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Recrudescence des problèmes de santé mentale et de stress

Depuis l’invasion de son pays, menée par les Etats-Unis en 2003, Salah Hashimy, 14 ans, a perdu ses parents, ses sœurs et bon nombre de ses amis ; jusqu’à ce qu’un jour, il ne reste plus personne pour s’occuper de lui. Aujourd’hui, le jeune garçon est en manque d’éducation, d’amour et de soutien, et c’est cette équation, selon les médecins, qui est responsable de ses problèmes de santé mentale.

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« J’ai une très mauvaise mémoire, mais je ne peux pas oublier le jour où j’ai vu ma sœur se faire violer à mort par des militants », a confié le jeune Salah.

Salah, actuellement sous traitement à l’hôpital psychiatrique d’Ibn Roshd, à Bagdad, a enfin trouvé un endroit pour l’accueillir : Keeping Children Alive (KCA), une organisation non-gouvernementale (ONG) locale qui s’occupe d’enfants atteints de troubles mentaux.

Toutefois, à la suite de plusieurs menaces proférées récemment à l’encontre de cette ONG, Salah risque de devoir chercher refuge ailleurs, si l’organisation doit fermer ses portes.

« Salah n’est qu’un exemple des dizaines d’enfants et d’adultes qui se présentent à l’hôpital, dans notre service ; tous ont développé leurs troubles mentaux à la suite de la guerre », selon Shalan Aboudy, directeur de l’hôpital psychiatrique d’Ibn Roshd.

« Tous les patients ont des antécédents semblables. Certains ont perdu des membres de leur famille, les enfants ont perdu leurs parents, les femmes ont été violées, les hommes ont perdu leur fiancée deux ou trois jours avant leur mariage », a ajouté M. Aboudy.

Selon M. Aboudy, l’hôpital reçoit une centaine de patients par jour ; il est en effet le seul de la capitale à disposer d’une unité psychiatrique, bien qu’il manque de matériel et de personnel médical. De longues files d’attente se forment chaque jour devant la porte.

« La majorité [des patients] sont des femmes ; il y a aussi beaucoup d’enfants, et un peu moins d’hommes », a noté M. Aboudy.

En 2006, 14 spécialistes exerçaient à l’hôpital ; à présent, il n’en reste plus que quatre, la plupart ayant fui le pays.

« Je viens ici au moins une fois par semaine afin de trouver une solution pour ma fille, qui a perdu son fiancé dans une explosion. Depuis, elle est devenue hystérique », a raconté Mohammed Saad, 53 ans, père de trois enfants. « Cela fait plus d’un an, mais elle continue de se comporter de façon hystérique ».

La guerre, à l'origine des troubles

KCA dit avoir observé des dizaines de cas d’enfants souffrant de troubles mentaux causés par l’impact de la guerre.

« Dans notre branche principale, située dans le district d’Hadithiyah, nous avons deux psychologues qui aident les enfants de Bagdad, mais dans la plupart des cas, c’est inutile, étant donné que les parents ne reviennent pas après l’établissement du diagnostic clinique ; ils n’acceptent pas que leurs enfants puissent souffrir de troubles mentaux causés par la guerre », a révélé Mayada Marouf, porte-parole de KCA.

« Ils ramènent leurs enfants à la maison, ne se représentent plus jamais, et laissent ainsi passer l’occasion de les faire aider par des spécialistes », a-t-elle ajouté. « Les familles traditionnelles pensent encore qu’il est honteux de souffrir de troubles mentaux et préfèrent enfermer leurs enfants à la maison comme des bons à rien ».

Depuis janvier 2007, environ 1 800 enfants et 1 100 femmes se sont inscrits aux registres de KCA en vue de recevoir une aide psychologique, mais moins de six pour cent d’entre eux se sont représentés pour poursuivre le traitement après la première évaluation du médecin.

Pour Farez Mahmoud, professeur de neurologie à l’université de Bagdad, la peur est la cause principale de cette recrudescence des troubles psychologiques et du stress au sein de la population.

« Les gens ont peur de la violence. Ils ne peuvent pas [supporter] d’entendre les balles, les explosions ni la nouvelle d’un décès dans leur famille. Les enfants ne supportent pas l’idée de devoir rester à la maison ou vivre comme des déplacés, et il y aura davantage de cas dans les mois qui viennent », selon le docteur Mahmoud.

« La peur agit comme un cancer dans certaines situations : elle prend le contrôle du corps, pour atteindre un niveau à partir duquel ni le médecin ni les médicaments ne peuvent plus réparer les dégâts », a-t-il expliqué.

A Bagdad, jusqu’au mois de mai 2007, au moins six ONG, dit-on, proposaient une aide psychologique aux personnes atteintes de troubles mentaux, mais à la suite de menaces continuellement proférées par les insurgés, elles ont fermé leurs portes.

as/ar/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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