1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Palestine

De nombreux Palestiniens font les décharges publiques pour survivre

Pour certains Palestiniens de Cisjordanie, les décharges publiques sont devenues non seulement un moyen de subsistance, mais aussi leur seul moyen de survie. Plusieurs dizaines d’habitants des territoires, dont des enfants, travaillent sur les sites de ces décharges pour essayer de gagner de maigres revenus.

« Le travail est très dur ici. Mes mains sont toutes tailladées. Mais que faire ? Il n’y pas de travail à Ramallah », s’est plaint Muhammad, un habitant d’Al-Bireh, une ville voisine.

A 43 ans, il a passé les 30 dernières années – en dehors d’un séjour en prison – sur le site de la décharge publique de Psagot à fouiller les ordures à la recherche de ferraille.

Comme une quarantaine d’autres travailleurs, dont une vingtaine d’enfants, Muhammed n’a officiellement pas d’employeur, mais il vend ce qu’il peut à des négociants qu’il connaît.

Akram, 32 ans, conduit le tracteur qui transporte la ferraille jusqu'aux négociants. A l’instar de bien d’autres personnes, il travaille sur le site du matin au soir.

« J'étais camionneur dans une entreprise. Puis j’ai perdu mon emploi. Le travail sur les décharges publiques a été le seule activité que j’ai trouvée », a-t-il révélé à IRIN, alors qu’il tentait de charger sur son engin un ventilateur industriel et des restes de poutres d’un projet de construction.

Illettrisme et travail des enfants

Deux enfants, contents d’avoir eu de la chance, avaient trouvé le ventilateur. Il avait été déchargé du dernier camion d’ordure arrivé sur le site, et les deux jeunes l'avaient traîné jusqu’à Akram.

« Aucun enfant ici ne sait lire ni écrire. Ils n’ont jamais été allés à l’école », a affirmé M. Muhammad.

Shadi, qui a d’abord prétendu avoir 16 ans, puis 12 ans, s’est mis en colère à la suite des allégations de M. Muhammad.

« Je sais écrire », a-t-il dit en criant, avant de se mettre à griffonner son nom en arabe sur le sable. Mais bien vite, il s’est avéré qu’il ne savait écrire que ce nom dont il était d’ailleurs incapable de déchiffrer les lettres. Quant aux autres enfants, ils n’ont même pas été tentés par l’exercice.

A la question pourquoi il n’est pas à l’école, le jeune Shadi a répondu : « Mon père est malade. J’ai une grande famille, et il faut bien quelqu’un pour s’en occuper. J’ai quitté l’école au bout d’une année pour travailler ici ».

« Aucun enfant ici ne sait lire ni écrire. Ils n’ont jamais été allés à l’école »
Des problèmes juridiques

Le site de Psagot porte le nom de la colonie israélienne voisine, située dans la banlieue de Ramallah. Généralement, la décharge publique est utilisée par des camions israéliens qui viennent y déverser les ordures des colonies ou des villes situés en territoire israélien.

« Il y a bien plus d’ordures provenant d’Israël que des Palestiniens. Bien, bien plus », a insisté M. Muhammad.

Une menace pour la santé

De vautours planent au-dessus des tas d’immondices, attendant de se saisir de ce que les travailleurs délaissent.

En été, les ordures cuisent sous l’effet de la chaleur et il se dégage du site une odeur pestilentielle qui colle aux travailleurs. Si certains d’entre eux ont de la famille, d’autres se rendent compte que la nature de leur travail peut les desservir dans leur vie.

« Je ne pense pas que je me marierai », a affirmé Ahmed, 20 ans. L’odeur ne me quitte jamais, a-t-il déploré.

En hiver, les travailleurs affrontent le froid, la pluie, le vent et le gel pour mener leur activité. Ce travail est particulièrement difficile car les métaux qu’ils récupèrent deviennent très froids. Quelques travailleurs vivent dans des baraques sur le site, parce qu’ils n’ont nulle part où aller.

Outre les éléments, les travailleurs sont confrontés à d’autres dangers.


Photo: Shabtai Gold/IRIN
Enfant palestinien transportant des objets métalliques vers un pile d'autres objets récupérés dans les ordures de la décharge publique de Psagot. Il a aussi récupéré des chaises en plastique et des jouets usés
« Les enfants souffrent énormément », a souligné Ahmed Qunnam, expert en santé publique et médecin bénévole à la Société du Croissant-Rouge palestinien.

« D’un point de vue psychologique, ils ne vivent pas dans un système social normal. De même, ils ne mangent pas correctement et n’ont pas une croissance régulière. Ils travaillent toute la journée, et sont surmenés, sans compter que les sites sont extrêmement malsains ».

Sur le site de Psagot, par exemple, des travailleurs avaient trouvé une boîte d’olives. Ils l’avaient ouverte immédiatement et avaient dévoré les olives - la date de péremption était largement dépassée – de leurs mains salles qui avaient servi auparavant à fouiller les ordures.

« Tout cela ne fait qu’hypothéquer leur santé pour l’avenir. Ils perdent leur enfance », s’est désolé M. Qunnam. « Il leur est facile de verser dans la drogue ».

Les travailleurs sont également exposer aux risques que constituent les drogues utilisées par d’autres personnes. En effet, en fouillant les ordures, il est n’est pas rare de trouver des seringues. « Les travailleurs peuvent contracter le virus du VIH ou de l’hépatite », a ajouté M. Qunnam.

Selon lui, l’Autorité palestinienne (AP) doit faire plus pour les enfants, mais, a-t-il expliqué, l’AP ne peut exercer un contrôle sur le secteur C – où est implanté le site – la sécurité dans cette zone étant sous la responsabilité d’Israël, conformément aux accords d’Oslo.

Pour Ibrahim Atieh, du ministère palestinien de la Santé, le nombre d’enfants travaillant sur les décharges publiques est proportionnellement bien plus faible que dans les pays voisins.

« Néanmoins, c’est un problème très difficile et douloureux. Qui sait quelles maladies ils peuvent contracter », a-t-il dit à IRIN.

«L’AP ne dispose pas dans l’immédiat de programme pour mettre fin à ce phénomène ; il y en aura peut-être un dans le future », a-t-il affirmé.

shg/ar/cb/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join