1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Iraq

Les enfants irakiens traumatisés souffrent de troubles psychologiques

Depuis deux mois, Obeid Jaafar Khalifa, 52 ans, s’inquiète de savoir comment il réussira à s’occuper des quatre enfants de son frère défunt. M. Khalifa a déjà ses six enfants à charge.

« Au total, j’ai dix enfants à nourrir en plus de mon épouse et moi-même », a expliqué M. Khalifa, qui travaille au ministère irakien de l’Agriculture.

Il a pris en charge les enfants lorsque leurs parents ont été tués dans un attentat à la voiture piégée, il y a cinq mois. Le cas des neveux de M. Khalil met en exergue le sort des enfants rendus orphelins par les violences perpétrées en Irak. Selon le bulletin publié la semaine dernière par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur le sort des enfants irakiens, le nombre d’orphelins de la guerre est en hausse en raison du nombre de décès élevé au sein de la population civile.

L’UNICEF est de plus en plus préoccupé de constater que le nombre d’enfants vulnérables en Irak a surpassé la capacité du pays à s’occuper d’eux.

« Sous pression maximale »

« Déjà sous pression maximale, les familles qui doivent s’occuper d’enfants ayant perdu un ou leurs deux parents sont incapables d’assumer des fardeaux supplémentaires. Et un grand nombre des travailleurs sociaux qualifiés d’Irak quittent le pays », selon le rapport.

« Des milliers, sinon des dizaines de milliers d’enfants auront perdu au moins un parent. Et si les violences se poursuivent au niveau actuel, un nombre encore plus élevé d’entre eux perdront un parent en 2007 », a révélé l’UNICEF, se fondant sur le bilan 2006 des pertes civiles publié par les Nations Unies, qui fait état de près de 100 décès de civils par jour.

« Ces enfants seront automatiquement privés de leurs droits et risquent de se livrer à des formes de travail potentiellement préjudiciables », a expliqué Kholoud Nasser Mohsen, un chercheur en affaires de la famille et de l’enfance, affilié à l’université de Bagdad. « Entre 60 et 70 pour cent des enfants irakiens d’Irak souffrent de problèmes psychologiques et leur avenir ne s’annonce pas radieux », a ajouté M. Mohsen.

« Certains ont perdu leurs parents ou un membre de leur famille ; d’autres ont vécu des événements traumatisants ou ont été victimes de harcèlement sexuel », a poursuivi M. Mohsen.

Conséquences psychologiques

« Le conflit irakien a un impact psychologique grave et imperceptible sur les enfants et les jeunes, qui aura des conséquences à long terme », a averti Bilal Youssif Hamid, un pédopsychiatre de Bagdad.

« Etant donné le manque de ressources, l’impact social sera très lourd et les générations à venir, surtout celle-ci, seront agressives », a estimé M. Hamid.

Selon l’UNICEF, en Irak, la moitié des quatre millions d’habitants qui ont fui depuis 2003 sont des enfants. Bon nombre ont été tués à l’école ou dans la cour, et des gangs enlèvent fréquemment des enfants pour obtenir des rançons.
 
Depuis le début de l’année, M. Hamid a traité 310 enfants et adolescents souffrant de problèmes psychologiques, la plupart âgés de six à 16 ans. Au cours des douze derniers mois, il a constaté quelque 750 cas de ce type.

Etude de l’OMS

L’année dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mené une étude auprès de 600 enfants âgés de trois à 10 ans, à Bagdad : 47 pour cent d’entre eux ont été exposés à un événement traumatique majeur au cours des deux dernières années.

Dans ce groupe, 14 pour cent des enfants présentaient des symptômes de trouble de stress post-traumatique. Au cours d’une seconde étude, menée auprès de 1 090 adolescents de Mosul, une ville du nord du pays, 30 pour cent des adolescents interrogés présentaient des symptômes liés à ce trouble.

Beaucoup d’enfants traités par le docteur Hamid ont été les témoins de massacres. Ces enfants souffrent d’angoisse et de dépression. Certains ont des cauchemars récurrents et urinent au lit. D’autres ont des difficultés d’apprentissage à l’école.

sm/at/cb/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join