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Enfants incarcérés avec leur mère, mêmes privations

Fatima (un nom d’emprunt) vit avec sa mère et son jeune frère dans la prison de Pul-e Charkhi, à la périphérie est de Kaboul. La fillette de 12 ans est arrivée à la prison il y a quatre ans, après qu’un tribunal eut condamné sa mère à une peine de 11 ans d’emprisonnement pour avoir tué son mari.

« Six femmes et sept enfants vivent avec nous dans la même cellule », s’est plainte Fatima, ajoutant qu’elle était agacée de vivre avec « ces garnements ».

Contrairement aux autres enfants de Kaboul, Fatima et son frère sont privés d’éducation, car il n’y a pas d’école dans la prison de Pul-e Charkhi, le plus grand établissement carcéral d’Afghanistan.

« Je rêve de pouvoir aller à l’école comme les autres filles », a-t-elle déclaré.

En matière d’éducation, les perspectives de Fatima sont peu reluisantes. En l’absence d’un tuteur de sexe masculin en dehors de la prison, il est probable que les deux enfants restent avec leur mère jusqu’à sa libération en 2014. Il est inhabituel pour une jeune femme de vivre seule au sein de la société traditionnelle afghane.

Conformément au code pénal afghan, les enfants vivant avec un tuteur incarcéré doivent avoir accès à l’éducation.

« Six femmes et sept enfants vivent avec nous dans la même cellule »
En pratique, néanmoins, le pays ne peut appliquer cette disposition juridique compte tenu du manque de ressources, admettent les autorités.

Plus de 60 enfants vivent à l’heure actuelle avec des détenues de la prison de Pul-e Charkhi, a révélé à IRIN le ministère de la Justice (MJ), qui dirige les établissements carcéraux du pays.

Santé, nutrition, éducation

A l’heure actuelle, les enfants qui vivent en prison avec leurs parents sont soumis au même régime alimentaire que l’ensemble des prisonniers. Selon les responsables du MJ, trois repas par jour sont servis à la prison de Pul-e Charkhi, ce qui permet de couvrir les apports nutritionnels des adultes.

Néanmoins, selon un rapport publié en août par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le régime alimentaire imposé à la prison ne permet pas de satisfaire les besoins nutritionnels des enfants, en pleine croissances physique et mentale.


Photo: Masooma Mohamadi/IRIN
Les enfants sont privés d'éducation et d'autres services dans la prison de Pul-e Charkhi
Le rapport, intitulé Afghanistan: Female Prisoners and Their Social Integration [Afghanistan : Les femmes détenues et leur insertion sociale] souligne les problèmes des femmes enceintes qui, en plus des carences nutritionnelles, souffrent également du manque de soins de santé.

« Ils [les femmes détenues et leurs enfants] ne bénéficient pas de soins de santé spécialisés et n’ont pas accès à l’éducation, en raison de graves problèmes de ressources », peut-on lire dans le rapport.

Pour atténuer les difficultés rencontrées par les enfants incarcérés, une organisation non-gouvernementale (ONG) locale, le Centre éducatif des femmes afghanes (AWEC), a ouvert une école maternelle dans la prison de Pul-e Charkhi où les enfants reçoivent une éducation préscolaire destinée à renforcer leurs aptitudes cognitives.

L’AWEC dispense également des services de santé de base aux femmes enceintes et aux enfants atteints d’affections bénignes. Toutefois, il ne faut pas compter indéfiniment sur les services de cette ONG puisqu’elle dépend des subventions des bailleurs, selon certains observateurs.

« Les recherches effectuées indiquent en outre que les enfants de mères détenues risquent également d’être incarcérés eux-mêmes à l’avenir »
L’impact psychologique

Selon les ONG qui opèrent dans la prison de Pul-e Charkhi, et préfèrent conserver l’anonymat compte tenu du caractère délicat de leur travail, presque tous les enfants ont été psychologiquement affectés par le milieu carcéral.

« Ils [les enfants] ne se concentrent pas à la maternelle et présentent des signes manifestes d’obsession », a rapporté un travailleur humanitaire qui travaille auprès des enfants de la prison.

Les conclusions de l’ONUDC confirment l’existence d’un certain nombre de problèmes, posés par le milieu carcéral et considérés comme impropres à l’éducation des enfants, et notamment à leur santé et à leurs développements social, éducatif et émotionnel.

« Les recherches effectuées indiquent en outre que les enfants de mères détenues risquent également d’être incarcérés eux-mêmes à l’avenir », selon le rapport.

L’Afghanistan nécessite d’amples ressources, des réformes institutionnelles et juridiques et une aide internationale généreuse, pour mettre un terme aux privations et aux souffrances des enfants des prisons.

Certaines ONG, telles que l’AWEC, recommandent l’adoption de mesures juridiques en vue d’interdire l’incarcération des femmes enceintes, au moins jusque six mois après l’accouchement, sauf en cas de crime extrêmement grave.

D’autres appellent la communauté internationale des bailleurs à aider les autorités afghanes à équiper la prison de Pul-e Charkhi et les autres grands établissements carcéraux du pays d’écoles, de nurseries et d’autres installations attenantes.

ad/cb/nh/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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