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Un petit village palestinien exposé à une mort lente

A l’entrée du petit village, des ouvriers continuent de travailler à la construction d’un muret en ciment, destiné à diviser la route en deux voies, de sorte qu’elle soit plus sûre ; de son côté, dans une petite salle annexe, près de l’école maternelle du village, Haj Sami Sadiq, qui dirige le conseil du village, continue de gérer divers projets de développement agricole pour ses administrés.

Pour M. Sadiq, c’est une « journée de travail comme les autres ». Ou du moins, c’est ce qu’il prétend, car il sait qu’à tout moment, les soldats israéliens peuvent arriver et commencer à démolir la plupart des constructions du village et même certaines de ses rues.

Le mois dernier, la Haute Cour israélienne a débouté les habitants d’Aqaba de leur demande d’annulation des ordonnances de démolition émises par l’armée, qui concernent la maternelle, la mosquée, un centre de santé et plusieurs résidences.

« Les premières ordonnances de démolition ont été émises en 1997. En 2003, 13 autres ont été émises, et depuis lors, chaque année, ils nous en ont donné plus [...] Il y a 45 constructions dans l’ensemble du village et 35 d’entre elles font l’objet d’ordonnances [de démolition] », s’est-il indigné.

Le village, situé dans la section nord-est des Territoires palestiniens occupés, au sommet de la vallée du Jourdain, a eu un passé agité depuis l’occupation de la Cisjordanie par Israël en 1967.

Après l’occupation, qui a incité de nombreux habitants à fuir, la région a été déclarée zone militaire, et des camps d’entraînement ont été créés dans le village et aux alentours, pour les besoins de l’armée israélienne. Selon le conseil du village, huit villageois ont été tués et 42 ont été blessés au cours d’exercices militaires.


Photo: Shabtai Gold/IRIN
Salem Jabar, 85 ans, a reçu une ordonnance lui interdisant de poursuivre les travaux de construction de sa maison
Engins non-explosés

« Il nous arrive encore de trouver des engins non-explosés autour du village, et nous disons aux enfants de ne jamais toucher à rien », a expliqué un villageois. Récemment, en travaillant dans les champs, des villageois ont notamment découvert plusieurs petites roquettes, ainsi que des obus et des balles.

« Quand j’avais 12 ans, j’ai trouvé un obus de char non-explosé. Je ne savais pas ce que c’était, et j’ai joué avec. Il a explosé et m’a brûlé aux mains et au visage », s’est souvenu un homme, aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’années.

En janvier 2008, des villageois ont également retrouvé le corps d’un homme « déchiqueté », selon les propos d’une personne qui a vu le cadavre, par un explosif que les soldats avaient laissé derrière eux.

Sadiq lui-même fait partie des personnes blessées au cours des exercices militaires. Les balles qu’il a reçues dans le torse au début des années 1970 l’ont condamné à passer le restant de ses jours dans un fauteuil roulant. « Ils ont également détruit nos récoltes en traversant nos champs avec leurs tanks », a ajouté Sadiq, ne s’attardant pas sur son propre sort.

Les bases militaires ont été retirées en 2003, après que des villageois eurent déposé une requête auprès de la Haute Cour israélienne, affirmant qu’elles constituaient un risque pour leur sécurité.

Pas de nouveaux bâtiments

À la lisière du village, Abdullah Daraghmeh loue un petit terrain pour sa femme et ses quatre enfants. En 1984, la famille a été dépossédée de ses propres terres, plus loin dans la vallée.

Abdullah Daraghmeh et sa famille vivent dans des tentes de fortune car « l’armée [israélienne] a menacé de démolir tout ce que je pourrais construire », a-t-il dit.

C’est exactement ce qui est arrivé à Salem Jaber, 85 ans. Imam (prêtre musulman) d’une mosquée de la basse vallée du Jourdain pendant plusieurs décennies, M. Jaber a décidé il y a plusieurs mois de prendre sa retraite et de retourner dans son village natal.


Photo: Shabtai Gold/IRIN
Une cour d’école maternelle, qui fait l’objet d’une ordonnance de démolition
« Dès que j’ai commencé à construire une maison ici, pour moi-même et ma famille, ils ont émis des ordonnances d’arrêt des travaux », a-t-il expliqué.

« Cette terre appartenait au grand-père de mon grand-père. Pourquoi m’empêchent-ils d’y construire une maison ? Je n’ai nulle part d’autre où vivre », a-t-il ajouté.

L’administration civile israélienne en Cisjordanie a expliqué à IRIN que la Haute Cour avait approuvé les ordonnances émises, bien que pour l’instant, la mosquée et le jardin d’enfants ne seraient probablement pas rasés.

« Il n’y a pas de plan d’ensemble pour ce village. Les habitants ont demandé des permis après avoir déjà construit », a affirmé un porte-parole. « Il y a une solution : ils peuvent aller vivre à Taiyser [un village situé à quelques kilomètres de là] », a-t-il suggéré.

Selon les habitants, il est vrai que dans certains cas, les permis ont bel et bien été demandés rétroactivement, mais il existe un processus spécifique pour ce type de cas, qui ne sont pas inhabituels. De toute façon, ont-il indiqué, même les permis ayant fait l’objet de requêtes en bonne et due forme n’ont pas été accordés.

« Ils veulent que nous quittions ces terres, un point, c’est tout. Ils trouveront toujours une excuse », a conclu M. Sadiq.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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