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L’accès à l’eau, un problème pour les bédouins des villages non-reconnus

Plus de la moitié des 85 000 bédouins du désert du Néguev vivent dans une quarantaine de villages non-reconnus par Israël, privés de bon nombre de services essentiels, et surtout d’eau potable. Selon certains experts, quelque 45 000 bédouins ont recours aux camions-citernes ou aux animaux pour transporter de l’eau jusqu’à leur domicile.

Ainsi, les centaines d’habitants du village de Tel Arad dépendent entièrement de l’eau qui leur est apportée par camions-citernes ou à dos d’animaux, ce qui revient encore plus cher pour des habitants qui n’ont déjà guère les moyens d’acheter de la viande régulièrement.

« Je ne suis pas raccordé au réseau de distribution d’eau parce qu’il [l’Etat] ne le souhaite pas », a indiqué Odeh, un vieux du village qui se souvient d’avoir été déplacé alors qu’il était encore enfant.

Comme dans les autres villages, les habitants gardent leur provision d’eau dans des réservoirs placés sur le toit de leur maison. Or, les parois internes des réservoirs pouvant être attaquées par la rouille, l’organisation israélienne Médecins pour les droits de l’homme (Physicians for Human Rights, PHR) s’est dite préoccupée par les effets néfastes de celle-ci, qui peut provoquer des diarrhées.

En effet, au mois d’août 2007, environ 80 pour cent des enfants du Néguev hospitalisés pour des diarrhées étaient des bédouins, bien qu’ils ne représentent que 25 pour cent de la population de la région. Selon PHR, l’eau sale et la consommation insuffisante de liquides (puisque les habitants reçoivent trop peu d’eau) sont à l’origine de cette pathologie.

Des points d’eau centralisés

Quelque 40 000 autres personnes, à qui les autorités israéliennes ne fournissent que des points d’eau centralisés et collectifs (des stations de pompage installées à des points spécifiques des principaux conduits d’eau), utilisent des branchements sauvages pour avoir de l’eau à domicile. Il arrive que la distribution de l’eau soit irrégulière et que les stations de pompage soient fermées lorsque les factures ne sont pas payées.


Photo: Shabtai Gold/IRIN
Des milliers de personnes utilisent des branchements sauvages pour faire venir l'eau dans leurs maisons. Ces branchements peuvent s'étendre sur six kilomètres
« Parfois, nous n’avons pas d’eau parce qu’une personne du village n’a pas payé sa facture », a expliqué Walid, un habitant d’Awajan, un village non-reconnu. Compte tenu de la nature collective des points d’eau centralisés, un grand nombre de familles peuvent effectivement être privées d’eau à cause de la négligence ou de la pauvreté d’une seule personne qui n’aurait pas payé sa facture.

Mais les problèmes vont bien au-delà des impayés. Certains branchements sauvages s’étendent sur six kilomètres depuis le point central, ce qui pose des problèmes de pression d’eau, et les tuyaux de fortune, installés pour l’acheminement de l’eau sont des endroits propices au développement de bactéries, a expliqué à IRIN un médecin local.

« En été, nous sommes souvent privés d’eau. Le tuyau d’eau est trop petit et trop de gens sont branchés sur le raccordement », a expliqué Sliman, un autre habitant du village. Walid et lui sont alors contraints d’acheter des bouteilles d’eau à prix d’or pour fournir de l’eau potable à leurs familles.

D’après PHR, le Regional Council for the Unrecognised Villages (RCVU) et la Water Coalition (des organisations non-gouvernementales), sur les 210 demandes d’installation de points d’eau centralisés, adressées entre 2003 et 2006, sur décision de la Haute Cour, seules 30 ont abouti.

Les nouvelles communes critiquées


Photo: Shabtai Gold/IRIN
Egout à ciel ouvert à la périphérie d'un village non reconnu
La position officielle d’Israël, tel qu’expliqué au cours des audiences de la Haute Cour, est que les villages non-reconnus sont illégaux puisqu’ils ont été créés en violation des lois sur l’aménagement du territoire, même si certains de ces villages ont été reconnus ces dernières années. Les autorités israéliennes auraient préféré que les habitants des villages non-reconnus aillent s’installer dans les sept communes créées pour les bédouins au fil des années, puisqu’ils peuvent y bénéficier de tous les services.

Au-delà du fait que bon nombre de bédouins sont peu disposés à quitter leurs maisons, ils se plaignent également des services qui sont réellement offerts dans ces communes, puisque quelque 20 000 de leurs habitants ne sont pas raccordés au système d’égouts, selon la Water Coalition et le RCUV, et compte tenu du nombre des habitants des communes qui n’ont pas de système d’égouts.

« Depuis les années 1990, ils nous promettent d’installer un système d’égouts », a dit Shahada, un habitant de la commune de Laqiya, qui accuse les autorités locales d’avoir laissé l’Etat créer la commune sans la doter d’un système d’assainissement.

Quant à Mansour, un autre habitant de la commune, il dit devoir payer environ 140 dollars américains chaque semaine pour faire vider sa fosse septique.

« Il y a 100 personnes raccordées à une fosse septique et elle ne peut pas tout absorber. Ca sent tout le temps », a-t-il confié à IRIN.

shg/ar/ads/nh


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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