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La région progresse en matière d’enrichissement alimentaire

Dans le monde, depuis près d’un siècle, certains aliments sont enrichis en nutriments de base indispensables à la vie ; aujourd’hui seulement, l’Afrique de l’Ouest ouvre la voie au déploiement de cette technique salvatrice sur le continent africain, bien que selon les experts, il ne s’agisse là que d’un petit élément de la lutte contre la sous-nutrition.

« L’Afrique de l’Ouest a fait plus de progrès en matière d’enrichissement des aliments de base que toute autre région du continent, à l’exception peut-être de l’Afrique du Sud », a estimé Shawn Baker, directeur de la section Afrique de l’Ouest de l’organisation non-gouvernementale Helen Keller International (HKI).

Néanmoins, « il importe de ne pas surestimer [cette technique] », a-t-il souligné. « L’enrichissement des aliments à grande échelle ne résoudra pas tous les problèmes de la région, mais les taux de carences sont extrêmement élevés en Afrique de l’Ouest et je pense que les programmes à grande échelle tels que celui-ci contribuent malgré tout à une réduction globale [desdites carences] ».

De fortes carences

Les carences en vitamine A, en fer, en iode et en zinc se traduisent par une plus grande mortalité infantile et maternelle, des retards de croissance, des handicaps mentaux irréversibles, et un développement économique considérablement réduit. L’enrichissement d’aliments et de condiments de base en micronutriments fait partie des stratégies clés qui permettent de maîtriser la malnutrition en micronutriments.

Contrairement à d’autres stratégies, telles que la supplémentation, la priorisation de la diversification alimentaire et les interventions de santé publique, l’enrichissement des aliments est réalisé par les industries alimentaires du secteur privé.

« Utiliser des ressources issues du secteur privé pour contribuer à traiter un problème du ressort du secteur public permet de consacrer les ressources du secteur public aux personnes qui en ont le plus besoin », a expliqué M. Baker.

Des débuts balbutiants

L’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), l’organisme sanitaire officiel de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), travaille en collaboration avec l’Initiative micronutriments et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dans la sous-région depuis plusieurs années, en vue de promouvoir l’enrichissement des aliments.

La CEDEAO, organe régional, a mis la priorité sur l’enrichissement du sel en iode. L’année dernière, l’OOAS, entité composée de ministres de la Santé des Etats membres de la CEDEAO, a recommandé que toutes les huiles de cuisson produites et consommées dans la région soient enrichies en vitamine A, et que toutes les farines soient enrichies en acides foliques et autres nutriments. La CEDEAO devrait approuver cette recommandation.

« Au début, parce qu’il y avait un travail de sensibilisation à faire, il a été long de faire adhérer l’industrie au concept, d’améliorer le cadre juridique et, si nécessaire, de trouver des financements », a expliqué M. Baker, de HKI. « Il aura fallu du temps pour surmonter l’écart global entre les différentes vitesses auxquelles voulaient aller le secteur public et le marché privé ».

En mai 2007, les sociétés de production d’huiles de cuisson des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) – le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo – ont conclu un partenariat en vue de produire des huiles enrichies en vitamine A. Selon les estimations de M. Baker, ce projet pourrait permettre à lui seul de sauver la vie de 100 000 enfants.

D’ici au mois d’octobre, la farine de blé enrichie en acide folique commencera à être produite par tous les moulins à farine du Ghana, dans le cadre d’une collaboration entre le secteur privé et le ministère ghanéen de la Santé. Comme ce sera le cas au Ghana, en Guinée, la farine est déjà enrichie.

Le Nigeria

Le Nigeria, qui compte plus de 130 millions d’habitants et représente à lui seul près de la moitié de la population de la zone CEDEAO, est également « en train de finaliser » les dispositions prises en vue de généraliser l’enrichissement alimentaire.

Le Nigeria enrichit déjà une partie de la farine, du maïs et du sucre produits et traités sur place. En juin de cette année, l’UNICEF a annoncé que 98 pour cent des habitants du Nigeria ont aujourd’hui accès au sel enrichi, contre 40 pour cent dans les années 1980.

« En deux mots, nous sommes très enthousiasmés par les développements observés en Afrique de l’Ouest jusqu’à présent », s’est félicité Larry Umunna, directeur de la section Afrique de la Global Alliance for Improved Nutrition (GAIN) [Alliance mondiale pour une amélioration de la nutrition], une organisation axée sur l’enrichissement des aliments.

« Il reste encore beaucoup à faire mais, à l’heure qu’il est, nous sommes heureux des développements observés dans les différents pays ».

Sceptique

David Sahn, un économiste spécialisé dans l’étude des liens existant entre la pauvreté et la malnutrition à l’université Cornell, est néanmoins sceptique quant à la perspective d’une amélioration majeure de la nutrition en Afrique de l'Ouest, malgré les progrès réalisés en matière d’enrichissement alimentaire.

« Certaines carences en nutriments peuvent être traitées, comme l’iode ou le fer, et il ne fait nul doute que, si les mécanismes de livraison sont économiquement et institutionnellement viables, ils doivent être mis en place », a-t-il poursuivi. « Mais [l’enrichissement alimentaire] n’a aucun impact sur les caractéristiques fondamentales de la sous-nutrition en Afrique, à savoir les pénuries de nourriture de qualité, de protéines variées et de toute la gamme des nutriments.

Tant que les problèmes sous-jacents que sont la pauvreté et les privations ne seront pas traités, l’enrichissement des aliments permettra au mieux d’intervenir en marge des problèmes importants, mais pas de traiter les causes fondamentales de la faim et des privations dont nous parlons ».

M. Baker, de HKI, a également souligné la nécessité de continuer à s’intéresser aux problèmes nutritionnels plus vastes qui touchent la région, et particulièrement aux populations les plus marginalisées et souvent vulnérables des villes et des campagnes, si pauvres qu’elles ne se nourrissent que de produits qu’elles font pousser elles-mêmes et ne seront donc pas touchées par la commercialisation de denrées alimentaires améliorées.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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