Pour les familles de la bande de Gaza dont les fils ou les filles sont incarcérés dans les prisons israéliennes, les 11 derniers mois ont été particulièrement pénibles : les visites familiales ayant été suspendues, leur seul contact avec leurs parents détenus se fait désormais à travers de brefs messages écrits.
« Cette situation pose un problème humanitaire pour nous, pour les familles et pour les détenus », a expliqué à IRIN Katharina Ritz, la responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Jérusalem.
« Il est très important que les familles aient des contacts avec les personnes emprisonnées ; et psychologiquement, pour les détenus, c’est important d’avoir des contacts avec la famille », a-t-elle poursuivi, soulignant que ces contacts permettaient aux familles de leur apporter des livres et des vêtements.
Selon B'tselem, une organisation israélienne de défense des droits humains, plus de 760 Gazaouis, dont quatre femmes, sont incarcérés dans les prisons israéliennes. Ils y sont tous pour diverses infractions de « sécurité », de l’appartenance présumée à un « mouvement interdit » jusqu’aux actes de militantisme avérés.
Le programme des visites familiales de Gaza, en place depuis 1968, a été interrompu peu avant la prise de contrôle de l’enclave par le Hamas, en juin 2007, pendant une période d’intense violence. Depuis lors, Israël a refusé de reprendre ce programme, dans lequel le CICR coordonnait et facilitait les visites des proches parents des prisonniers gazaouis.
« Le gouvernement a pris la décision de ne laisser sortir personne de la bande de Gaza, à l’exception des cas humanitaires », a indiqué Shlomo Dror du ministère israélien de la Défense, en allusion aux patients nécessitant des soins médicaux. Les autorités israéliennes ont également fait remarquer que Gilad Shalit, le soldat capturé en 2006 par les militants palestiniens, n’avait pas été autorisé à contacter sa famille.
« Il ne s’agit pas de savoir qui a le plus besoin des visites ; des deux côtés, le contact avec la famille est important », a fait observer un représentant du CICR.
Près d’un an sans visite
« La dernière fois que j’ai vu mon fils, c’était le 17 mai 2007 », a affirmé Abou Rami, à Gaza City. Rami, son fils, a été arrêté il y a près de cinq ans et condamné à 15 années d’emprisonnement.
« Avant, j’allais le voir tous les 15 jours », a confié Abou Rami à IRIN.
Photo: Shabtai Gold/IRIN |
Palestiniens allant visiter des membres de leur familles détenus dans des prisons israéliennes dans le cadre de visites familiales coordonnées par le CICR. Les parents apportent généralement des vêtements aux prisonniers |
« Mais cela en valait la peine, parce qu’au moins je pouvais le voir ; c’est mon fils unique », a affirmé le père, ajoutant que Rami n’avait pu toucher son fils de quatre ans qu’une seule fois depuis son arrestation, et qu’ils n’avaient eu aucun contact au cours des 12 derniers mois.
Pour les détenus, le contact avec la famille se limite désormais aux lettres, qui mettent six semaines pour arriver à Gaza.
Malgré cela, Abou Rami et des centaines d’autres parents continuent d’envoyer chaque semaine des demandes de visite.
« Pour moi, cela indique clairement que le contact humain que permet le programme des visites familiales est vital pour les familles », a affirmé Mme Ritz.
Si, jusqu’au mois de juin dernier, le CICR ne transmettait qu’une dizaine de messages par mois environ entre les prisonniers et leurs familles, il en distribue actuellement jusqu’à 300, ont indiqué ses représentants. Ces brefs courriers, a souligné l’organisation, sont soumis à la censure militaire et ne sont pas vraiment une solution idéale.
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