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« Personne ne voulait être un rebelle »

Ray Apire a combattu pour la rébellion de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) pendant 10 ans, s’élevant au rang de major et commandant, jusqu’à sa reddition en 2004. Agé de 50 ans, M. Apire, qui tente aujourd’hui de vivre parmi les gens qu’il a autrefois terrorisés, a raconté son histoire à IRIN lors d’une rencontre à Gulu, dans le nord de l’Ouganda.

« J’ai été enlevé par les rebelles de la LRA en 1993 dans mon village natal de Lamola, dans le district de Kitgum, en même temps que deux de mes frères, mais mon plus jeune frère a été tué quand il a tenté de s’enfuir.

« On nous a emmenés au Sud-Soudan pour nous entraîner et après cela, nous sommes revenus en Ouganda et avons continué les enlèvements. J’ai dirigé plusieurs enlèvements et attaques contre des villages, sous les ordres de notre supérieur Vincent Otti [chef adjoint de la LRA, aujourd’hui décédé]. Nous opérions dans les districts de Gulu et de Kitgum.

« En 2004, notre base au Sud-Soudan a été attaquée par les Forces de défense du peuple ougandais [UPDF, l’armée ougandaise] et nous avons décidé de revenir en Ouganda. La vie était devenue vraiment difficile parce que notre groupe était constamment attaqué par l’armée ougandaise.

« Le 26 juin 2004, je me suis rendu à un détachement de l’UPDF à Gulu. J’avais passé 10 ans dans la LRA et suis revenu avec trois enfants. J’avais aussi laissé deux enfants à ma mère, à l’époque de mon enlèvement.

« Je ne suis pas passé par un centre de réhabilitation lorsque je me suis rendu. Je suis resté dans la caserne de l’UPDF à Gulu pendant quelques temps, puis j’ai décidé de retourner à la vie civile.

« Les gens à Kitgum sont en colère à chaque fois qu’ils parlent de la LRA. J’ai peur de vivre parmi les gens de mon village parce que s’ils apprennent que j’ai commandé l’enlèvement de leurs enfants ou autres proches, ils me haïront ou me feront du mal.

« C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rester à Gulu. La vie est différente pour moi à Gulu parce que j’essaye de me réintégrer dans une nouvelle communauté, différente de mon village natal. Les gens à Gulu ont l’air modérés, bien que certains ressentent toujours de la colère.

« Un certain nombre d’ex-combattants de la LRA trouvent difficile de vivre dans leur communauté d’origine. Ils sont toujours stigmatisés, du fait qu’ils étaient des tueurs, bien qu’ils aient eux-mêmes aussi été victimes d’enlèvement et qu’ils aient été forcés de servir dans les rangs rebelles.

« Un certain nombre d’ex-combattants hommes ont été enlevés très jeunes ; personne ne voulait être un rebelle. Certains sont si frustrés qu’ils sont à la limite de provoquer le chaos. C’est dangereux de laisser un ex-rebelle oisif. Tout le monde est obligé de se débrouiller seul.

« Le gouvernement m’a amnistié et m’a soutenu pour cultiver dans la ferme gouvernementale de Labora, à Gulu. J’ai 15 hectares de manioc, prêts pour la récolte. Je vends chaque sac de manioc 15 000 shillings ougandais [neuf dollars]. La saison dernière, j’ai récolté cinq sacs de riz, un camion de maïs, cinq sacs de sésame et 24 sacs d’arachides. J’ai planté cinq autres hectares de riz et de haricots. J’aime cultiver. Même avec la LRA, on avait planté de nombreux hectares de cultures au Sud-Soudan.

« Les gens qui vivent près de Labora travaillent dans mon champs. Ils m’aident au moment des semis et de la récolte. Je leur donne des graines en échange, pour les aider eux aussi à planter des cultures pour nourrir leur famille. Cela a facilité ma réintégration à Gulu.

« En tant qu’ancien combattant de la LRA, tu dois accepter les erreurs que tu as faites et te repentir. Même si tu as été enlevé, tu dois apprendre à vivre en respectant [les gens], pour que les victimes puissent te pardonner ».

ca/eo/mw/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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