Amadou Oury Diallo, 16 ans, a été abattu au cours d’une opération de répression menée par l’armée guinéenne lors des manifestations de janvier 2007.
À l’approche du premier anniversaire des soulèvements, les observateurs craignent que la Guinée ne s’embrase de nouveau, si les mesures prises pour donner suite aux doléances des citoyens et sanctionner les individus responsables de la mort des manifestants sont insuffisantes.
Pour Mamadou Dian Diallo, 28 ans, le décès de son frère n’a pas été vain. « Le 22 janvier, il est allé manifester. Il a été blessé par balle à deux reprises, aux côtes et à la nuque. Il a été abattu alors qu’il s’enfuyait pour échapper aux soldats ».
« Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’ils [son frère et au moins 137 autres victimes] soient morts pour rien. Leur décès nous a permis de nommer un nouveau Premier ministre. Mais si nous n’atteignons pas les objectifs pour lesquels nous avons combattu, nous les aurons trahis ».
« Ce que les gens veulent, c’est un changement – c’est une nécessité nationale. Les Guinéens ont trop souffert depuis l’indépendance. Ici [dans la banlieue de Hamdallaye, près de Conakry], nous vivions dans l’obscurité. L’électricité et l’eau sont rares ».
« Nous avons remarqué que depuis la nomination du nouveau Premier ministre, nous avons plus souvent l’électricité dans notre quartier ; nous avons aussi l’eau courante. Avant, on pouvait passer une ou deux semaines sans qu’une goutte d’eau ne coule du robinet et nous devions faire la queue pendant des heures au point d’eau [à près de 500 mètres de là] pour remplir des jerricans d’eau. Aujourd’hui, nous avons l’eau courante deux ou trois jours de suite, avec peut-être un jour d’intervalle ».
« Les choses vont mal tourner de nouveau si nous ne parvenons pas à obtenir ce pour quoi nous nous sommes battus – c’est-à-dire, une amélioration de nos conditions de vie ». « Nous avons organisé des cérémonies de commémoration dans le quartier, en l’honneur de nos frères tombés [pour la cause]. Pour que leur esprit reste dans nos cœurs, et pour dire que, même s’ils ne sont plus parmi nous aujourd’hui, ils ne sont pas morts en vain. Ils sont morts pour une cause juste – la lutte pour nos droits. Le 22 janvier restera toujours un jour inoubliable pour la jeunesse guinéenne.
« Nous sommes en train d’organiser des événements culturels à l’occasion de l’anniversaire [des manifestations], pour continuer d’honorer ceux qui sont morts ».
« La commission d’enquête [chargée d’enquêter sur les abus commis par les forces de sécurité au cours de la répression] doit poursuivre ceux qui ont commis des crimes. Ils doivent être arrêtés, jugés et sanctionnés afin que de tels agissements ne se reproduisent plus jamais, pas seulement ici, en Guinée, mais aussi dans les autres pays d’Afrique.
« La communauté internationale doit comprendre qu’il est essentiel non seulement de s’intéresser aux jeunes qui sont morts, mais aussi à la réalité de la jeunesse guinéenne qu’ils ont laissée derrière eux. Et le gouvernement doit aider les jeunes à préparer leur avenir ».
« La Guinée a ouvert les yeux. Les Guinéens savent désormais comment se faire entendre et revendiquer leurs droits ».
mc/np/dh/nh/ads/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions