les forces rebelles.

En début de mois, plus de 100 personnes ont été tuées par balles, à coups de machette ou brûlées vives près de la ville de Duékoué sous contrôle des forces gouvernementales, et quelque 15 000 autres ont fui leur domicile, craignant d’autres attaques. Le gouvernement et les forces rebelles s’accusent mutuellement d’être à l’origine des attaques.

Ces meurtres en représailles sont les deuxièmes massacres commis dans la région en quelques mois. Dans un discours à la nation retransmis à la télévision nationale vendredi dernier, le président Gbagbo a demandé que de nouvelles mesures soient prises pour empêcher que d’autres troubles se produisent dans la région.

La première mesure spectaculaire a été la nomination d’un gouverneur militaire pour la région ouest du pays qui sera basé à Duékoué et l’installation d’un préfet militaire dans les autres grandes villes de la ceinture du cacao.

"Je ne peux pas laisser l’insécurité compromettre le processus électoral", a déclaré Gbagbo dans son discours. "Car, ne l’oublions pas, la sortie de crise par les élections est la seule voie pour nous".

Le président a également indiqué que la capitale économique Abidjan serait divisée en cinq zones disposant chacune d’une unité de forces d’intervention rapide. Les habitants de la capitale confrontés à des problèmes d’insécurité pourront à tout moment, de journée comme de nuit, solliciter l’intervention de ces forces de sécurité, a-t-il ajouté.

Mais pour les rebelles, ce discours est une preuve supplémentaire que Gbagbo a choisi l’option militaire pour résoudre la crise.

"Pour nous, ce discours est très dangereux pour la paix. C’est un discours militaire qui vise à mettre en place un régime militaire" a indiqué à IRIN lundi Sidiki Konaté, porte-parole du mouvement rebelle des Forces nouvelles.

A la question de savoir si le désarmement aura lieu le 27 juin, dans sept jours, comme prévu, Konaté s’est montré plutôt pessimiste.

"C’est pas d’abord une date fixée par nous, et puis on ne peut pas sauter le début du processus pour arriver à la fin", a-t-il ajouté. "Ce qui devait se faire avant le 27 n’a pas été fait. Les lois ne sont pas votées, les milices n’ont pas désarmé".

Le désarmement des milices pro-Gbagbo a commencé fin mai, quatre groupes ayant rendu symboliquement un fusil Kalashnikov à Philippe Mangou, le chef d’état-major des forces armées ivoiriennes. Mais peu de temps avant les massacres de Duékoué, le porte-parole de l’armée, Jules Yao Yao, avait indiqué à la presse que le nombre d’armes restituées n’était pas aussi important qu’on l’escomptait.

Si le sommet Pretoria II a lieu, la principale tâche de Mbeki sera de persuader les deux camps de dépasser leurs vielles rancœurs et de poursuivre les préparations en vue des élections d’octobre prochain.

Mais Gbagbo a déjà fait savoir qu’il se maintiendrait au pouvoir si les élections n’avaient pas lieu en octobre prochain ; une éventualité que l’opposition n’est probablement pas prête à accepter.

Depuis le premier sommet tenu il y a deux mois dans la capitale sud africaine, des progrès significatifs ont été accomplis.

Gbagbo a annoncé que les élections se tiendront le 30 octobre prochain et a accepté que son principal adversaire politique, Alassane Ouattara, présente sa candidature aux élections présidentielles.

Le rejet de sa candidature aux élections de 2000 au motif contesté qu’un de ses parents n’était pas ivoirien serait une des causes de la tentative avortée du coup d’Etat des rebelles contre Gbagbo en septembre 2002 qui a déclenché la crise actuelle.

Mais selon certains critiques, d’autres initiatives pourraient freiner l‘organisation d’élections libres et impartiales.

Gbagbo a ordonné, par exemple, à l’Institut nationale de la statistique (INS) de commencer à compiler les listes électorales et à constituer des cartes d’électeurs.

Mais cette initiative est critiquée par certains qui pensent que les listes d’électeurs doivent être constituées par la Commission électorale indépendante (CEI). Par ailleurs, ces critiques soulignent que l’INS est dirigé par un proche de Gbagbo et qu’il est impossible de garantir l’impartialité du scrutin.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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