La reprise des examens à Korhogo, une ville du nord de la Côte d’Ivoire, a été saluée par la plupart des candidats et parents d’élèves, mais beaucoup d’autres reprochent au gouvernement d’avoir démarré les épreuves orales deux semaines après avoir annoncé les dates des examens.
Pour Issiaka Soro, un des quelque 9 000 candidats au baccalauréat, c’est une bonne initiative.
« Personnellement, je suis très heureux que ces examens aient lieu. Naturellement, mon souhait le plus ardent, c’est de le réussir, car on aura trop attendu sur le carreau », a-t-il déclaré.
Après des années de totale incertitude pour les quelque 90 000 élèves de la région nord, les épreuves orales ont démarré lundi sous la supervision d’examinateurs venus de tout pays, de représentants de l’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’enfance) et de l’ONUCI (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire). Les épreuves écrites se dérouleront du 2 au 4 mars.
Pour certains candidats et parents d’élèves, après une si longue période d’attente, l’annonce il y a deux semaines des dates des examens les a pris de court.
« Entre l’annonce des dates et le début des compositions il devrait avoir un décalage d’un mois pour permettre aux candidats de reprendre les révisions. Ils ont été surpris par les dates », a déploré Bintou Doumbia, qui attend sa soeur à la sortie du collège Houphouët-2, du nom du premier Président de la Côte d’Ivoire. Dans les villages reculés, beaucoup de gens ne savent pas que des examens ont lieu à Korhogo.
Les premiers résultats sont faibles, a expliqué un examinateur.
« Le niveau est bas dans l’ensemble, du moins pour ce qui est des candidats que j’ai interrogés », a précisé le professeur d’espagnol, Yaya Konaté. « Cela s’explique. Ils n’ont pas eu une bonne période de révision. Ils avaient rangé livres et cahiers, parce que désarçonnés ».
Pour un autre examinateur, qui a requis l’anonymat, seuls sept des 23 candidats inscrits sur sa liste se sont présentés aux épreuves orales. Deborah Williams, la cheffe du secrétariat du centre d’examen du Collège Bema, pensent que la durée des examens pourrait être prolongée car des candidats continuent d’arriver, certains venant même du sud du pays.
Et pour ceux qui ont déjà passé les épreuves orales, ces examens ne sont pas sans poser quelques inquiétudes.
« Mon inquiétude aujourd’hui se situe au niveau du diplôme », s’est plainte Ramatou Sanogo. « Est-ce qu’on ne nous refusera un jour de nous caser sous prétexte qu’il a été obtenu en zones de guerre », a-t-elle ajouté.
Les examens des années scolaires 2003-04 et 2004-05 ont été annulés à la suite de la crise déclenchée par la tentative avortée du coup d’Etat de septembre 2002 qui a coupé le pays en deux régions, le nord, occupé par les forces rebelles, et le sud, sous contrôle gouvernemental.
En 2005, plus de 93 000 élèves avaient payé les frais d’inscription dans l’espoir de passer leurs examens, mais le gouvernement avait jugé trop dangereux d’envoyer des examinateurs dans le nord du pays.
Dès le début du conflit, les enseignants, magistrats et autres fonctionnaires en poste dans le nord avaient fui la région pour regagner le sud où les salariés de la fonction publique étaient payés régulièrement. Dans le nord, en revanche, les établissements continuaient de fonctionner grâce à l’aide de professeurs volontaires.
Les rebelles ivoiriens ont longtemps accusé le gouvernement du Président Laurent Gbagbo de s’opposer à l’organisation des examens dans le Nord, qualifiant cette attitude de « génocide culturel ».
Mais pour Sanogo Ramatou, qui envisage encore de s’inscrire à l’université, les politiciens sont responsables de la situation.
« Les politiques nous ont causé un grand tort », a-t-elle conclu.
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