Une visite chez le barbier ou au salon de coiffure en Indonésie pourrait comporter bien plus d’avantages qu’un simple rasage ou une coupe de cheveux : une occasion pour le client d'être informé sur le VIH/SIDA et d'apprendre comment prévenir sa propagation.
En décembre 2007, la compagnie française L’Oréal, avec le soutien de l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a mis en place un programme destiné à encourager les coiffeurs indonésiens à engager la conversation avec leurs clients sur le VIH pour les sensibiliser.
La campagne, « Coiffeurs du monde contre le sida » a été lancée en mai 2005 en Afrique du Sud et a depuis parcouru 15 pays, dont l’Inde, la Chine, la Thaïlande, la Malaisie, l’Allemagne, l’Espagne, la France l’Italie, le Royaume-Uni et le Brésil. L’UNESCO a fourni le matériel éducatif pour les séminaires de formation sur les méthodes de sensibilisation.
« Il y a 8,5 millions de coiffeurs qui travaillent auprès d’au moins deux milliards de clients à travers le monde », a dit à IRIN/PlusNews Arifaldi Dasril, en charge des relations publiques de l’Oréal en Indonésie. « Donc les coiffeurs sont en fait un moyen très efficace de soutenir une campagne destinée à accroître la prise de conscience ».
Le VIH a infecté au moins 33 millions de personnes dans le monde, d’après le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, et 95 pour cent de ces personnes se trouvent dans les pays en développement, y compris l’Indonésie et d’autres pays asiatiques.
D’après le ministère indonésien de la Santé, en septembre 2007, il y avait au moins 17 000 personnes vivant avec le VIH dans les 33 provinces d’Indonésie.
« Nous savons tous que les statistiques ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a dit Sarsanto W Sarwono, gynécologue et secrétaire général de la Fondation indonésienne contre le sida (YAIDS), une organisation non gouvernementale basée dans la capitale, Jakarta.
« Nous estimons qu’il y a au moins 200 000 personnes – dont plus de 50 pour cent appartiennent à la classe d’âge des 20-29 ans- qui sont infectées au VIH dans ce pays », a-t-il dit le 11 avril, dans une session de formation à la sensibilisation pour les coiffeurs de Jakarta.
Il a également précisé que les infections se propageaient de plus en plus via le partage des seringues entre les consommateurs de drogues injectables.
Le séminaire a permis aux coiffeurs d’acquérir des connaissances basiques sur l’infection et la prévention du VIH/SIDA, tandis que les spécialistes échangeaient leurs dernières informations sur le syndrome et réfléchissaient à la manière dont les coiffeurs pouvaient le mieux introduire le sujet auprès de leurs clients.
Le tabou
« Je suis heureux que l’Indonésie ait pu rejoindre le nouveau programme », a dit M. Dasril à IRIN. « Nous avons organisé un spectacle itinérant dans cinq des plus grandes villes d’Indonésie et nous espérons pouvoir attirer au moins 700 coiffeurs pour participer au programme ».
Cependant, il y a eu des obstacles. « Nous avons dû lutter au début », a dit M. Dasril. « De nombreux coiffeurs nous ont dit qu’ils ne voulaient pas que leur salon soit associé avec le VIH, dans la mesure où parler du sida en Indonésie est toujours tabou ».
Il a dit qu’il avait aussi été difficile d’obtenir le soutien des autorités locales en faveur de l’initiative.
« Ce n’est pas une tâche facile que d’introduire un programme comme celui destiné aux coiffeurs pour lutter contre le VIH/SIDA en Indonésie, parce que nous devons combattre les tabous, et risquer la stigmatisation en propageant la sensibilisation sur le VIH/SIDA », a dit M. Sarwono.
« Cependant, je suis optimiste que ce programme pour les coiffeurs aidera à prévenir la propagation du VIH parce qu’ils sont en contact avec beaucoup de clients dans le cadre de leur activité », a-t-il ajouté.
L’initiative bénéficie d’un budget de 700 millions de rupiah (77 000 dollars).
« Je pense que c’est un projet très important », a estimé Darwin Purba, coiffeur depuis sept ans. « Je réalise maintenant que nous, les coiffeurs, sommes des professionnels qui pouvons avoir la chance de contribuer à diffuser l’information sur le VIH/SIDA. Je n’ai pas de problèmes à participer à la campagne, c’est une obligation morale que nous devons remplir ».
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