L’accord de paix définitif mettant fin à deux décennies de conflit dans le nord de l’Ouganda devrait être signé le 5 avril, mais les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ont fait savoir qu’ils ne désarmeraient que si les poursuites engagées par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de leurs dirigeants étaient suspendues.
« Un exemplaire signé sera remis au gouvernement (ougandais). Le gouvernement aura ensuite l’obligation de transmettre cet exemplaire au Conseil de sécurité des Nations Unies et de demander une suspension de 12 mois des mandats d’arrêt, avant que la LRA ne désarme », a expliqué à IRIN David Matsanga, le chef de la délégation de la LRA aux pourparlers.
Cela traduit un assouplissement de la position de la LRA. Pendant les mois de pourparlers, à Juba, le mouvement rebelle avait exigé l’arrêt pur et simple des poursuites, mais le procureur de la CPI avait rejeté cette éventualité. Pourtant, le Statut de Rome, qui gouverne et oriente les activités de la CPI, lui permettait de décider que les tribunaux ougandais étaient compétents pour mener les poursuites eux-mêmes, et un des points d’accord négociés au cours des pourparlers prévoyait la mise sur pied d’une division spéciale de la Haute Cour de justice ougandaise pour juger les crimes de guerre commis durant le conflit.
Le Statut de Rome donne aussi au Conseil de sécurité le pouvoir d’outrepasser une décision du procureur et de suspendre des poursuites pendant une période renouvelable de 12 mois.
« Nous avons retenu la date du 5 avril pour la signature de l’accord et nous continuons encore à débattre des autres aspects de l’accord final », a affirmé à IRN James Obita, l’adjoint de M. Matsanga.
Photo: Manoocher Deghati/IRIN |
Deux anciennes esclaves sexuelles assises sur un lit dans le centre de réinsertion de World Vision, dans le district de Gulu, au nord de l'Ouganda - août 2006. Des fillettes de pas plus de 10 ans étaient régulièrement enlevées dans les villages et données en épouses aux commandants de la LRA |
Le gouvernement ougandais avait demandé à la CPI, sise à La Haye, d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre commis par la LRA et, en 2005, des mandats d’arrêt avaient été émis pour appréhender cinq hauts commandants de la LRA, dont Joseph Kony, le leader du mouvement.
Selon Chris Magezi, porte-parole de la délégation gouvernementale, l’accord de cessez-le-feu actuel ne sera pas officiellement prorogé au-delà du 28 mars, sa date d’expiration, mais la trêve sera respectée « conformément à une convention verbale ».
La délégation de la LRA devait se rendre dans la région de Ri-Kwangba, au Sud Soudan, pour une consultation finale avec les dirigeants du mouvement sur les termes du règlement du conflit.
« Ils reviendront avec Joseph Kony ou avec une personne mandatée par le haut commandement de la rébellion pour signer l’accord au nom du mouvement », a poursuivi M. Magezi.
Pour M. Obita, toutefois, les poursuites de la CPI pourraient ne pas encourager M. Kony à sortir de sa cachette pour venir signer l’accord de paix.
L’accord de cessation des hostilités a été conclu en août 2006, deux mois après que les deux parties eurent accepté d’engager des pourparlers de paix sous la médiation de Riek Machar, vice-président du Sud Soudan.
Des dizaines de responsables civils et religieux du nord de l’Ouganda étaient venus à Juba, le 25 mars, pour assister à la signature de l’accord de paix définitif, qui avait été prévue initialement le 28 mars.
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