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Liberté retrouvée pour les infirmières et le médecin bulgares

Après huit ans de négociations et d’intenses pressions diplomatiques, les six soignants bulgares condamnés à mort en Libye pour avoir « volontairement inoculé » le VIH à plus de 400 enfants libyens ont été extradés le 24 juillet vers la Bulgarie où le chef de l’Etat les a immédiatement graciés.

Arrivés dans la matinée à Sofia, la capitale bulgare, à bord d’un avion du gouvernement français, en compagnie de Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne chargée des Relations extérieures et de Cécilia Sarkozy, l’épouse du président français, les cinq infirmières et le médecin palestinien naturalisé bulgare, ont été accueillis dans la joie et le soulagement par leurs familles et par le président bulgare Gueorgui Parvanov, qui leur a accordé la liberté.

« Je n'ai vécu que pour ce moment », a dit à l’agence AFP Snejana Dimitrova, l’une des infirmières âgée de 54 ans, les larmes aux yeux et entourée de ses deux enfants.

Les six praticiens, accusés d’avoir inoculé le VIH à 438 enfants, dont 56 sont décédés, à l’hôpital de Benghazi, dans le nord de la Libye, en 1998, et condamnés deux fois à la peine capitale, étaient détenus à Tripoli, la capitale libyenne, depuis 1999.

Plusieurs expertises internationales ont prouvé que la propagation du virus à l’hôpital de Benghazi était antérieure à l’arrivée des cinq infirmières et du médecin et ont attribué la contamination aux mauvaises conditions d’hygiène qui prévalaient à l’hôpital, mais les autorités libyennes ont toujours rejeté ces conclusions.

Après des années de négociations et suite au versement d’une compensation d’un million de dollars à chaque famille de victime contre leur renoncement à toute poursuite judiciaire, la justice libyenne a commué le 17 juillet la condamnation à mort en réclusion criminelle à perpétuité, ouvrant la voie à une extradition des six professionnels qui ont toujours clamé leur innocence, en vertu d’un accord signé en 1984 entre la Libye et la Bulgarie sur l’échange de prisonniers.

Dans un communiqué conjoint, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président français Nicolas Sarkozy se sont « félicités de l’accord qui a enfin permis cette libération... ainsi que de la mise en place d’un dispositif amélioré pour assurer les soins délivrés aux enfants victimes du sida en Libye ».

Le communiqué a salué « le geste d’humanité de la Libye et de son plus haut dirigeant [le président libyen Moammar Kadhafi] » et rendu hommage, sans plus de détails, au rôle de médiation joué par l’émir du Qatar dans ce dossier.

Suggérant qu’un « geste humanitaire » du Qatar avait eu un impact dans la libération des six condamnés, M. Sarkozy a affirmé que « ni l’Europe ni la France n’[avaient] versé la moindre contribution financière » pour obtenir l’extradition des six praticiens.

Un document engageant l’Union européenne à une normalisation de ses relations avec la Libye a été signé à Tripoli par Mme Ferrero-Waldner, selon une source européenne citée par l’agence Reuters.

Qualifiant la libération des infirmières et du médecin de « décision humanitaire », Mme Ferrero-Waldner a confirmé que cela allait « ouvrir une voie à une relation nouvelle et améliorée entre l’Union européenne et la Libye, et renforcera nos liens avec la région méditerranéenne et l'Afrique tout entière ».

Le document signé à Tripoli « couvre tout », selon la source européenne, qui a cité « le commerce, l'archéologie, l'immigration illégale, les bourses aux étudiants et la question des visas ». 

Le réseau de pression « Sortir du nucléaire », cité par Reuters, a affirmé qu'un accord avait été conclu avec la Libye sur le nucléaire civil, accusant le président Sarkozy de s'être livré à un « troc nucléaire injustifiable » en proposant au colonel Kadhafi de la technologie « en échange des infirmières bulgares » -des accusations que le président français a rejetées affirmant que cela n'avait « absolument rien à voir ».

Interrogé sur la chaîne française d’informations LCI, le professeur français Luc Montagnier, co-découvreur du VIH et auteur de l’une des expertises internationales ayant innocenté les professionnels, a salué leur libération et estimé qu’il fallait maintenant « aussi penser aux enfants [libyens] qui ont été infectés, qui sont vivants et qu’il faut garder en vie ».

mj/ail

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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