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L’Asie du Sud est-elle prête à faire face à un séisme encore plus violent ?

On 16 May, a man and two women look on as two girls run through a street lined with the rubble of destroyed houses in Bhimeshwar Municipality, Dolakha District, the epicentre of the 12 May earthquake UNICEF / Kiran Panday
Le puissant tremblement de terre qui a frappé le Népal en avril dernier a détruit des villages entiers et tué plus de 9 000 personnes. On aurait pu s’attendre à ce que les pays de l’ensemble de la région s’empressent d’améliorer leurs systèmes de préparation aux catastrophes. Or, selon les experts, les mesures adoptées sont loin d’être suffisantes pour faire face au prochain gros tremblement de terre.

L’Inde peine à composer avec le vieillissement de ses infrastructures et les difficultés d’application de ses codes du bâtiment et le Bhoutan n’alloue pas d’argent à la réduction des risques de catastrophes. Fait surprenant : le Népal lui-même n’a pas encore mis en oeuvre de programmes de promotion de la préparation aux catastrophes auprès de ses citoyens. Il est par ailleurs fort probable que les efforts de reconstruction ne respectent pas les normes qui permettraient de supporter un autre puissant séisme.

Selon une étude publiée récemment dans les revues Nature Geoscience et Science, les pays devraient investir massivement dans les mesures de préparation aux catastrophes, car la région risque d’être secouée par un tremblement de terre encore plus puissant.

L’étude révèle que le tremblement de terre de magnitude 7.8 qui a touché le Népal près de la ville de Gorkha a entraîné le relâchement de l’énergie sismique accumulée vers l’ouest, le long du chevauchement himalayen principal (Main Himalayan Thrust, MHT), une bande de territoire densément peuplée s’étalant sur près de 800 kilomètres entre Pokhara, au Népal, et Dehradun, en Inde. Un tel transfert d’énergie sismique fait augmenter les risques d’un tremblement de terre d’une magnitude sans précédent depuis 500 ans.

L’étude a découvert qu’un futur séisme d’une magnitude supérieure à 8.0 pourrait affecter l’ouest du Népal, la plaine indienne du Gange et le Bhoutan.

Jean-Phillipe Avouac, l’auteur principal, a insisté sur la nécessité d’améliorer la préparation aux séismes des personnes vivant dans la région en révisant les codes du bâtiment et en investissant dans la mise en place de stations de surveillance des secousses sismiques afin de mieux prédire les futurs tremblements de terre.

« Nous savons que la région est en train d’accumuler une énergie élastique et que cela pourrait provoquer des séismes dans le futur », a dit M. Avouac à IRIN. « [Le tremblement de terre à Gorkha] est une véritable tragédie, car il a fait quelque 10 000 victimes, mais [il] ne fait pas partie des séismes les plus puissants que l’Himalaya peut produire. »

Réduire les risques

L’Inde a commencé à investir dans les mesures de réduction des risques de catastrophes.

Le Dr Vineet Gahlaut, qui dirige le Centre national de sismologie, a participé à la mise en place de 25 stations GPS dans l’Uttarakhand afin de surveiller les changements dans les mouvements du sol. L’État accueille également le premier système d’alerte précoce de l’Inde. Celui-ci permet de prédire la survenue d’un séisme jusqu’à 40 secondes avant qu’il se produise.

« Je peux affirmer fièrement que l’Uttarakhand est la région [la mieux couverte] de l’ensemble de l’arc himalayen en ce qui concerne les systèmes GPS », a dit M. Gahlaut.

Selon Kamal Kishore, un membre de l’Association indienne de gestion des catastrophes (NDMA, selon le sigle anglais), on cherche également à sensibiliser davantage le public aux risques. M. Kishore a dit que les autorités de plusieurs États avaient lancé des campagnes de sensibilisation et mis en place des exercices de simulation dans les écoles.

Il estime cependant que l’Inde est encore à la traîne en ce qui concerne la sécurité des bâtiments. Les efforts déployés pour rénover les bâtiments existants afin de les rendre résistants aux tremblements de terre sont négligeables et les codes du bâtiment ne sont pas convenablement appliqués.
« Nous devons vraiment passer à une autre échelle », a-t-il dit. « La NDMA a établi des lignes directrices pour la rénovation des bâtiments existants, mais il faudrait que nous nous assurions de leur application. »

Les codes du bâtiment indiens ont été mis à jour en 2001 après la survenue d’un tremblement de terre de magnitude 7.7 dans l’État du Gujarat, dans l’ouest du pays. Selon M. Kishore, il n’y a cependant pas suffisamment d’ingénieurs formés pour les mettre en application. En général, les entrepreneurs ne respectent pas les nouveaux règlements et tentent plutôt de rogner sur les coûts.

« Nous devons créer une demande sociale pour des bâtiments plus résistants et capables de supporter les tremblements de terre », a-t-il dit.

Lacunes au Népal et au Bhoutan

Selon Bishal Nath Upreti, président du Disaster Preparedness Network, une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG) qui comprend le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’agence gouvernementale de gestion des catastrophes, la situation est semblable au Népal. Les codes du bâtiment népalais ont en effet cruellement besoin d’être mis à jour.

Le tremblement de terre qui a frappé le Népal en avril dernier a détruit plus de 600 000 maisons de pierres et de boue. Pourtant, la plupart des gens savaient que le pays risquait d’être touché par un puissant séisme et que les codes du bâtiment devaient être révisés pour y faire face, a dit M. Upreti.

« Il faut faire de l’ingénierie structurelle dans les montagnes, sans quoi des centaines de milliers de personnes mourront », a-t-il dit à IRIN.

Les nouveaux codes du bâtiment népalais ne sont pas suffisamment exigeants, et ce, malgré la destruction survenue en avril et les dommages causés par un second séisme mortel en mai.

« Le gouvernement a proposé plusieurs solutions (pour la reconstruction), mais je ne suis pas certain que ces solutions soient suffisantes pour résister à un tremblement de terre de magnitude 8.5 », a dit M. Upreti.

Il a ajouté que les opérations de recherche et de sauvetage avaient été mises en place rapidement, mais que les citoyens n’étaient pas bien préparés et que cela ne s’était pas amélioré depuis. « Nous n’avons pas fait ce que nous aurions dû faire », a-t-il conclu.

Au Bhoutan, le manque de fonds constitue le principal obstacle à l’amélioration de la préparation aux catastrophes.

Le pays s’est contenté de créer le département de gestion des catastrophes en 2008 et d’adopter la loi de gestion des catastrophes en 2013. Des efforts sont actuellement déployés pour mettre en pratique les recommandations de la loi, mais, selon un rapport présenté en février à la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), le manque de coordination entre les différents secteurs gouvernementaux a retardé et desservi leur application.

L’an dernier, le département de gestion des catastrophes du Bhoutan a presque doublé son budget, qui est passé à 590 000 dollars. Le pays n’a cependant pas investi dans la réduction des risques de catastrophes, c’est-à-dire l’identification des vulnérabilités dans les infrastructures et les mesures de préparation dans le but d’atténuer les conséquences des catastrophes naturelles.

Japchu, un administrateur de programmes adjoint au département de gestion des catastrophes, a dit que le département de géologie et des mines du Bhoutan était en train de mettre en place des stations sismiques afin de détecter et de mesurer les mouvements du sol.

Selon Japchu, qui n’utilise qu’un seul nom, quelques progrès en matière de préparation aux urgences ont été enregistrés en dépit des contraintes budgétaires.

« Nous avons créé de nombreux programmes de sécurité pour les écoliers », a-t-il dit, en précisant que les écoles bhoutanaises faisaient chaque mois des exercices de simulation pour se préparer aux séismes et à l’après-catastrophe.

nj/jf/ag-ld/amz 

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