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L’enquête sur des abus présumés au point mort

Deux mois après la décision du Parlement de créer une commission d’enquête sur des violations présumées des droits humains commises par les forces de sécurité au début de l’année, les experts juridiques, les défenseurs des droits humains et les syndicats demandent pourquoi les investigations n’ont pas encore démarré.

« Le fait que cela prenne tant de temps à se mettre en place soulève de sérieuses questions sur la volonté politique de rendre compte des abus qui ont eu lieu », a estimé Dustin Sharp, chercheur pour l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).

La Guinée est encore sous le choc des manifestations et des grèves au cours desquelles les manifestants qui appelaient à la destitution du président Lansana Conte ont affronté l’armée et la garde présidentielle.

Parmi les 137 personnes tuées par les soldats se trouvent plusieurs enfants. Près de 2 000 personnes ont été blessées.

Des défenseurs des droits humains et des leaders syndicalistes ont fait pression pour la mise en place d’une enquête indépendante sur les tueries, les passages à tabac et autres abus qui auraient été perpétrés par les forces de sécurité.

Le Parlement guinéen a unanimement voté une loi le 18 mai pour la création d’une commission nationale indépendante qui se pencherait sur la violence et les autres affrontements similaires de juin 2006, mais le président Lansana Conté n’a pas toujours pas promulgué cette loi.

Les experts juridiques soulignent que les autorités n’ont pas fourni d’information sur le statut de la commission. Un fonctionnaire du ministère de la Justice a dit à IRIN que le gouvernement attendait que le Président agisse.

« Pour que cette commission soit mise en place, le président doit promulguer la loi adoptée par l’Assemblée nationale », a dit un conseiller du ministre de la Justice, Mohamed Aly Thiam.

Pourtant, un des experts a dit à IRIN que selon la loi guinéenne, si un acte voté par le Parlement n’était pas signé par le Président dans les 10 jours qui suivaient, il était promulgué automatiquement.

Pression internationale

Le président de l’association du barreau, Boubakar Sow, a dit que la pression internationale avait permis à la loi d’être votée et qu’il faudrait la même chose pour que l’investigation démarre.

« Rien ne se produit ici sans pression internationale » a-t-il dit, « si nous n’avons pas le soutien de la communauté internationale [l’enquête] ne va jamais, jamais, jamais avoir lieu ».

Les dirigeants syndicalistes qui ont mené les manifestations dans lesquelles les forces de sécurité sont accusées d’avoir usé de la violence ont envoyé une lettre ouverte au Premier ministre Lansana Kouyaté le 3 juillet, l’accusant d’«avoir fait des déclarations à la population qu’il n’a pas respectées ».

La demande d’un des syndicats était qu’ils s’engagent devant les Guinéens sur une date de promulgation de la commission d’enquête nationale.

Dans un rapport du mois dernier, l’organisation de défense des droits humains Amnesty International a affirmé qu’au cours des violences de janvier et février, les forces de sécurité Guinéennes, et en particulier l’armée, avait fait « un usage excessif d’armes mortelles, en tirant sur des gens qui n’étaient pas armés, en pénétrant dans des domiciles privés et en tuant ou en blessant leurs habitants ».

Les défenseurs des droits humains disent qu’il est impératif de mettre fin à l’impunité pour que la Guinée soit stabilisée et que son économie se relève.

« C’est l’impunité qui a finalement été fatale à la Guinée », a dit M. Sharp, de HRW. « Autant que la remise en état de la santé, de l’éducation et d’autres institutions, le combat contre l’impunité sera fondamental pour remettre la Guinée sur pied ».

np/nr/cb/dh/mj/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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