La résistance aux préservatifs reste un vrai problème chez les couples sérodiscordants –couple dans lequel l’un des partenaires est séropositif et l’autre séronégatif- en Ouganda, selon les conclusions d’une nouvelle recherche.
Sur 36 000 couples soumis à des tests de dépistage dans le cadre de cette étude, dont les résultats ont été présentés à l’occasion de la quinzième conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, tenue à Boston, au Massachusetts, 96 pour cent des couples sérodiscordants sexuellement actifs ont déclaré ne pas avoir utilisé de préservatif au cours de leurs derniers rapports sexuels.
« Les personnes que nous avons interrogées entretenaient des relations stables, généralement matrimoniales ; dès lors, ils n’éprouvaient pas le besoin d’utiliser des préservatifs », a indiqué le docteur Elioda Tumwesigye, chercheur responsable de l’étude. « Même après s’être fait dépister, bon nombre d’entre eux continuaient à avoir des rapports sexuels à risque ; ils disaient que la sérodiscordance était un signe du destin ou qu’un des deux partenaires devait être immunisé ».
L’étude est l’aboutissement d’une initiative menée entre 2004 et 2006 par les Centres américains de contrôle des maladies (CDC) en vue de fournir des services de conseil et de dépistage volontaires à domicile à 250 000 personnes dans le district de Bushenyi, dans l’ouest du pays.
La communauté est très bien informée en matière de prévention du VIH, mais les populations pensent que les préservatifs n’ont rien à faire dans le lit conjugal, a ajouté le docteur Tumwesigye.
À Bushenyi, sur l’échantillon retenu dans le cadre de l’étude, les hommes étaient plus susceptibles d’être infectés que les femmes ; pour le docteur Tumwesigye, cela s’explique par la différence d’âge entre les hommes et les femmes au sein des couples : la moyenne d’âge des femmes était de 30 ans, contre 40 ans chez leurs époux.
« Il est possible que ces hommes plus mûrs, plus expérimentés en matière de sexualité et plus exposés au VIH aient épousé de jeunes filles ayant relativement peu d’expérience sexuelle », a-t-il expliqué. « Il est important de transmettre un message fort à ces couples pour leur dire que les préservatifs leur permettront de se protéger et de protéger leur relation ».
Pour le docteur Tumwesigye, il est même particulièrement urgent de le faire : en effet, dans le cadre de l’étude, les couples sérodiscordants représentaient plus de 60 pour cent des couples au sein desquels un ou les deux partenaires étaient séropositifs.
Selon James Kigozi, porte-parole de la Commission ougandaise de lutte contre le sida, la résistance aux préservatifs ou l’utilisation irrégulière de ces derniers est un comportement observé dans l’ensemble du pays.
« Il est vraiment difficile de convaincre les couples mariés d’utiliser des préservatifs, ceux-ci étant perçus comme des outils pour personnes célibataires », a-t-il indiqué. « Nous encourageons systématiquement les couples à se faire dépister ensemble, mais généralement, seules les femmes viennent, dans le cadre des soins prénataux ; si elles sont déclarées séronégatives, leurs maris pensent qu’ils doivent l’être aussi et ne viennent pas ».
Autre difficulté, a-t-il ajouté, « les femmes ne sont souvent pas en mesure de faire accepter les rapports sexuels protégés, et celles qui entretiennent des relations sérodiscordantes continuent donc d’être exposées au risque d’être infectées ».
Pour encourager les couples à se faire dépister ensemble, le gouvernement a recours aux programmes radios, à l’affichage ainsi qu’à d’autres médias, a noté M. Kigozi.
Dans le cadre de leur initiative de soins à domicile, mise en place à Bushenyi, les CDC ont également recours à la radio et aux visites à domicile pour véhiculer l’importance du conseil et du dépistage volontaires et de l’utilisation des préservatifs au sein des couples sérodiscordants.
Selon l’enquête sérocomportementale 2004-05 sur le VIH/SIDA, sur quelque 4 000 couples vivant en cohabitation en Ouganda, environ cinq pour cent étaient sérodiscordants. Selon les estimations, dans trois pour cent des couples, les deux partenaires étaient séropositifs.
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